Artemisia Gentileschi — Wikipédia

/Artemisia_Gentileschi

  • Artemisia Gentileschi (déjà évoquée plusieurs fois sur Seenthis)
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Artemisia_Gentileschi

    À dix-neuf ans, alors que l’accès à l’enseignement des Beaux-Arts, exclusivement masculin, lui est interdit, son père lui donne un précepteur privé, le peintre Agostino Tassi. Un scandale marque alors sa vie. Artemisia est violée par Tassi, employé à cette époque avec Orazio Gentileschi à la réalisation des fresques des voûtes du « pavillon des Roses », dans le palais Pallavicini Rospigliosi de Rome.
    Celui-ci promet d’abord de l’épouser pour sauver sa réputation, mais il ne tient pas sa promesse et le père d’Artemisia porte l’affaire devant le tribunal papal, il porte plainte le 9 mai 1611. L’instruction, qui dure neuf mois, de mars 1612 à novembre 1612, permet de découvrir que Tassi avait formé le projet d’assassiner l’amant de son épouse, avait commis un "inceste" (c’était appelé ainsi par le tribunal papal) avec sa belle-sœur, et voulu également voler certaines peintures d’Orazio Gentileschi. Pendant le procès, Artemisia est soumise à un humiliant examen gynécologique et soumise au supplice des "sibili" pour vérifier la véracité de ses accusations. Ce moyen de torture est le fait de faire passer une corde entre les doigts de la personne torturée, pour ensuite serrer très fort la corde au risque de briser les os. Tous les témoins du procès ont dû se soumettre à la torture afin que la justice puisse s’assurer que les témoins n’avaient pas été achetés. Agostino Tassi en avait acheté plusieurs, dont un qui avait résisté à la torture. La peintre résiste à la torture et maintient ses accusations. Tassi est condamné à un an de prison le 28 novembre 1612 et à 5 ans d’exil des États pontificaux4.

    Les actes du procès, dont l’exhaustivité des documents et témoignages a été conservée, frappent par la crudité de la relation des faits énoncés par Artemisia et par le caractère inquisitorial des méthodes du tribunal. Leur lecture à la lumière des thèses féministes de la seconde moitié du xxe siècle a eu une grande influence sur l’analyse de la personnalité d’Artemisia Gentileschi.

    Témoignage d’Artemisia lors du procès, quand bien même cet événement donna lieu à de nombreuses rumeurs5[source insuffisante] :
    « Il ferma la chambre à clef et après l’avoir fermée il me jeta sur le bord du lit en me frappant sur la poitrine avec une main, me mit un genou entre les cuisses pour que je ne puisse pas les serrer et me releva les vêtements, qu’il eut beaucoup de mal à m’enlever, me mit une main à la gorge et un mouchoir dans la bouche pour que je ne crie pas et il me lâcha les mains qu’il me tenait avant avec l’autre main, ayant d’abord mis les deux genoux entre mes jambes et appuyant son membre sur mon sexe il commença à pousser et le mit dedans, je lui griffai le visage et lui tirai les cheveux et avant qu’il le mette encore dedans je lui écrasai le membre en lui arrachant un morceau de chair. »
    -- Eva Menzio, Artemisia Gentileschi, Lettres précédées par les Actes d’un procès de viol, Milan, 2004.

    La toile, conservée au musée Galerie des Offices (Galleria degli Uffizi), qui représente Judith décapitant Holopherne (ca.1612-16146), impressionnante par la violence de la scène, a été interprétée comme un désir de revanche par rapport à la violence subie.