Covid-19 en Seine-Saint-Denis (2/2) : comment le système de santé accroît les inégalités

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    En Seine-Saint-Denis plus qu’ailleurs, le « virage ambulatoire » qui structure les politiques de santé depuis une quinzaine d’années a tout du mirage (Juven et al. 2019, p. 41). La réduction constante de l’offre de soins en médecine de ville, conjuguée à la sous-dotation du département en lits hospitaliers, voire à la réduction de leur nombre comme notre enquête à Rouvil l’a montré entre 2012 et 2016, affecte la prise en charge médicale de la population. Le cas de la Seine-Saint-Denis impose d’inclure « l’offre et la qualité des soins – c’est-à-dire la manière dont s’organisent le système de soins et les professions de santé » (Gelly et Pitti 2016, p. 9-10) dans l’analyse des inégalités de santé. Les patient·es des hôpitaux séquano-dionysiens, dont la précarité économique et sociale complexifie la prise en charge pour les professionnel·les du médico-social qui peuvent les juger comme de « mauvais » patients, sont souvent tenus pour « non rentables » dans une économie hospitalière désormais construite sur la distinction entre patient·es qui rapportent et patient·es qui coûtent.

    Le département cumule ainsi un triple handicap : moins de médecins, généralistes ou spécialistes ; moins d’hôpitaux et moins de lits ; mais aussi moins d’accès et de recours aux soins. Une proportion très élevée de personnes y bénéficie de la couverture maladie universelle (devenue en 2016 protection maladie universelle), qui vise à permettre aux personnes sans emploi ou aux chômeurs et chômeuses non indemnisé·es de bénéficier d’une couverture sociale, et plus encore de la CMU complémentaire, complémentaire santé pour les personnes à faibles revenus. Début 2016, 7 % des habitant·es de Seine-Saint-Denis bénéficient de la CMU/PUMA contre 3,7 % en Île-de-France ; 14,4 % de la CMU-c contre 7,5 % en Île-de-France. Or, une étude récente du Défenseur des droits a montré que la CMU comme l’Aide médicale d’État pour les patients étrangers sans titre de séjour occasionnaient chez de nombreux soignant·es des refus de soin (Chareyron et al. 2019). Qui plus est, nombre de patient·es n’ont tout simplement pas de couverture et ne peuvent payer une consultation ; beaucoup n’ont pas de mutuelle et ne peuvent avancer les frais médicaux.