Athènes maintient sa ligne dure après l’incendie du camp de Moria sur l’île de Lesbos

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  • Athènes maintient sa ligne dure après l’incendie du camp de Moria sur l’île de Lesbos
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    Le chef de l’opposition (Syriza) et ex-chef de gouvernement Alexis Tsipras a, de son côté, accusé l’actuel premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, d’être « personnellement responsable du drame ». « La blessure de Moria devait être refermée (…). Nous avions déjà avancé le plan de décongestion [du camp] avec cohérence et respect pour nos semblables. Mais les 5 000 personnes à Moria sont devenues 20 000 en un an, avant que les transferts ne reprennent timidement », a lancé M. Tsipras. En ligne de mire également de l’opposition : le durcissement de la politique du premier ministre de droite arrivé au pouvoir en juillet 2019, qui aurait conduit à l’exaspération et à la révolte des migrants de Moria. A la suite de l’incendie, Kyriakos Mitsotakis a réagi : « Je reconnais les conditions difficiles [à Moria], mais rien ne peut servir d’alibi pour des réactions violentes contre les contrôles sanitaires. » Le journal de gauche Efimerida Ton Syntakton (« le journal des rédacteurs ») l’accusait, jeudi, de poursuivre à tout prix une politique de la « loi et l’ordre » en parlant essentiellement de sécurité nationale et de santé publique sans égard pour la crise humanitaire. Le gouvernement conservateur a voté une nouvelle loi sur le droit d’asile à l’automne 2019, permettant d’augmenter les durées de détention autorisées pour les demandeurs d’asile et de faciliter les renvois en Turquie des candidats déboutés. Depuis des mois, le gouvernement Mitsotakis est accusé de favoriser les refoulements de migrants vers la Turquie à la frontière terrestre mais aussi en mer. Les témoignages recueillis par plusieurs ONG et même le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies accumulent les preuves contre le gouvernement et les gardes-côtes qui ont toujours démenti et parlent de « fake news » véhiculées par Ankara. L’accès au système de santé a été rendu plus difficile, et plus de 11 000 réfugiés étaient menacés d’être expulsés de leur hébergement depuis le mois de juin après la décision prise de réduire la période pendant laquelle les réfugiés ayant obtenu l’asile peuvent rester dans les appartements attribués par le HCR. Surtout, le gouvernement grec a promis la construction de nouveaux centres d’enregistrement fermés à Lesbos – ce qui n’était pas le cas de Moria – et sur les quatre autres îles de la mer Egée, où s’entassent déjà plus de 24 000 personnes au total. Face à la fronde des insulaires, qui se sont mobilisés à plusieurs reprises, parfois avec violence, avant l’épidémie due au coronavirus, le gouvernement avait reculé. Mais, pour le premier ministre, la destruction de Moria ne remet pas en cause le projet, bien au contraire. « Nous avions averti qu’il fallait fermer Moria et avoir une nouvelle structure plus adaptée », a clamé jeudi sur la chaîne de télévision ANT1 le ministre des migrations, Notis Mitarachi.

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