• Avant la rentrée des « gilets jaunes », la nouvelle doctrine du maintien de l’ordre réaffirmée
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/11/darmanin-annonce-un-nouvel-encadrement-du-lbd-lors-des-operations-de-maintie


    Des agents de la BAC équipés de LBD, lors d’une manifestation conre la réforme des retraites, à Paris, le 19 décembre 2019. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

    Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé un encadrement renforcé des tirs de lanceurs de balle de défense et des grenades moins dangereuses.

    Un encadrement renforcé des tirs de lanceurs de balle de défense (LBD) et des grenades moins dangereuses : à la veille de la mobilisation de rentrée des « gilets jaunes », le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, vendredi 11 septembre, de légers aménagements, mais pas de bouleversement, de la doctrine du maintien de l’ordre en vigueur.
    Ces annonces ont été faites lors de la présentation du nouveau schéma national du maintien de l’ordre qui réaffirme la doctrine en vigueur depuis fin 2018, après le saccage de l’arc de Triomphe. Elles interviennent alors que plusieurs rassemblements de « gilets jaunes » sont annoncés dans plusieurs villes, dont Paris, Marseille, Toulouse, Lyon, Lille, Nantes, Nice, Bordeaux et Strasbourg.

    Les mesures gouvernementales avaient été initiées par le prédécesseur de M. Darmanin, Christophe Castaner, après des polémiques à répétition sur la gestion controversée des manifestations par les forces de l’ordre. Plusieurs personnes avaient été gravement blessées par des tirs de LBD et de grenade.

    Les conclusions de ces travaux ont été reportées à de nombreuses reprises, notamment en raison de la crise sanitaire puis de l’arrivée du nouveau ministre place Beauvau début juillet. C’est la « première fois » qu’un tel document est produit en France, s’est félicité le ministre de l’intérieur, qui s’exprimait lors de la cérémonie d’installation officielle de la nouvelle chef des CRS, Pascale Regnault-Dubois.

    Floutage des visages des agents

    Concernant les moyens mis à la disposition des forces de l’ordre, l’usage du LBD est maintenu, mais son encadrement strict est généralisé. Dorénavant, chaque tir devra être obligatoirement soumis à l’accord d’un « superviseur ». C’est déjà le cas pour les CRS et les gendarmes mobiles et à Paris, mais ailleurs, les effectifs de sécurité publique et les unités venues en renfort pour encadrer les manifestations n’en disposent pas.
    Gérald Darmanin a par ailleurs confirmé le remplacement des grenades à main de désencerclement (GMD) par un nouveau modèle, réputé moins dangereux. Ce modèle, déjà acheminé auprès des forces de l’ordre, sera utilisé dès ce samedi, a-t-il affirmé.

    En janvier, Christophe Castaner avait déjà annoncé le retrait d’une autre arme intermédiaire, la grenade explosive GLI-F4, composée de TNT et également accusée d’avoir causé de graves blessures chez les manifestants. Un retrait alors symbolique puisque les stocks étaient en voie d’épuisement chez les gendarmes mobiles et les CRS.
    La nouvelle GMD est « deux à quatre fois moins impactante », selon une source policière et son bouchon allumeur « ne saute plus ». C’est ce bouchon qui causait le plus de blessures graves.
    Le ministre a répété par ailleurs sa volonté d’imposer aux chaînes de télévision et aux réseaux sociaux le floutage des visages des agents.

    Envoi de SMS groupés

    Pour améliorer l’information des manifestants, il est prévu de moderniser le texte des « sommations » utilisé lorsque la manifestation dérape. Ce texte, rénové et plus simple, fera l’objet d’un décret soumis au Conseil d’Etat pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2021.
    Il est envisagé également la mise en place de panneaux de signalisation, de hauts-parleurs et l’envoi de SMS groupés pour une meilleure communication. Les SMS seraient envoyés aux manifestants par les opérateurs téléphoniques qui les achemineraient à leurs abonnés. Le gouvernement prévoit une application au premier semestre 2022.

    Un effort est prévu pour renforcer ou créer, là où elles n’existent pas, des structures destinées à nouer le dialogue entre les manifestants et les autorités avant et pendant les rassemblements. Sa mise en œuvre est espérée au début de l’année prochaine. Une tâche compliquée pour les responsables de la sécurité publique qui ont du mal à trouver des interlocuteurs, notamment au sein des « gilets jaunes ».

    Chez les syndicats, on se satisfait d’une « doctrine confirmée ». « C’est ce qu’on demandait », a résumé Jean-Paul Nascimento, secrétaire national CRS UNSA-Police. A l’instar de Fabien Vanhemelryck (Alliance), ils ont accueilli avec soulagement le maintien du LBD, dont ils craignaient le retrait.

    Satisfaction aussi sur le floutage des visages. « On demandait cette loi depuis très longtemps », rappelle Alliance, et la modernisation des sommations et la communication, une décision qui « va dans le bon sens » selon Grégory Joron, secrétaire national CRS d’Unité SGP-Police.

    #police #maintien_de_l'ordre

  • A Calais, des associations scandalisées par l’interdiction de distribuer des repas aux migrants
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    Dans la mesure où l’Etat a mandaté l’association La Vie active, pour fournir « 4 distributions quotidiennes de repas », que l’Etat met à disposition des migrants 38 robinets d’eau cinq jours sur sept, dont « 22 accessibles sept jours sur sept » et que de l’eau est distribuée pendant les repas, la préfecture considère assurer « des prestations humanitaires suffisantes au regard des besoins de cette population, notamment alimentaires ».« Il y a un prétexte sanitaire, mais aux distributions de La Vie active, c’est pareil, les gens sont les uns sur les autres », a réagi François Guennoc, vice-président de l’Auberge des migrants, qui explique distribuer chaque jour de 200 à 300 repas à des migrants sur un quai du centre-ville et plusieurs centaines d’autres cinq jours sur sept dans divers points de la ville.
    « Si l’Etat veut entasser les gens autour de l’hôpital », site de distribution de La Vie active, « où il y a déjà 700 personnes, il prend ses responsabilités, mais on va arriver à une situation pire que précédemment », a-t-il estimé, ajoutant : « Nos distributions sont qualifiées comme étant organisées de façon anarchique, alors que notre distribution près du port est tout à fait organisée, calme, on ramasse les déchets. »Le président de l’association Salam, Jean-Claude Lenoir, a de son côté dénoncé « une décision inhumaine, une erreur humanitaire et une maladresse politique », évoquant « une surenchère électoraliste par rapport au Rassemblement national ».
    A La Vie active, on explique que l’association distribue 1 000 à 1 200 petits-déjeuners et autant de déjeuners chaque jour à Calais, sur deux lieux différents. L’association parvient à toucher « peut-être pas la totalité, mais la majorité » des migrants présents à Calais.

    #Covid-19#migrant#migration#france#calais#camp#sante#politiquemigratoire#pretextesanitaire#ong

  • Sur l’immigration, Gérald Darmanin durcit la ligne du gouvernement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/11/sur-l-immigration-gerald-darmanin-durcit-la-ligne-du-gouvernement_6051792_32

    La DGEF devra mettre en musique les orientations du ministre, qui partage son portefeuille avec Marlène Schiappa, déléguée à la citoyenneté. A elle, les questions d’asile et d’« intégration républicaine », notamment par les naturalisations auxquelles elle veut redonner de la « solennité ». A lui, les évacuations de campements de rue, la lutte contre l’immigration irrégulière. D’un côté, l’humanisme, de l’autre, la fermeté. Cette scission du dossier migratoire étonne, tant ses éléments se recoupent : les personnes migrantes à la rue sont ainsi majoritairement des demandeurs d’asile et des réfugiés. Les premières dissonances entre les deux ministres n’ont d’ailleurs pas tardé à se manifester au sujet des travailleurs sans papiers mobilisés pendant le confinement (aides à domicile, éboueurs, livreurs, caissiers…). Le cabinet de M. Castaner s’était mobilisé au début de l’été, envisageant la régularisation de « plusieurs milliers » d’entre eux. Des préfectures avaient même été sollicitées en ce sens. Jusqu’à ce que le remaniement gouvernemental, début juillet, interrompe les travaux. Mais le projet n’a pas totalement été enterré. D’après nos informations, le cabinet de Mme Schiappa a envoyé un télégramme aux préfets à la fin de l’été, les invitant à faire preuve de « discernement » vis-à-vis des candidats à une régularisation ou à une naturalisation s’étant illustré pendant la crise due au Covid-19. A peine quelques heures se sont écoulées avant que le cabinet de M. Darmanin envoie un contre-ordre, rendant le texte de sa collègue caduc. Un premier couac à Beauvau. L’entourage de Mme Schiappa assure aujourd’hui qu’une circulaire est en préparation pour accélérer uniquement les naturalisations des travailleurs étrangers en situation régulière mobilisés pendant la crise.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#politiquemigratoire#regularisation#confinement#naturalisation#travailleurmigrant