• Le tourisme, stade ultime du colonialisme - Renversé
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    En 1829, Victor Hugo estime que « tout le continent penche à l’orient ». Il y voit une inflexion politique et une source d’inspiration valable « pour les empires comme pour les littératures ». Prolongeant ou relayant le « Grand Tour », le Levant attire, aimante, séduit. Par dizaines, les artistes et créateurs de toute l’Europe voguent vers la Méditerranée du Sud comme ceux du XVIIIe siècle se rendaient en Italie et, pour certains, en Grèce. Le harem, l’odalisque et l’almée envahissent les ateliers des peintres, il n’est de tabac que de Turquie, de café que du Yémen et, à Londres, les amateurs de thé rêvent des grands clippers ramenant leurs cargaisons de Chine et de Ceylan.

    Tous ces horizons sont parcourus par de richissimes voyageurs, curieux du monde mais n’entendant sacrifier ni à leur confort ni à leur statut. Par leur éducation, ils savent peindre ou dessiner, se servir d’instruments de mesure géographique ; certains ont même appris à mouler des sculptures ou relever des inscriptions, et beaucoup s’intéressent à une invention récente, la photographie. Gérard de Nerval partant pour l’Orient mentionne ainsi dans une lettre à son père en 1843 que, dès le départ, leurs « lits de voyage et le daguerréotype sont cause [qu’ils ont] un excédent de bagage très coûteux ».

    #tourisme #colonialisme