TikTok, nouvelle victime de la dégradation des relations entre Washington et Pékin
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Donald Trump a annoncé brusquement, vendredi 31 juillet au soir, son intention d’interdire le réseau social TikTok. Sur le chemin du retour d’un déplacement en Floride, où il s’était rendu en début d’après-midi, le président a déclaré : « En ce qui concerne TikTok, nous l’interdisons aux Etats-Unis. » « J’en ai l’autorité », a assuré le président, évoquant la signature d’un décret exécutif sans cependant donner plus de détails aux journalistes qui l’accompagnaient à bord de l’Air Force One. TikTok n’a pas réagi immédiatement à cette déclaration, qui n’a été appuyée par aucun communiqué officiel de la Maison Blanche.
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En quittant Washington, une dizaine d’heures plus tôt, Donald Trump s’était montré plus évasif. « Nous examinons TikTok. Nous interdirons peut-être TikTok. Nous ferons peut-être d’autres choses. Il existe plusieurs options. Mais il se passe beaucoup de choses, alors nous verrons ce qui se passe. Mais nous recherchons de nombreuses alternatives par rapport à TikTok », avait-il brièvement indiqué avant ce déplacement lié à la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Selon le Wall Street Journal, l’une de ces options aurait été celle d’une reprise de la partie américaine de TikTok par une société nationale, en l’occurrence le géant Microsoft. Cette piste aurait permis à la Maison Blanche d’éviter deux écueils potentiels : une guérilla juridique et la désapprobation des utilisateurs de cette plate-forme de partage de vidéos essentiellement ludiques.
En annonçant abruptement l’interdiction de la plate-forme, vendredi soir, Donald Trump ne s’est pas appuyé sur d’éventuelles conclusions de l’enquête du comité interministériel. Deux jours plus tôt, le patron de TikTok, Kevin Mayer, arrivé en juin du géant Walt Disney, avait assuré : « Nous ne sommes pas politiques, nous n’acceptons pas de publicité politique et nous n’avons pas d’agenda. Notre seul objectif est de rester une plate-forme animée et dynamique appréciée de tous. »
« Nouvelle tyrannie »
Dans une note publiée le 14 juillet, James Andrew Lewis, chef du programme de politique des technologies au Center for Strategic and International Studies (CSIS), un cercle de réflexion de Washington spécialisé dans les questions de sécurité, a émis des doutes sur le danger potentiel représenté par la plate-forme. « Il y a de bonnes raisons d’être profondément préoccupé par la Chine et l’espionnage, mais TikTok n’en fait probablement pas partie », a-t-il estimé.