Comment le coronavirus a poussé des centaines de Subsahariens à quitter l’Algérie pour la Tunisie

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  • Comment le coronavirus a poussé des centaines de Subsahariens à quitter l’Algérie pour la Tunisie
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    A l’instar de plusieurs centaines de Subsahariens, principalement de nationalité nigériane, ivoirienne ou malienne, Souleymane et ses camarades ont quitté l’Algérie pour fuir la crise économique et sanitaire. Une poussée migratoire moins remarquée que celle qui a entraîné des milliers de jeunes Tunisiens vers les côtes européennes cet été, mais qui a donné du souci aux villes sinistrées de l’ouest du pays. A Kasserine notamment, l’arrivée de ces exilés de la crise a fait craindre un emballement de l’épidémie. Souleymane et ses camarades, parce qu’ils ont été parmi les premiers à passer la frontière, ont été immédiatement pris en charge par la police, placés en quatorzaine et soumis à des tests PCR pour dépister d’éventuelles contaminations au coronavirus. Mais « nous avons été très vite saturés au niveau des centres de quarantaine », se souvient le directeur régional de la santé, Abdelghani Chaabani. « Au pic des arrivées, renchérit Dalèle Mhamdi, médecin et chargée de la cellule de crise locale, nous avions 80 personnes à confiner pour seulement 40 lits de disponibles et beaucoup de personnes étaient testées positives. » Les malades ont dû être réunis dans un centre éloigné de la ville, non loin de la zone militaire du mont Chaâmbi, tristement connu depuis plusieurs années pour être le théâtre d’affrontements entre militaires et djihadistes.
    « A “l’abattoir” »

    Le confinement a payé : à Kasserine, on dénombrait cinq cas importés de Djerba en mars, et seulement 34 à la fin août, dont 9 locaux. Mais, si l’épidémie semble sous contrôle, l’état des infrastructures inquiète dans cette ville sinistrée. « Tout le monde sait ici que l’hôpital n’a pas les moyens, confie Shady Rehbi, un Kasserinois chargé de protection de l’enfance à l’Unicef et ex-conseiller municipal. Certains le surnomment même “l’abattoir” tellement il est synonyme d’une mauvaise prise en charge. » Un nouveau service des urgences est en cours de construction mais, en attendant, la plupart des cas sévères de Covid-19 sont transférés dans les hôpitaux des régions côtières comme Sousse et Monastir. Dans le hall de celui de Kasserine, une sorte de sas fabriqué par les étudiants d’une école d’ingénieurs pour filtrer les patients et prendre leur température est déjà cassé et laissé à l’abandon.Si Souleymane a été, de son propre aveu, « bien traité », tous les migrants n’ont pas bénéficié du même accueil. « Il y avait dix à vingt personnes qui arrivaient chaque jour, raconte Hatem Labbaoui, président du comité local du Croissant-Rouge à Kasserine Nord. Au début, nous avons tout fait pour leur assurer le minimum mais, très vite, nous avons été débordés. Pour les demandeurs d’asile, certaines ONG internationales nous ont fourni des tentes. Mais comment voulez-vous forcer à confiner quelqu’un sous une tente par une telle chaleur ? Sans compter les trajets à faire vers Chaâmbi, en dehors de la ville, où l’eau a été coupée plusieurs fois. »

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