« On ralentit le voyage, mais on ne l’empêche certainement pas »

/migrants-a-la-frontiere-italienne-on-ra

  • Migrants à la frontière italienne : « On ralentit le voyage, mais on ne l’empêche certainement pas »

    Depuis le déconfinement, les passages vers la France reprennent. Tous les jours, la police refoule des dizaines de migrants en Italie.

    Le « manège » a très vite repris. Passé la période de confinement, les gens se sont remis en mouvement. A la frontière franco-italienne, les personnes migrantes ont de nouveau entrepris de passer en France, par le train, en voiture ou en camion, essayant de tromper une surveillance policière rodée au « manège », donc. C’est, avec ironie, le terme que choisit un militant associatif pour désigner les va-et-vient qu’il observe ce mardi 7 juillet devant le poste de la police aux frontières (PAF) de #Menton (#Alpes-Maritimes). Il participe à une mission d’observation menée par plusieurs associations (Amnesty International, la Cimade, Médecins du monde, Médecins sans frontières et le Secours catholique) pour documenter les pratiques des autorités. Chaque jour, des migrants interpellés à leur arrivée en France sont conduits à la PAF puis refoulés quelques mètres plus loin, en Italie. Jusqu’à ce qu’ils retentent leur chance.

    Lundi, 38 personnes ont ainsi été renvoyées en Italie, et 45 le lendemain. Djilani (le prénom a été modifié) a été interpellé vers 17 heures lundi à la gare de Tende. Ce Tunisien a passé la nuit dans les locaux préfabriqués attenants à la PAF de Menton. Pourtant, jure-t-il à sa sortie, il ne souhaitait pas se rendre en France. « J’avais pris un train depuis Turin pour rendre visite à un cousin à Vintimille », dit-il. Se jouant des frontières, la voie ferrée serpente jusqu’à la côte méditerranéenne en traversant un bout de territoire français. Djilani a eu beau montrer son billet de train Turin-Vintimille aux policiers qui l’ont contrôlé, il a dû descendre à quai et s’est vu notifier un refus d’entrée sur le territoire. « Je travaille dans l’agriculture en Calabre depuis un an et demi et j’ai déposé une demande de régularisation le 2 juillet », proteste-t-il, documents à l’appui.


    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/07/08/migrants-a-la-frontiere-italienne-on-ralentit-le-voyage-mais-on-ne-l-empeche

    #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #Italie #frontières #France #Vintimille

    #paywall

  • Migrants à la frontière italienne : « On ralentit le voyage, mais on ne l’empêche certainement pas »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/07/08/migrants-a-la-frontiere-italienne-on-ralentit-le-voyage-mais-on-ne-l-empeche

    Depuis que l’Italie se déconfine, M. Marmo a vu arriver les migrants en provenance de Sicile ou, pour ceux ayant emprunté la route des Balkans, de Trieste. En revanche, depuis le 18 avril, dans le contexte de crise sanitaire, le camp de transit de la ville, ouvert par les autorités en 2016, n’accepte plus de nouveaux arrivants, les repoussant à la rue. Sur la plage de galets de la ville, une poignée de mineurs afghans se rafraîchissent au bord de l’eau. Arrivés il y a quelques jours, ils attendent une opportunité de passage. Parmi eux, Hotak Parvez. A 16 ans, le garçon a déjà travaillé cinq ans à Istanbul dans une usine textile, avant de prendre, seul, la route de l’Europe. Il a mis un an à rejoindre l’Italie. Désormais, il veut se rendre « là où on [lui] donnera des papiers ». Distribution de repas organisée sur un parking de Vintimille par l’ONG Kesha Niya Kitchen, le 6 juillet.Tous les soirs, l’ONG Kesha Niya Kitchen distribue des repas sur un parking de la ville et sous la surveillance rapprochée de la police italienne. Taoufik, originaire d’Algérie, n’a pas d’autre moyen pour se nourrir. Arrivé à Vintimille il y a cinq mois, il « aurai[t] dû aller en France direct, explique-t-il. A cause du coronavirus, [il est] resté et [a] fini par demander l’asile, mais [va] partir ». « Il n’y a pas de boulot ici », justifie-t-il. (...) A Vintimille, tous les migrants n’ont pas la frontière en ligne de mire. Certains espèrent autre chose ou n’espèrent plus rien. « Je vais finir par me suicider ici, prévient Muhammad Shafiq. J’ai cinq enfants et tous les jours ils m’appellent pour que je leur envoie de l’argent. » Ce Pakistanais de 45 ans a déjà vécu cinq ans en Allemagne mais, débouté de sa demande d’asile, il a déposé une nouvelle demande de protection en Italie, en mars. S’il est à Vintimille, c’est « parce qu’il y a un endroit où dormir », confie-t-il en désignant, au loin, un bâtiment de bureaux désaffecté, sans eau ni électricité." A l’intérieur, dans l’une des pièces occupées, un Nigérian de 24 ans demeure allongé sur un lit de camp. Le regard perdu dans le vague, il assure vivre à Vintimille depuis six ans. « Il passe ses journées au lit », dit Muhammad Shafiq. Lui se bat pour trouver du travail. « On nous propose que des boulots au noir payé cinq euros de l’heure », s’indigne-t-il. Il a brièvement cru à une issue lorsque le gouvernement italien a adopté un décret-loi en mai, dans le contexte de crise sanitaire, permettant de régulariser les personnes présentant un contrat dans l’agriculture ou l’aide à domicile. Mais il a rapidement été déçu. « Des employeurs nous demandent 10 000 euros pour signer un contrat », confie-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#france#italie#sante#droit#frontiere#routemigratoire