Mélenchon, « République » etc. « La créolisation n’est pas un projet ou un programme, c’est un fait » ►https://www.nouvelobs.com/debat/20200925.OBS33823/tribune-jean-luc-melenchon-la-creolisation-n-est-pas-un-projet-ou-un-prog
« Créolisation ». Un mot dans mon discours sur la République a fait parler. Je laisse de côté la poignée de sots pour qui ce fut une nouvelle occasion d’essayer de me faire endosser la camisole de force de leurs hantises identitaires. Ainsi de madame Saporta. Son ignorance crasse éclata quand elle affirma que le concept de créolisation renvoyait aux « origines » de chacun. Elle ignore donc ce que veut dire ce mot depuis qu’Edouard Glissant l’a mis en scène. Commençons donc par lire ce qu’en disait Edouard Glissant en 2005 dans une interview au journal « le Monde » :
« La créolisation, c’est un métissage d’arts, ou de langages qui produit de l’inattendu. C’est une façon de se transformer de façon continue sans se perdre. C’est un espace où la dispersion permet de se rassembler, où les chocs de culture, la disharmonie, le désordre, l’interférence deviennent créateurs. C’est la création d’une culture ouverte et inextricable, qui bouscule l’uniformisation par les grandes centrales médiatiques et artistiques. Elle se fait dans tous les domaines, musiques, arts plastiques, littérature, cinéma, cuisine, à une allure vertigineuse… »
Le verbe riche d’Edouard Glissant fonctionne ici dans toute sa performance. Il permet de comprendre ce que désigne le mot « créolisation » sans aucun doute d’interprétation.
Notons l’essentiel. Primo : la créolisation n’est ni un projet ni un programme. C’est un fait qui se constate. Il se produit de lui-même. D’où la sottise de ceux qui m’attribuent la créolisation comme un objectif politique. Veulent-ils s’opposer au processus spontané de la créolisation ? Mais alors il faudrait qu’ils disent pourquoi. Et surtout comment comptent-ils s’y prendre. Secundo : la créolisation ne concerne pas exclusivement la langue comme fait semblant de le croire Eric Zemmour. Elle implique bien davantage l’ensemble des usages de l’existence sociale. Ce sont ces habitudes par lesquelles chacun accède à la vie en société et qui lui paraissent naturelles, évidentes. J’aurais dû écrire « habitus » pour être aussi précis que possible. Cela désignerait alors la façon personnelle avec laquelle cette intégration des usages se fait pour chacun, en relation avec ses appartenances sociales telles que le lieu de vie, la classe sociale, les réseaux de vie collective.
Le vieux Thomas Legrand en faisait sa chronique ce matin : ▻https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-30-septembre-2020
Au moins, en posant ce débat, Mélenchon fait-il réfléchir… On l’avait oublié [non, toi], mais ce devrait être aussi ça, la politique.
Faut que je regarde ça maintenant, je ne te remercie pas @fil.
Anyway, depuis le temps que je veux lire ceci de feu Alain Ménil :
Édouard Glissant, signataire du Manifeste des 121 en 1960, « pour un droit à l’insoumission », jusqu’à la créolisation de la FI en 2020, tout s’explique — en attendant le ticket Mélenchon-Taubira : )
Déformation professionnelle oblige, deux archives du @mdiplo :
Il n’est frontière qu’on n’outrepasse (octobre 2006)
▻https://www.monde-diplomatique.fr/2006/10/GLISSANT/13999
La Martinique : une société morbide et ses pulsions (juin 1977)
▻https://www.monde-diplomatique.fr/1977/06/GLISSANT/34289
Dépouillée de ses valeurs culturelles, condamnée à une mendicité officielle, parée d’une bourgeoisie de pure fiction, la Martinique pourtant résiste à la politique d’assimilation.