« La décentralisation sert de réponse magique à chaque crise »

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    Ce qu’elles ont en commun, c’est que ce sont des représentations qu’on offre à l’opinion publique pour lui faire croire qu’elle peut s’attendre à des jours meilleurs. Avant, on nous expliquait que la mondialisation provoquait certes des problèmes comme la désindustrialisation ou le dumping social et environnemental, mais qu’après une période d’ajustement, elle bénéficierait à tout le monde : les normes sociales étaient censées s’équilibrer et être relevées dans les pays à bas coût de main d’œuvre, l’optimisation de la production allait rendre tout le monde gagnant, on allait avoir des économies d’échelle dans les processus de fabrication, on gagnerait en pouvoir d’achat… On entendait cela il y a 20 ou 30 ans, mais aujourd’hui plus personne n’y croit. Des personnes sont effectivement sorties de l’extrême pauvreté dans les pays du Sud, mais le prolétariat des pays à bas coût de main d’œuvre reste toujours largement sous-payé, avec une pression sur l’environnement terrible. Et le chantage aux délocalisations fait qu’on continue, par ailleurs, à mettre la pression sur les salariés dans les pays du Nord sans arriver à contraindre les entreprises à respecter les règles environnementales.

    Il faut donc trouver une autre perspective pour un futur un minimum désirable… et les options ne sont pas nombreuses : soit on démondialise à travers une politique de rupture avec les mécanismes de la mondialisation ; soit on préserve les fondements de la mondialisation en « donnant le change » avec autre chose. C’est ce qui se passe aujourd’hui : cette autre chose, c’est le localisme. Il s’agit d’affirmer que l’économie mondiale ne peut pas être changée du jour au lendemain mais qu’on peut, en revanche, faire des petites choses différemment au niveau local. Ce discours s’appuie certes sur une réalité, car on a effectivement des actions possibles en matière de cadre de vie, d’investissement politique local ou de circuits courts alimentaires, mais ce sont des exceptions à une règle de libre échange qui reste basée sur le productivisme et la division internationale du travail.