La crise marque-t-elle le retour de l’Etat ? – CONTRETEMPS

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  • La crise marque-t-elle le retour de l’État ? – CONTRETEMPS
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    Non seulement les États ont interrompu les circulations internationales, les interactions sociales et donc de larges pans de l’activité économique, mais ils ont presque immédiatement pris des mesures massives de soutien à l’économie. En France, le chômage partiel concernait 8,6 millions de salariés en avril : un tiers des salariéEs du privé étaient payéEs par l’État ! Aux États-Unis, Trump et le Congrès sont rapidement parvenus à un accord de 2 200 milliards de dollars (12 % du PIB), comprenant l’envoi à la plupart des américains (les non citoyens étant exclus du dispositif) d’un chèque de 1 200 dollars, sur lesquels était inscrit le nom de Trump, tel un souverain battant monnaie. L’action économique de l’État se poursuit d’ailleurs, et le fait que Merkel et Macron utilisent le niveau supranational comme relai de leurs politiques[2] ne remet pas en cause la centralité des États dans la gestion de la crise.

    Il serait pourtant erroné de penser la situation comme une reconquête par les États de leur souveraineté économique, que ce soit contre les institutions internationales, les banques centrales ou les règles limitant les déficits. Les interventions massives des États, pour interrompre comme pour relancer l’activité, n’ont pas été décidées par un acte de souveraineté faisant « passer la santé devant l’économie » comme l’a dit Macron dans son discours du 14 juin, et ne marquent pas la fin du néolibéralisme. Elles ont simplement été prises car la reproduction du capitalisme était défaillante.