• La France devrait cesser d’exporter des armes à l’Arabie Saoudite et à l’Égypte
    Bénédicte Jeannerod | Directrice France | Human Rights Watch
    https://www.hrw.org/fr/news/2020/06/10/la-france-devrait-cesser-dexporter-des-armes-larabie-saoudite-et-legypte

    La semaine dernière, le gouvernement français a publié son dernier rapport au Parlement sur ses exportations d’armes [ https://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/exportations-d-armement-le-rapport-au-parlement-2020 ], décrivant ses ventes et transferts d’armes en 2019. Après le Qatar, l’Arabie Saoudite et l’Égypte sont les pays qui ont reçu le plus d’armes françaises en 2019 – pour des montants respectifs d’1,4 milliard et de 1,029 milliard d’euros. Mais fournir des armes à des pays impliqués de manière répétée dans de graves violations, y compris de possibles crimes de guerre, contredit la volonté de la France de jouer un rôle prépondérant dans la défense du droit international.

    Ces données illustrent les profondes contradictions de la diplomatie française : d’un côté elle fait de la défense du droit international humanitaire et de la question de la protection des civils dans les conflits l’une de ses top priorités ; de l’autre, elle continue de fournir des armes à l’Arabie Saoudite, malgré les graves violations, répétées et largement documentées, dont la coalition militaire qu’elle dirige au Yémen depuis 2015, avec des conséquences humaines et humanitaires catastrophiques pour les civils dans le pays.

    Que l’Égypte figure dans le trio de tête des plus gros acheteurs d’armes françaises est tout aussi choquant et désolant : Human Rights Watch a documenté les graves abus et crimes de guerre commis par l’armée égyptienne lors de ses opérations dans le nord-Sinaï. En outre, Amnesty International a documenté l’utilisation d’équipements français dans la répression sanglante de manifestations par les forces de sécurité égyptiennes dans les années récentes. Sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, l’Égypte endure la pire répression des droits fondamentaux depuis des décennies. (...)