« On prend tout parce qu’on n’a pas le choix » : l’angoisse des chauffeurs VTC

/on-prend-tout-parce-qu-on-n-a-pas-le-ch

  • « On prend tout parce qu’on n’a pas le choix » : l’angoisse des chauffeurs VTC
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/09/21/on-prend-tout-parce-qu-on-n-a-pas-le-choix-l-angoisse-des-chauffeurs-vtc_605

    Cela fait maintenant deux ans que Karim, 45 ans, est conducteur de véhicule de tourisme avec chauffeur (VTC). A ses débuts, il gagnait environ 2 000 euros net par mois pour soixante-dix à quatre-vingt-dix heures de connexion par semaine et environ 150 courses hebdomadaires. Depuis le confinement et la pandémie liée au Covid-19, il parvient péniblement à 800 euros.

    En tant qu’indépendant, il ne bénéficie pas des filets de protection sociale des salariés, comme le chômage ou l’activité partielle. « C’est la catastrophe », lâche-t-il. Sur son application Uber, son récapitulatif pour la semaine du 6 au 12 juillet en atteste : 610 euros de revenus pour 45 courses et quatre-vingt-dix-sept heures en ligne. Soit 13,50 euros la course, en moyenne, pour quatorze heures de connexion par jour.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi La crise due au coronavirus relance le débat sur la protection des travailleurs ubérisés

    « Ça chiffre pas », répète Karim. Avant de se lancer, il vendait des vêtements pour enfants sur les marchés, ce qui lui a permis de mettre de l’argent de côté. Aujourd’hui, il « pioche dedans, petit à petit ». Comme Karim, les chauffeurs que Le Monde a interrogés font tous état d’une chute massive de leurs revenus pendant le confinement.
    « Je perds de l’argent à travailler »

    Et, depuis la fin de celui-ci, leur activité est loin d’avoir retrouvé le niveau d’avant-crise. Le patron d’une entreprise de VTC avec sept véhicules, qui préfère rester anonyme, a observé, sur les mois d’été, une chute de moitié de son activité, par rapport à 2019. Interrogés, tant Heetch qu’Uber refusent de révéler la perte de revenus de leurs chauffeurs.

    Les touristes se sont évaporés, les cadres ne se déplacent plus, les fêtards se font discrets et, en bout de chaîne, les chauffeurs VTC accusent le coup.

    « Beaucoup de chauffeurs en grande difficulté sont à bout. Ils ne savent pas comment faire face aux échéances financières », explique Brahim Ben Ali, l’un des principaux porte-parole des chauffeurs VTC. Après deux années dans le métier, Karim, qui estime y avoir « perdu du temps », a décidé de jeter l’éponge : d’ici à fin janvier, le chauffeur retournera dans le commerce et fermera son compte Uber.

    #Uber #Paris