La police des polices au secours de Taha Bouhafs

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  • La police des polices au secours de Taha Bouhafs
    Par Denis Courtine | Le 3 juillet 2020 à 16h29, modifié le 3 juillet 2020 à 18h31 - Le Parisien
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    L’un des pourfendeurs des violences policières disculpé par… la police. Drôle de victoire ce vendredi après-midi pour Taha Bouhafs. Le « journaliste militant » ou « engagé », comme il se définit, devait comparaître pour outrage et rébellion un an après son interpellation lors d’une manifestation de travailleurs sans-papiers qu’il couvrait à Alfortville (Val-de-Marne).

    Si le procès a une nouvelle fois été renvoyé, le prévenu est tout de même ressorti du palais de justice de Créteil avec le sourire. Et pour cause, à la demande de l’avocat de la défense, la présidente a lu le mail envoyé au tribunal par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), saisie après une plainte de Taha Bouhafs accusant lui-même de violences le fonctionnaire de la brigade anti-criminalité d’Alfortville. Ce courrier daté du 11 février fragilise considérablement l’accusation.

    Une accusation « incertaine » et « douteuse »

    Selon la police des polices, la procédure montée par leur collègue est « incertaine » et « douteuse ». Les vidéos récupérées « ne confirment pas d’outrage ». Elles montrent d’autre part que le fonctionnaire impliqué dans cette affaire ne porte « aucun signe distinctif » indiquant sa qualité.

    Bref, un mail qui « sonne le glas de la procédure », triomphe à la sortie de l’audience Arié Alimi, l’avocat de Taha Bouhafs. Et « pour une fois », de « remercier » la police des polices sous les applaudissements des supporters du prévenu. Drapeau de la CGT et du NPA à la main, ils étaient une soixantaine devant le palais de justice à réclamer la relaxe pour le « journaliste militant ».

    « Je ne céderai pas aux intimidations »

    Outre les députés de la France insoumise Eric Coquerel et Mathilde Panot, toujours en première ligne quand on évoque les violences policières, l’ancien footballeur Vikash Dhorasoo, proche lui aussi de la France insoumise, a dénoncé une « presse plutôt du côté du pouvoir ».

    « Je ne céderai pas aux intimidations », a clamé, de son côté, Taha Bouhafs qui a rappelé qu’il avait eu dans cette affaire « une épaule déboîtée » et s’était « fait frapper à plusieurs reprises au visage ».

    Le journaliste David Dufresne, qui compile depuis 2018 des tweets commençant invariablement par « Allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement » a, lui, estimé que Taha Bouhafs était « la relève de la profession ».
    La police se refuse à tout commentaire

    Côté police, on se refuse à commenter « une procédure toujours en cours ». Le procès est renvoyé au 8 janvier. Malgré ce fameux mail « apportant un éclairage différent sur l’affaire », selon ses termes, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) n’a pas encore terminé son enquête.

    Le 11 juin 2019, Taha Bouhafs avait été interpellé alors qu’il filmait une manifestation de travailleurs sans papiers devant la société Chronopost à Alfortville pour le média en ligne « Là-bas si j’y suis ».

    #violences_policières