En France, « une vague de problèmes de santé mentale » se poursuit, en particulier « chez les plus précaires et jeunes »

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  • En France, « une vague de problèmes de santé mentale » se poursuit, en particulier « chez les plus précaires et jeunes »
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    La crise sanitaire n’est pas terminée et pourtant, nous constatons aujourd’hui des signes de relâchement, alors que les mesures drastiques prises par le gouvernement, en plein pic de l’épidémie, avec pour message la préservation de la vie à tout prix, ont été acceptées et même suivies à la lettre par la très grande majorité des Français.

    Le chercheur de l’Inserm à l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, Patrick Peretti-Watel, spécialiste de la sociologie du risque et de la santé, estime qu’il y avait alors un “consensus fragile”, que le confinement a eu de fortes répercussions, en termes de santé et de santé mentale en particulier, que son impact sur la population a été marqué aussi par un accroissement des inégalités sociales et que les comportements évoluent maintenant en fonction de l’âge et des modes de vie, les plus jeunes étant particulièrement confrontés à une forme "d’arbitrage intergénérationnel".

    La crise sanitaire n’est pas terminée. Le nouveau coronavirus continue à circuler et pourtant on observe un relâchement dans l’application des dits gestes barrières. Comment expliquer cette tendance, après une longue période de respect des injonctions ?

    Je pense que c’est d’autant plus compréhensible que les gens ont respecté justement avant, les injonctions préventives. Dans leur quotidien, l’épidémie, c’était le confinement. Le déconfinement, cela veut dire pour eux que, a priori, l’épidémie n’est pas forcément plus là, mais moins là. Les gens, ne serait-ce que parce qu’on les a autorisés à sortir de chez eux, se sentent moins exposés. Et puis ensuite, nous pourrions dire que la vie reprend ses droits. Même si le risque est toujours là, les gens vont arbitrer entre ce risque-là et d’autres risques.

    On a toujours tendance à oublier en santé publique le fait qu’il n’y a pas que la santé dans la vie, tout simplement, et qu’effectivement, de même que dans les années 80 et 90, on n’arrivait pas à comprendre pourquoi beaucoup de jeunes ne mettaient pas de préservatif pour avoir un rapport sexuel alors qu’ils risquaient d’être contaminés par le VIH, alors qu’il y avait, en fait, d’autres risques à prendre en compte pour eux : le risque de refus du partenaire, le risque de solitude affective..., de même aujourd’hui, on a aussi d’autres risques. Par exemple, il faut bien travailler pour vivre et nous l’avons vu aux Etats-Unis, où en particulier les gens qui ont un emploi précaire sont moins enclins à respecter les gestes barrières parce qu’ils ont plus besoin de s’exposer pour travailler et parce qu’il y a un risque aussi de ne pas ramener suffisamment d’argent chez eux à la fin de la semaine.

    Mais on peut aussi décliner cette notion de risque concurrent dans tous les autres domaines de la vie, que ce soit du point de vue affectif, social, amical, professionnel..., on est enclin à faire des arbitrages, on accepte de s’exposer à un risque d’infection au coronavirus parce que on veut éviter de perdre son emploi, de perdre ses amis, de trop déprimer à force de ne pas voir ses proches, etc.

    Et c’est d’autant plus vrai que le risque est très différencié puisque nous savons maintenant que tous les efforts déployés visent surtout à protéger les personnes vulnérables et en l’occurrence les personnes les plus âgées et les personnes qui sont déjà atteintes de maladies chroniques.

    Arbitrage sur fond d’ignorance, de propagande et d’injonctions contradictoires...
    #déconfinement #santé_mentale