La France suspend sa participation à une opération de l’OTAN en Méditerranée après des tensions avec la Turquie

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  • La France suspend sa participation à une opération de l’OTAN en Méditerranée après des tensions avec la Turquie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/07/01/la-france-suspend-sa-participation-a-une-operation-de-l-otan-en-mediterranee

    La France veut obtenir un soutien plus franc de l’alliance dans ses frictions avec la Turquie, qui se multiplient dangereusement depuis des mois.
    La France va se retirer temporairement de l’opération de sécurité maritime de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Méditerranée, jusqu’à l’obtention de réponses à des « demandes » concernant ses frictions avec la Turquie, a fait savoir, mercredi 1er juillet, le ministère français des armées.

    En attendant d’avoir obtenu satisfaction, « nous avons décidé de retirer temporairement nos moyens de l’opération “Sea Guardian” », a expliqué le ministère lors d’un point presse, dans un contexte de fortes tensions entre Paris et Ankara depuis plusieurs mois, en particulier autour du conflit libyen.

    • L’escalade se poursuit entre la France et la Turquie
      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/07/01/l-escalade-se-poursuit-entre-paris-et-ankara_6044870_3210.html

      La France a annoncé mercredi 1er juillet son retrait temporaire de l’opération de surveillance de l’OTAN en Méditerranée « Sea Guardian », qu’elle appuyait avec un avion de patrouille maritime et une frégate. Avec cette décision transmise mardi 30 juin par l’ambassadrice française au secrétaire général de l’Alliance à Bruxelles, Paris entend « mettre un coup de projecteur sur l’ambiguïté fondamentale d’une opération antitrafics dans laquelle il y a des trafiquants », en l’occurrence les Turcs, a précisé le ministère des armées.

      L’escalade entre les deux alliés se poursuit, après les déclarations lundi du président français, Emmanuel Macron, évoquant la « responsabilité historique et criminelle » de la Turquie en Libye. En violation de l’embargo sur les armes, Ankara y livre des équipements au gouvernement d’accord national de Faïez Sarraj et achemine des milliers de mercenaires syriens. Face aux critiques, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, défend son « soutien à un gouvernement légitime reconnu par la communauté internationale » et reproche à Paris son appui au camp opposé de Khalifa Haftar, approvisionné lui aussi illégalement en armes par la Russie, les Emirats arabes unis et l’Egypte.

      Le 10 juin, devant la Libye, la frégate française Courbet, alors placée sous commandement de l’OTAN, avait été visée par les radars de tir d’une frégate turque, l’Orucreis, qui escortait un cargo soupçonné de transporter des armes vers Tripoli. Le 17 juin, la ministre Florence Parly a porté l’incident sur la table de l’OTAN, recevant le soutien public de huit alliés européens. Le secrétaire général, Jens Stoltenberg, a accepté une « enquête » sur ce que Paris dénonce comme un acte « extrêmement agressif ».

      Mais son rapport, classifié, a évité de pointer une faute turque en dépit des éléments de preuve que Paris affirme avoir fournis, notamment des interceptions de guerre électronique. « Il y a eu une hésitation, regrette le ministère français, qui s’explique par une habitude de nonchalance face aux écarts de conduite de la Turquie, dans une structure peu enthousiaste à l’idée de se confronter au problème. »

      « Violations répétées de l’embargo »
      Cette investigation « non concluante » a réjoui l’ambassadeur de Turquie à Paris, Ismail Hakki Musa, auditionné par la commission des affaires étrangères et des forces armées du Sénat mercredi matin. Le diplomate a nié l’intégralité des faits – « Tout cela n’existe pas » – et produit des documents qui ont laissé les spécialistes plus que sceptiques. « Ses photographies ? C’est comme si nous vous montrions les phares de la voiture pour prouver que nous n’avons pas klaxonné », a-t-on ironisé au ministère.