• Couler l’École publique avec de bonnes idées | Laurence De Cock
    https://blog.agone.org/post/2020/10/05/Ecole-publique

    Au détour du projet de loi sur le « séparatisme », dans sa pêche aux voix de droite, catholiques, conservatrices et d’extrême droite, le gouvernement Macron annonce des mesures renforçant la scolarisation obligatoire. « Liberticide ! », crient les partisans de l’instruction à domicile et de l’école privée… Source : Agone

  • Malheureux comme Orwell en France (II) Qui veut tuer son maître l’accuse de la rage - Thierry Discepolo, éditions Agone
    https://blog.agone.org/post/2020/09/06/Malheureux-II

    « En 1996 – puis encore une fois en 2002 –, écrivait Simon Leys en 2006, d’indécrottables staliniens lancèrent puis exploitèrent une rumeur selon laquelle Orwell n’aurait été qu’un vil indicateur de police. » Treize ans après, sans qu’aucune nouvelle pièce à charge n’ait été apportée au dossier, la même rumeur est exploitée aux mêmes fins par le même genre d’individu.

    Dans le « Courrier des lecteurs » du Monde diplomatique de septembre 2019, « l’historienne Annie Lacroix-Riz a souhaité réagir à l’article de Thierry Discepolo, “L’art de détourner George Orwell”, paru en juillet ». Autant de malversations, d’insinuations malveillantes et d’erreurs en trois courts paragraphes, cela tient de l’exploit, que seule pouvait accomplir une ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée d’histoire, docteur ès lettres et professeure émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII-Denis Diderot.

    À quoi notre très distinguée historienne a-t-elle souhaité réagir ? Au fait que j’ai commis un « vibrant plaidoyer pour cet “homme de gauche” ». Ce qu’Orwell ne serait pas. Mais alors, pas du tout. Pourquoi ça ? Parce que, « en 1996, The Guardian révéla qu’il avait livré, en 1949, une longue liste de noms de journalistes et d’intellectuels “cryptocommunistes”, “compagnons de route” ou “sympathisants” de l’URSS à l’Information Research Department » ; et qu’en prime la « “liste d’Orwell” est riche en remarques antisémites, anti-Noirs et antihomosexuels ».

    Autrement dit, Orwell n’est pas seulement un délateur mais également raciste, antisémite et homophobe. Une véritable ordure, quoi ! Il n’y a pas « maldonne », Orwell mérite donc bien d’avoir été « annexé par les néoconservateurs », conclut la procureure.

    Pour appuyer son propos, l’éminente historienne brandit les « révélations [qui] ont afflué depuis le pavé jeté dans la mare par la Britannique Frances Stonor Saunders », premier d’une série d’« ouvrages accablants ». On n’aura rien sur ces « révélations » mais un empilement de références. Quatre ouvrages « nourris d’archives stricto sensu », clame-t-elle. Aucun doute : Orwell est bel et bien de droite !

    Dans leurs livres, les historiens Richard J. Aldrich et d’Andrew Defty ne consacrent, pour le premier, qu’une page à Orwell, et, pour le second, trois courts paragraphes – chacun n’en accordant qu’un seul à sa « liste noire » 1. On ne trouve donc rien là qu’on ne trouve déjà, à ce sujet, chez Stonor Saunders.

    Notre tatillonne historienne inaugure un usage de la bibliographie qui relève plutôt de la chasse au Snark : « Je vous l’ai dit trois fois. Ce que je vous dis trois fois est vrai. »

    #George_Orwell #Annie_Lacroix-Riz #histoire

  • Revenir, toujours, sur l’évidence de la littérature
    https://blog.agone.org/post/2020/07/17/Edito

    Dès lors, la littérature se résume de plus en plus à une galerie de portraits en buste ou en gros plan, la tête penchée, devant un mur de livres, avec un air inspiré mais pas trop sévère, et bien sûr avec le nom de l’éditeur en bas de l’affiche. Des écrivains, les uns à côté des autres, qui « publient » des livres et qui ont des lecteurs. Une littérature avant tout définie par la griffe de l’éditeur, cette marque qui tend à se suffire à elle-même pour faire preuve de littérature sans considération pour les autres preuves possibles : est littérature un livre publié dans la collection littéraire d’un éditeur de littérature reconnu comme tel, sans qu’il soit nécessaire de préciser de quelle #littérature il s’agit.

  • Savoir et changer (I) - éditions Agone
    https://blog.agone.org/post/2020/07/15/Doblin-I

    Parmi les réactions suscitées par la publication de son roman Berlin Alexanderplatz en 1929, Alfred Döblin reçoit une lettre ouverte d’un étudiant, qui, en louant son sens de la justice et sa haine des dogmes, lui demande de les aider, lui et les jeunes gens de son âge, à s’y retrouver dans le fatras des idées contradictoires et des idéologies de leur époque. Döblin y répond par quinze « Lettres ouvertes à un jeune homme », publiées en 1931 dans un volume titré Savoir et changer. Il y défend un idéal d’émancipation et de liberté, affirmant combien les phénomènes politiques et économiques ne fonctionnent pas selon des lois inaccessibles à l’homme. Les passages qui suivent sont extraits de la première de ces lettres.


    #Alfred_Döblin #capitalisme #agone

  • La nef des fous, par Alain Acardo - éditions Agone
    https://blog.agone.org/post/2020/06/04/La-nef-des-fous

    Tout se passe comme si la corporation journalistique, à peu près totalement discréditée aujourd’hui aux yeux du grand public par son inconsistance intellectuelle et sa médiocrité morale, sautait sur l’occasion de redorer son blason. Dès que le malheur frappe à la porte du genre humain, il faut voir et entendre les rédactions « se mobiliser » au service de leurs semblables ! Des milliers d’hommes et de femmes, habituellement confinés dans leurs confortables sacristies de presse, s’emparent de tous les moyens de communication que des affairistes milliardaires mettent à leur disposition pour entretenir dans les populations le niveau de conscience compatible avec les politiques économiques et sociales mises en œuvre par les gouvernements que ces mêmes milliardaires ont contribué à installer aux commandes, depuis que les peuples sont convertis à la religion du dieu Fric prêchée par Saint Ronald Reagan et Sainte Margaret Thatcher.

    Précédemment, du fait de la relative multiplicité des pouvoirs et des intérêts en concurrence dans le monde social et dans l’État lui-même, on pouvait capter des filets d’informations provenant d’une pluralité de sources. Les politologues prétendaient y voir l’expression du « pluralisme démocratique ».

    Mais l’une des particularités de l’épisode covid-19 aura été de ramener l’#information médiatique institutionnelle, tant publique que privée, à sa fonction essentielle de « voix-de-son-maître » : à cause, d’une part, de l’insuffisance des connaissances positives relatives à ce virus, et, d’autre part, du confinement, les équipes journalistiques ont dû se contenter de faire les seules choses qu’elles aient apprises, s’aligner sur les mêmes sources administratives officielles, suivre avec dévotion leurs agendas et relayer leurs instructions, contradictions et incohérences comprises. Pour pallier un peu la minceur de leur information factuelle, elles en ont rajouté, sans plus de mesure ou de discrétion, dans les seuls registres de l’émotionnel et du compassionnel, alternant approximations alarmantes et niaiseries rassurantes, s’érigeant avec un inlassable empressement en auxiliaires de parole, en nounous bêtifiantes, en psy pour attardés, en ardélions plus obsédants que les mouches sur des tartines.

    #journalisme #médias

  • Des verts et des pas mûrs - éditions Agone
    https://blog.agone.org/post/2020/06/08/Des-verts

    On ne saurait bien sûr en vouloir à ces journalistes, qui sont eux-mêmes de purs produits de l’élitisme petit-bourgeois issu des bonnes filières, de s’abstenir de mettre dans l’embarras leurs amis, collègues, pairs, condisciples ou conjoints de la branche écologique. Ils appartiennent aux mêmes fractions des classes moyennes et ils ont plus ou moins profondément incorporé la conviction que la société capitaliste est le cocon douillet à l’intérieur duquel ils gardent, eux et leurs descendants, une probabilité (qui va diminuant !) de se métamorphoser en papillons.

    Ces petits-bourgeois se sentent donc le devoir de conserver ce qui les conserve. D’où leur surdité et leur cécité obstinées à la réalité de leur condition commune véritable : ils sont fiers de passer pour des modérés, des civilisés non violents, des réformistes avec qui on peut dialoguer, entre hommes et femmes de bonne volonté, alors qu’en fait, ils ne sont rien d’autre que les auxiliaires de vie et les nurses du capitalisme. Ils ne se rendent absolument pas compte que leur réformisme est depuis longtemps une imposture, une pose et un refuge pour ne pas affronter la vérité des choses : il ne s’agit pas d’aller « corriger » le capitalisme, de redresser ses « erreurs », de mettre un terme à ses « dérives », de réduire ses « excès », mais de les extirper jusqu’à la racine, qui n’est pas seulement économique et politique, mais indissociablement anthropologique.