• Pourquoi le système électrique français est sous forte tension
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/09/25/electricite-le-systeme-francais-montre-ses-faiblesses_6053524_3234.html

    Même si la France est loin du risque de black-out, les difficultés combinées du nucléaire et de l’éolien illustrent les failles du réseau et suscitent des inquiétudes.

    Le système électrique français touche à ses limites. En pleine transformation, le réseau fait face à des vents contraires et à des difficultés croissantes. Dernier exemple en date : à la mi-septembre, alors que la consommation se trouvait à un niveau inférieur aux années précédentes, la France a dû importer massivement du courant de ses voisins, et, dans le même temps, redémarrer une partie de ses centrales à charbon pour faire face aux besoins. Une fin d’été inhabituellement difficile, qui présage d’un hiver tendu sur le front de l’approvisionnement en électricité.

    Plusieurs facteurs expliquent ce passage difficile : d’abord, la crise sanitaire et les mesures de confinement ont conduit EDF à décaler de nombreuses opérations de maintenance sur les réacteurs nucléaires, et nombre d’entre eux sont encore à l’arrêt. Ensuite, la vague de chaleur des dernières semaines a joué sur la température et le débit de certains cours d’eau, ce qui a obligé certaines centrales nucléaires à réduire leur production, voire à s’arrêter complètement. Ainsi, pour la première fois de son histoire, celle de Chooz (Ardennes) – l’une des plus récentes du pays – a été totalement mise à l’arrêt depuis début septembre, et ne devrait pas redémarrer avant début octobre.

    Une alerte sérieuse pour la filière nucléaire
    En parallèle, la présence d’un anticyclone sur l’Europe ces derniers jours a réduit l’apport de vent et limité fortement la production des éoliennes. « L’éolien ne pèse pas beaucoup en France [8,7 % de la production] mais en Europe, il compte beaucoup et les réseaux sont interconnectés les uns aux autres », explique Nicolas Goldberg, consultant chez Colombus Consulting.

    L’Hexagone se retrouve alors dans une situation qu’il ne connaît pas habituellement en cette saison : il doit s’approvisionner auprès de ses voisins. Or, cette électricité est plus émettrice de CO2 – notamment celle venant d’Allemagne. La France a dû également activer ses centrales à charbon. Résultat : l’électricité française, d’habitude largement décarbonée avec le nucléaire (70 % de la production) et les énergies renouvelables, se teinte de gris. Un comble pour un pays d’habitude largement exportateur, qui se félicite des très faibles émissions de gaz à effet de serre de son réseau.

    Si cette rentrée est exceptionnelle à cause de la crise sanitaire qui a contraint la filière de l’atome à revoir son calendrier d’arrêts pour maintenance, elle représente une alerte sérieuse sur la capacité des centrales nucléaires à résister au changement climatique. « Plus la planète va se réchauffer, plus il y a des risques que la température des fleuves soit trop élevée pour refroidir les réacteurs, et donc on risque d’avoir de plus en plus ce type de situation », note Thibault Laconde, ingénieur spécialisé dans les risques climatiques.

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    • La France fait déjà fonctionner ses centrales à charbon | Les Echos
      (article du 17/09/2020)
      https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-france-fait-deja-fonctionner-ses-centrales-a-charbon-1243601

      Faute de production d’électricité nucléaire et éolienne suffisante, l’Hexagone a commencé à faire tourner ses centrales à charbon ces dernières semaines. En cause : le manque de vent et de nouvelles avaries techniques chez EDF, qui pâtit par ailleurs d’un encombrement d’opérations de maintenance et d’un décalage de son planning de travaux lié au Covid-19.

      Si la crise du coronavirus, et surtout les mesures de confinement, ont provoqué une chute drastique des émissions de CO2 au printemps, d’autres effets viennent aujourd’hui nettement contrebalancer ces bonnes nouvelles pour le climat . Selon les données publiées par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, la France a allumé ses centrales à charbon ces dernières semaines. Selon les données publiées par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, la France a allumé ses centrales à charbon ces dernières semaines. Ce jeudi 17 septembre, elles fournissaient 2 % du mix électrique national, soit 824 mégawatts, à la mi-journée.

      Certes, ce chiffre est modeste en proportion de la consommation française mais il n’en reste pas moins marquant, en plein mois de septembre, alors que les températures sont anormalement élevées et que les radiateurs ne sont pas encore allumés. En effet, ces centrales - dont le nombre se limite à quatre en France - sont le plus souvent mobilisées au coeur de l’hiver pour faire face aux pics de consommation d’électricité.

      Des prix de l’électricité orientés à la hausse
      Surtout, ce recours précoce au charbon ne semble pas suffisant pour répondre aux besoins en électricité du pays. Selon RTE, des mesures « d’effacements » - c’est-à-dire le report de consommations d’entreprises qui acceptent de les différer ou de les modérer moyennant rémunération - ont été utilisées ces derniers jours pour faire baisser la consommation.

      La France a, par ailleurs, été globalement importatrice d’électricité ces derniers jours. Ces importations proviennent en grande partie d’Allemagne où la production d’électricité génère plus d’émissions de CO2 qu’en France. Un contexte qui tire les prix de l’électricité à la hausse : lundi 14 septembre, ils atteignaient un pic de 120,62 euros, en France, en fin de journée.

      De nouvelles avaries techniques
      En cause : la très faible disponibilité du parc de réacteurs nucléaires d’EDF. Sur ses 56 réacteurs, 24 sont actuellement à l’arrêt. Les causes sont multiples, et dépassent largement la fermeture de Fessenheim.

      A Chooz (Ardennes), les deux réacteurs d’EDF sont maintenus à l’arrêt à cause de leur impact potentiel sur le débit de la Meuse, déjà limité du fait de la météo. A Cattenom, à Penly, à Blayais, à Flamanville, au Bugey et à Paluel, les programmes de maintenance ont été prolongés sur un ou plusieurs réacteurs à cause de nouvelles avaries techniques. Enfin, deux réacteurs sont visés par des mesures d’économies de combustibles destinées à faire face à un hiver tendu du fait du décalage des travaux de maintenance en pleine crise sanitaire.

      Des vents très faibles en Europe
      « La concomitance de ce contexte avec le grand carénage [le programme qui vise à prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires d’EDF, NDLR] crée un embouteillage d’opérations de maintenance », confirme EDF. A cela vient s’ajouter la fermeture de la centrale Fessenheim. Achevée en juin, celle-ci a mécaniquement retiré deux réacteurs du réseau électrique français.

      Le nucléaire n’est toutefois pas le seul responsable de ce phénomène. En Europe, la météo joue aussi en défaveur des énergies vertes et en particulier de l’éolien. « Un anticyclone s’est déployé sur l’Europe et entraîne des vents très faibles », précise RTE. La semaine passée l’éolien a ainsi fourni 2% du mix électrique français.

      (compléments sans doute proche du contenu au-delà de la barrière de péage de l’article du Monde, avec 8 jours de décalage…)