Alors grosse fatigue à lire l’omniprésente littérature geignarde anti-« dictature sanitaire » à sens unique.
Parce que certes on a un gouvernement autoritaire et incompétent, mais dans le même temps, on a la permanence écrasante des comportements j’temmerdistes qui rendent notre vie sociale impossible. C’est pas comme si c’était l’exception, l’abruti sans masque, les grandes embrassades, les cons qui ne veulent pas qu’on ouvre les fenêtres, etc. : c’est tout le temps, partout, et à chaque fois c’est fait avec ostentation et virilisme. Les types fiers d’être cons, c’est pas nouveau, mais en pleine pandémie, ça pourrit le fonctionnement même minimal de tous les autres.
Comme lu récemment : si tu ne veux pas être infantilisé, faudrait voir à pas te comporter comme un enfant. (Mais « nous, tout ce qu’on veut, c’est danser encore ».)
Je n’arrive pas à aller boire un verre le soir, parce qu’à côté, il y a les bandes de 12 abrutis qui propulsent bruyamment leurs glaires alentours. Je ne vais pas au cinéma, je n’y accompagnes pas les enfants, parce que je suis à 200% certain que tout le monde retire son masque dans le noir. Je crains les réunions sociales, parce qu’à un moment on va te faire remarquer que t’es parano avec ton masque. J’ai un mal fou à prendre le tram, parce qu’à chaque fois (à… chaque… fois…) il y a le gros con qui s’installe, masque sous le pif, avec l’air de défiance viril du type qui t’en collera une si tu lui demande de le porter correctement, alors qu’il s’assied à côté d’un couple de petits vieux. Je ne vais plus à mes cours de dessins depuis bientôt un an et demi, même quand c’était autorisé, parce que le port du masque était approximatif (et rester six heures dans une pièce avec des gens qui portent le masque couci-couça, c’est pas jouasse). Et c’est sans fin.
Et une fois qu’on a le vaccin, ça a été le déferlement de justifications pour expliquer qu’on ne se fera pas vacciner, parce que le gouvernement il est méchant. Et tu peux être certain que l’abruti qui refuse de porter correctement son masque dans le tram, c’est le même qui pense que le vaccin pour lui c’est pas la peine. Et évidemment que ce sont les non-vaccinés qui relancent l’épidémie, c’est comme ça que ça marche la statistique des épidémies : à l’école les enfants vaccinés seront tout de même contaminés par l’enfant de la famille d’anti-vax.
Bref : je déteste ce gouvernement, je déteste sa gestion sécuritaire et autoritaire de la crise sanitaire (et de tout en général), mais dans le même temps, ma vie sociale immédiate est largement interdite par la permanence, partout et tout le temps, des comportements dégueulasses qui ruinent les comportements responsables et solidaires de tous les autres.
La multiplication de ces textes, ça sonne comme si on se mettait à dénoncer la vaccination contre la poliomyélite, qu’on annonce fièrement qu’on va refuser de faire vacciner ses enfants, au motif que c’est un vaccin obligatoire et parce que le gouvernement a remis la légion d’honneur au préfet Lallement.