• Avec le coronavirus, « tout s’est arrêté d’un coup » : l’Afrique pleure ses touristes disparus
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/09/25/avec-le-coronavirus-tout-s-est-arrete-d-un-coup-l-afrique-pleure-ses-tourist

    Les vols internationaux ont beau avoir repris mi-juillet au Sénégal, les touristes continuent de se tenir à distance, échaudés par l’évolution imprévisible de la pandémie de Covid-19 à travers la planète. Le pays connaît les mêmes déboires que ses pairs africains. Du Maroc à l’Afrique du Sud, du Cap-Vert à l’Ethiopie, le tourisme a connu un coup d’arrêt brutal et prolongé sur l’ensemble du continent. Selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), la crise du secteur pourrait entraîner la destruction de 7 à 17 millions d’emplois, sur l’année 2020, dans une région du monde déjà frappée par un chômage très élevé.
    Au premier semestre, les arrivées de voyageurs internationaux en Afrique ont chuté de 57 %, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Et la débâcle est loin d’être terminée : début septembre, la moitié des destinations africaines n’avaient toujours pas rouvert leurs frontières. « L’industrie a été décimée », s’afflige Naledi Khabo, la directrice de l’Association du tourisme africain, une agence de promotion du continent basée aux Etats-Unis : « La banqueroute menace de nombreuses PME qui constituent l’essentiel des acteurs du secteur. Elles n’ont pas les fonds pour faire face et doivent souvent se débrouiller sans aides publiques. » Le constat est d’autant plus amer que l’Afrique était, avant la pandémie, de plus en plus demandée par les touristes internationaux. Les arrivées étaient en forte hausse (+ 6 % en 2019). Le secteur représente aujourd’hui 10 % des recettes d’exportation du continent (contre à peine 5 % dans les années 1980) et plus d’un emploi sur cinq dans certains pays comme le Cap-Vert ou l’île Maurice.« La dynamique était excellente et tout s’est arrêté d’un coup », résume Sisa Ntshona, le patron de la Fédération du tourisme en Afrique du Sud : « C’est particulièrement regrettable pour une économie comme la nôtre, qui essaie de se diversifier dans les services pour moins dépendre des matières premières. » Le professionnel garde un souvenir traumatisant du premier coup de semonce : l’annulation en janvier d’un congrès international sur l’ophtalmologie censé se tenir en juin au Cap. L’événement, en préparation depuis cinq ans, devait accueillir 15 000 participants venus du monde entier. Soit 15 000 billets d’avions, 15 000 chambres d’hôtel et tous les à-côtés, dont il a fallu se passer.
    L’Afrique du Sud, qui rouvrira ses frontières le 1er octobre après avoir été durement touchée par le coronavirus, pleure ce tourisme de conférence dont elle était l’un des piliers continentaux. Elle s’interroge aussi sur l’avenir des safaris proposés aux amoureux de la faune sauvage dans les réserves du pays telles que le célèbre parc Kruger. « Rien ne permet de penser que les clients types – des Occidentaux fortunés et en général un peu âgés – vont se précipiter pour revenir tant que la situation sanitaire ne sera pas complètement sous contrôle », indique M. Ntshona.

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