Errer, penser et bifurquer - Ép. 2/5

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  • Bifurquer : Bernard Stiegler et le collectif Internation pour des « territoirs existentiels »

    https://lvsl.fr/bifurquer-bernard-stiegler-et-le-collectif-internation-pour-des-territoires-exi

    Bifurquer est un ouvrage collectivement rédigé par un ensemble de chercheurs issus de différentes disciplines (le collectif Internation 1), sous la direction du philosophe Bernard Stiegler. Cet ouvrage analyse les effets toxiques de l’ère Anthropocène, qui se caractérise aujourd’hui par un capitalisme planétarisé réduisant la pensée humaine au calcul et à la raison algorithmique, et propose un ensemble de pistes pour amorcer une bifurcation vers de nouveaux modèles économiques et technologiques porteurs d’avenir.

    Le point de départ des thèses défendues dans ce livre consiste à soutenir que l’Anthropocène correspond à une augmentation massive des taux d’entropie, aux niveaux physique (changement climatique, dissipation de l’énergie et épuisement des ressources), biologique (destruction des écosystèmes et perte de biodiversité) mais aussi psycho-social (l’ère post-vérité et la data economy peuvent être comprises comme des facteurs d’augmentation de l’entropie informationnelle, à travers la destruction des différents types de savoirs). Dans ce contexte, le collectif soutient qu’une nouvelle forme d’économie est requise, visant à valoriser la production d’anti-entropie à ces trois niveaux, en tirant parti des technologies numériques. Le livre vise à expliciter les hypothèses théoriques sous-jacentes à ces analyses et à fournir des méthodes permettant d’expérimenter de manière concrète et localisée les hypothèses ainsi présentées.

    Concernant les hypothèses fondamentales, il s’agit de montrer que le modèle macro-économique dominant, à l’origine de l’Anthropocène, se fonde sur des bases épistémologiques obsolètes, dans la mesure où il ne prend pas en compte la théorie de l’entropie, en particulier ses conséquences en termes de biologie 2, notamment en ce qui concerne la vie technique qui caractérise les sociétés humaines. Comme l’explique le biologiste Alfred Lotka dès 1945, et comme l’avaient déjà souligné des philosophes comme Karl Marx ou Henri Bergson, l’évolution des sociétés humaines se caractérise par un phénomène d’exosomatisation, c’est-à-dire, par la production d’organes artificiels ou techniques, dont le rythme d’évolution ne cesse de s’accélérer.

    En s’inspirant des analyses du mathématicien Alfred Lotka, les auteurs du livre soutiennent que le développement technologique est intrinsèquement ambivalent. Il contribue toujours et inévitablement à une accélération de la tendance entropique qui caractérise l’évolution physique de l’univers : en reproduisant leurs conditions matérielles d’existence, les vivants techniques exploitent des ressources et dissipent de l’énergie, « précipitant [ainsi] une matière puissamment organisée vers une inertie toujours plus grande et qui sera un jour définitive 3 ». Néanmoins, s’ils adoptent leurs milieux techniques à travers la pratique de savoirs de toutes sortes, et en se reliant collectivement au sein d’organisations sociales, les vivants techniques peuvent différer localement cette tendance entropique globale, en produisant de la diversité (culturelle, scientifique, spirituelle) et de la nouveauté (à travers la transformation des savoirs faire, des savoirs vivre, des savoirs théoriques).

    #gouvernementalité_algorithmique

    • https://www.amazon.fr/Bifurquer-pas-dalternative-Bernard-Stiegler/dp/B0851LN7XD

      https://www.decitre.fr/livres/bifurquer-9791020908568.html#resume

      Ce livre remarquablement documenté - tant par ses idées et propositions que par les pratiques qui essaiment déjà dans certaines villes ou certains pays - dessine le monde tel qu’il devrait être pour répondre aux grandes crises sanitaires, climatiques, sociales, économiques ou psychiques. En ces temps de graves périls, il nous faut bifurquer : il n’y a pas d’alternative. La pandémie qui a paralysé le monde en quelques semaines révèle désormais comme une évidence l’extraordinaire et effroyable vulnérabilité de l’actuel « modèle de développement », ainsi que la potentielle multiplication des risques systémiques combinés qui s’y accumulent.
      Elle prouve que ce modèle est condamné à mort, et qu’il nous condamnera à mort avec lui, où que nous soyons dans le monde, si nous ne le changeons pas. Le travail collectif à l’origine de cet ouvrage a établi que ce modèle destructif de développement atteint ses limites ultimes et que sa toxicité, de plus en plus massive et multidimensionnelle (sanitaire, environnementale, mentale, épistémologique, économique), est engendrée avant tout par le fait que l’économie industrielle actuelle repose sur un modèle physique dépassé qui dissimule systémiquement que l’enjeu fondamental de l’ère Anthropocène est la prise en compte de l’entropie.
      Bifurquer, cela signifie : reconstituer une économie politique réarticulant les savoirs et les pratiques locales avec les circuits macroéconomiques, et en repensant la territorialité à ses différentes échelles de localité ; développer cette économie de la contribution sur la base d’un revenu contributif décorrélé de l’emploi et revalorisant le travail comme activité de savoir ; refonder le droit et la comptabilité des Etats et des entreprises en agençant à travers des démarches d’expérimentation économique et sociale, et dans des territoires laboratoires, les économies associatives, coopératives et marchandes locales réticulées, et articulées avec le commerce international ; réévaluer la recherche dans l’optique du long terme, indépendamment des intérêts à court terme des pouvoirs aussi bien politiques qu’économiques ; réorienter au service des territoires et de leurs coopérations les technologies numériques...