le parquet de Paris classe sans suite

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  • L’embarrassant départ d’une conseillère d’Eric Dupond-Moretti
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/02/l-embarrassant-depart-d-une-conseillere-d-eric-dupond-moretti_6050705_3224.h

    La magistrate Charlotte Bilger a été remerciée trois jours après avoir été nommée conseillère spéciale du ministre de la justice.
    Par Simon Piel

    Conscient de la nécessité de renouer le dialogue avec la magistrature dès sa prise de fonctions au ministère de la justice, Eric Dupond-Moretti avait émis le souhait de s’entourer de certains de ses illustres représentants place Vendôme. Renaud Van Ruymbeke et Charlotte Bilger, avec qui il entretenait de bonnes relations comme avocat, ont été les deux premiers noms qu’il avait avancés.

    Le premier, figure médiatique du juge d’instruction, a décliné. La seconde, ancienne juge d’instruction au pôle financier de Paris, réputée pour son indépendance et son franc-parler, a fini par accepter de devenir la conseillère spéciale du nouveau garde des sceaux chargée des bonnes pratiques.

    Mais, comme l’ont révélé La Lettre A et Le Canard enchaîné, Charlotte Bilger a été prestement remerciée trois jours seulement après sa prise de fonctions. « Son recrutement envisagé n’a pas été à son terme, mais cela n’enlève rien à ses qualités », a pudiquement déclaré la chancellerie à l’hebdomadaire satirique. La magistrate avait pourtant renoncé à prendre la prestigieuse présidence de la cour d’assises de Paris qui lui était destinée en septembre pour rejoindre le cabinet d’Eric Dupond-Moretti. Ses nouvelles fonctions avaient par ailleurs été actées dans le dernier projet de mouvement des magistrats, plus couramment appelé « transparence ».

    Marge de manœuvre très réduite

    Tout comme son arrivée, le départ de Charlotte Bilger a été validé par le ministre mais il a été poussé par sa directrice du cabinet, Véronique Malbec, guère enthousiaste à l’idée d’accueillir une conseillère spéciale qui, comme c’est l’usage, ne rendrait compte qu’au ministre.

    Au-delà de ce que cet épisode dit de la brutalité des rapports humains dans les cabinets, il témoigne surtout de la marge de manœuvre très réduite dont dispose Eric Dupond-Moretti vis-à-vis de son administration. Après avoir peiné à trouver un directeur du cabinet, il n’a pu que se résoudre à suivre la volonté de Mme Malbec et se retrouve aujourd’hui avec un cabinet dont il n’a choisi aucun membre ou presque.

    Plus gênant encore, même si aucun élément formel ne permet aujourd’hui de l’étayer, ce renvoi vient nourrir la question d’une possible intervention politique. Charlotte Bilger est en effet la juge qui a mis en examen, le 6 décembre 2019, le président du MoDem, François Bayrou, et plus d’une dizaine d’élus ou de cadres du parti pour « complicité de détournement de fonds publics ». Un des membres du parti, Rémi Decout-Paolini, occupe d’ailleurs le poste de directeur adjoint du cabinet du ministre de la justice.

    Proche du président de la République, François Bayrou, qui n’avait pas été avare de pressions sur la magistrate au cours de l’instruction, doit pour sa part être nommé, jeudi 3 septembre, haut-commissaire au Plan et à la prospective.

    #justice

    • Darmanin accusé de « trafic d’influence » : le parquet de Paris classe sans suite
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/09/02/darmanin-accuse-de-trafic-d-influence-le-parquet-de-paris-classe-sans-suite_

      Le ministre de l’intérieur reste par ailleurs visé par une information judiciaire pour viol, relancée en juin après une longue bataille procédurale.

      31 juillet : Retrait de plainte et nouveaux SMS : Mediapart révèle de nouveaux éléments sur l’affaire Darmanin
      https://www.revolutionpermanente.fr/Retrait-de-plainte-et-nouveaux-SMS-Mediapart-revele-de-nouveaux

      Mediapart révèle que le ministre a discrètement retiré sa plainte pour dénonciation calomnieuse contre une femme qui l’accusait d’abus de faiblesse, et que les SMS présentés par ses proches pour le dédouaner semblent montés de toute pièce. Une tentative pour étouffer l’affaire après sa nomination au poste de ministre de l’Intérieur ?

      [...] “Je n’aurais pas fait les fellations si je n’avais pas besoin d’un travail, ni d’un logement”, ajoutant “Ça restera l’histoire d’un homme de pouvoir et d’une femme en précarité !”

      Fait malheureusement habituel, la procédure a été classée et Darmanin bénéficie de la présomption d’innocence. Étonnamment, comme le relève Mediapart, la plaignante ne s’est pas constituée partie civile et n’a pas contesté le classement sans suite. Y aurait-il eu un arrangement à l’amiable ? Le retrait de la plainte est-il un aveu de culpabilité de Darmanin ? Tant de questions légitimes qui n’ont pas empêché Macron de le nommer au ministère de l’Intérieur. Pourtant, selon Mediapart, l’enquête n’aurait duré que trois mois, et n’a même pas exploré certaines pistes. Ainsi, il n’y a eu aucune confrontation entre la plaignante et Darmanin, les bailleurs ayant reçu des courriers de l’actuel ministre de l’intérieur plaidant la cause de la plaignante n’ont pas été interrogés, et il n’a pas été jugé utile de désigner un juge d’instruction, indépendant du pouvoir exécutif, pour juger cette affaire concernant un membre du gouvernement, Darmanin étant à l’époque ministre des comptes publics.