ah bé c’est marrant, je venais juste d’enfin lire ya quelques heures le dernier chapitre de Sorcières, où @mona l’évoque à quelques pages de la fin :
Mais cet essentialisme, peut-on vraiment se satisfaire de le récuser, comme le fait par exemple Janet Biehl, qui fut proche du théoricien écosocialiste Murraya Mookchin ? Selon la philosophe Catherine Larrère, « pour libérer les femmes de la domination qui pèse sur elles, il ne suffit pas de déconstruire leur naturalisation pour les rapatrier du côté des hommes - celui de la culture. Ce serait ne faire le travail qu’à moitié, et laisser la nature en plan. La cause de la nature y perdrait, mais tout autant celle des femmes ». Les écoféministes, explique Émilie Hache, veulent pouvoir se réapproprier, investir et célébrer ce corps qui a été diabolisé (c’est le cas de le dire), dégradé et vilipendé pendant des siècles ; et elles veulent aussi pouvoir questionner le rapport guerrier à la nature qui s’est développé en parallèle. Le problème qui se pose à elles pourrait se résumer ainsi : « Comment (re)construire un lien avec une nature dont on a été exclue ou dont on s’est exclue parce qu’on y a été identifiée de force et négativement ? ».
Dans le même temps, elles refusent que la « nature » serve de prétexte pour leur imposer un destin ou un comportement normés tels que la maternité ou l’hétérosexualité. L’expérience méconnue du « retour à la terre » de communautés séparatistes lesbiennes dans les années 70 en Oregon témoigne bien de cette attitude (en plus d’avoir de quoi rentre catatoniques ceux qui, en France, sortent de leurs gonds à la simple idée que des femmes - ou des victimes du racisme - organisent une réunion non mixte de deux heures). "Pourquoi laisser aux hétérosexuels le monopole d’une sexualité « naturelle » et penser que les mouvements queer n’ont pu se développer que dans les villes, loin de la nature et contre celle-ci ?" interroge Catherine Larrère, qui ne voit « pas de raison de construire le féminisme sur le déni de la nature ».
Alors oui, mais du coup j’ai l’impression que c’est sans lien avec la critique de Janet Biehl évoquée au début du passage, puisque justement elle est écosocialiste…
Alors je ne sais pas si du coup elles parlent (@mona et Biehl) des mêmes écoféministes, puisqu’il y a plusieurs courants, et si on est capable de déterminer lesquelles sont les plus connues, les plus lues, les plus influentes ? Là dans l’article Biehl évoque Hamilton en disant qu’elle est une exception, mais que (c’est moi qui souligne)
pour l’essentiel, les écrits écoféministes sont remarquablement dépourvus de référence à la démocratie. L’approche la plus courante ignore complètement la question de la polis
[…]
Les nombreuses écoféministes qui ignorent complètement le sujet de la démocratie semblent penser que les « valeurs féminines » de « care et d’éducation » constituent une alternative pleine d’empathie naturelle à l’idéal démocratique, supposé froid, abstrait, individualiste et rationaliste — voire carrément « masculin »
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@antonin1