La moitié des pubs alimentaires vues par les enfants sont pour des produits mauvais pour la santé

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  • La moitié des pubs alimentaires vues par les enfants sont pour des produits mauvais pour la santé
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/26/la-moitie-des-publicites-alimentaires-vues-par-les-enfants-concerne-des-prod

    Selon l’agence, les annonces pour des produits affichant un Nutri-Score D et E – les plus gras, salés et sucrés, selon cet outil qui évalue la qualité nutritionnelle des aliments sur une échelle de A à E – représentaient, en 2018, « 53,3 % des publicités alimentaires vues par les enfants, 52,5 % de celles vues par les adolescents, et 50,8 % des réclames vues par les adultes ». Un constat inquiétant quand surpoids et obésité demeurent à un niveau élevé en France – 17 % des enfants de 6 à 17 ans sont en surpoids, selon la dernière étude nationale sur le sujet en 2015, parmi lesquels 4 % sont en situation d’obésité (une prévalence que le gouvernement veut faire réduire de 20 % d’ici à 2023).

    Cette enquête montre l’inefficacité des mesures de régulation publicitaire prises ces dernières années, à commencer par la loi Gattolin du 20 décembre 2016. Celle-ci interdit les annonces dans les programmes jeunesse des chaînes publiques… qui représentent moins de 1 % du temps d’écran des enfants.

    La moitié des publicités pour les produits gras, salés et sucrés sont en réalité vues entre 19 heures et 22 heures, à l’heure du prime time, quand plus de 20 % des enfants et des adolescents sont devant leur écran. SPF calcule qu’en 2018, les 4-17 ans ont vu en moyenne seize réclames par semaine pour des produits ayant un Nutri-Score D ou E.

    La télévision reste, en 2018, le média le plus regardé par les enfants de 4 à 12 ans (1 h 28 en moyenne par jour). Cette durée a toutefois diminué depuis 2012 (53 minutes par jour) au profit d’Internet. Chez les adolescents, les rapports s’inversent : ils passent 2 heures par jour sur Internet, principalement à regarder des vidéos et sur les réseaux sociaux, contre 1 h 12 devant la télévision (en recul de 42 minutes par rapport à 2012). Pourtant, constate SPF, malgré la baisse du temps passé devant la télévision, le temps quotidien de publicités vues par les 4-17 ans a augmenté entre 2012 et 2018, de 7 minutes à 9 minutes par jour.

    L’étude de SPF ne permet pas d’évaluer le poids des publicités en ligne, qui n’ont pu être analysées faute de données exploitables, mais elle n’élude pas l’enjeu numérique. « L’augmentation du temps passé sur Internet par les enfants et les adolescents laisse augurer une exposition bien plus massive aux publicités pour les produits gras, sucrés et salés », écrit SPF. D’autant que la période de confinement au printemps a fait grimper le temps d’écran et la sédentarité.
    « Environnement obésogénique »

    « Aujourd’hui, les preuves de l’impact du marketing alimentaire s’accumulent, souligne Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité alimentation et activité physique à SPF. Cela agit sur les préférences gustatives des enfants, sur le choix de certaines marques et produits, et entraîne à court terme une prise alimentaire plus élevée. » Des travaux scientifiques ont notamment montré que les enfants et adolescents étaient plus perméables au discours publicitaire. « Ils sont en moindre capacité de discerner l’objectif marketing », poursuit Mme Serry.

    Pour SPF, cette imprégnation publicitaire dans laquelle baignent les jeunes participe à créer un « environnement obésogénique ».

    « Malgré les annonces des industriels qui disent s’autoréguler et malgré la diminution du temps passé devant la télévision, les enfants et les adolescents voient toujours autant de publicités pour des aliments gras et sucrés », insiste Anne-Juliette Serry. SPF demande que les publicités pour ces aliments soient interdites sur les tranches horaires les plus regardées par les enfants, c’est-à-dire le prime time.
    Demandes convergentes

    Une demande qui trouve un nouvel écho avec le rapport remis dimanche 21 juin au gouvernement par la convention citoyenne pour le climat, dont une des mesures vise l’interdiction des publicités pour ces aliments les moins sains.

    « Il y a un alignement total de différents points de vue, souligne Camille Dorioz, de l’ONG Foodwatch. L’OMS prône un encadrement plus strict de la publicité alimentaire depuis de nombreuses années ; la Cour des comptes appelle à plus de régulation ; on a une proposition portée par des citoyens tirés au sort, qui reprennent une demande de plusieurs ONG ; et là, une agence de santé publique enfonce le clou. »

    #Publicité #Alimentation #Santé_publique