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  • Christiane Taubira, (toujours) les mots justes

    https://www.facebook.com/rekacewicz/posts/10158743150551182

    J’ai repris cette partie du dialogue entre Christiane Taubira et le journaliste de France 5, parce que ça vaut la peine de s’en souvenir. D’abord parce que Christiane Taubira en un mot suggère qu’il faut repenser profondément le sens du mot justice quand on l’utilise. Aussi parce quelle explique que laisser le droit aux grands fauves de spéculer sur les denrées alimentaires empêche les gens de manger, au moment même ou l’endive toxique qui nous sert de ministre de l’intérieur vient d’interdire aux migrants de Calais de se nourrir.

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    Ali Badou, sur France 5, montre à Christiane Taubira une séquence tournée sur l’île de Lesbos en Grèce, dans laquelle une enfant originaire de RDC - et sa maman - expriment leur désespoir de migrantes.

    Ali Badou demande en premier lieu à Christiane Taubira :

    -- « Qu’est-ce que ces images vous inspirent »

    Christiane Taubira visiblement émue fait une première réponse :

    -- « Lorsqu’on parle d’une justice, on parle de ça. Ces personnes sont à la fois des victimes et des combattantes. Ce sont des victimes des désordres du monde, et nous avons notre part [de responsabilité] dans les désordres du monde, notre part dans le fait qu’on puisse spéculer sur les denrées alimentaires : c’est autorisé de faire des "hedge funds" et d spéculer sur le prix du riz, sur le prix du mil, sur le prix du maïs. Donc, lorsqu’on parle d’inégalités, ce sont des choses tangibles. On empêche des gens de manger. Lorsqu’on parle de corruption, ce sont des choses tangibles. On est complice de gens qui pillent des richesses, ou qui permettent le pillage de richesses. Ce sont aussi des battantes, parce que ce sont des gens qui se lèvent, qui mettent un pied devant l’autre, qui partent sur le monde, qui marchent sur la croûte terrestre. »

    Ali Badou pose alors une deuxième question à Christiane Taubira, "question provocante" avoue-t-il lui même :

    -- « Est-ce que l’hospitalité, ça fait une politique ? » demande-t-il

    Christina Taubira :

    -- « Est-ce que le pillage fonde une politique ? Est-ce que la connivence avec la corruption fonde une politique ? est-ce que l’économie qui dévaste la terre, et qui détruit des régions entières et qui fait que de toutes façons des gens vont mettre un pied devant l’autre pour aller ailleurs fonde une politique ? Les gens ne vont pas se laisser noyer ! Mais l’hospitalité oui ! ça, ça fait une politique. »