Brûler les livres is the new what ?

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  • Brûler les livres is the new what ?
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Bruler-les-livres-is-the-new-what

    Un copain se rend à une rencontre dans un lieu militant dans l’idée d’écouter ce que les auteurs ont à dire et de porter la contradiction mais tout le public, critique ou ami, se prend les coups d’un petit groupe hostile aux intervenants. Les contradicteurs du dossier d’un journal refusent sa distribution (payante ou gratuite) lors d’un événement militant et prennent la peine d’expliquer leur désaccord dans un billet très étoffé illustré d’un exemplaire du journal brûlé par leurs soins. Une libraire voit des centaines de copies d’un de ses livres déchirés dans un mouvement de foule par des militants radicaux, en partie étudiant·es mais également enseignant·es-chercheurs et qui exigent ensuite l’impunité. Une université annule une rencontre avec une autrice sous la menace martiale d’une asso LGBT qui semble gênée que ses rodomontades aient été prises au sérieux. Toutes ces actions sont différentes mais dessinent un paysage inquiétant dans lequel des débats « n’ont pas lieu d’être », où plutôt dans lequel il est loisible de priver des groupes de débats qu’ils souhaitent mener.

    […]

    Je sais que tout ça part de la volonté de pacifier l’espace public, de le rendre moins violent pour les personnes minorisées (femmes, LGBT, personnes racisées, etc. et pardon si je fais des raccourcis dans cette parenthèse). C’est un objectif louable, au départ. Mais loin de pacifier, le procédé autoritaire qui a été choisi ne convainc personne que les convaincu·es, accentue les clivages et accompagne l’effondrement de nos sociétés. Les personnes alliées de celles qui pourraient être offensées sont souvent les plus violentes, comme si l’enjeu narcissique pour ces chevaliers blancs était plus fort encore que les blessures subies par les personnes minorisées. Les donneurs et les donneuses de leçon n’ont visiblement pas de stratégie politique mais n’oublient pas de se payer de bons ego trips. En invalidant les autres, elles et ils se valident soi-même. Et abandonnent le champ politique, celui du débat, pour investir à fond celui de la morale la plus étriquée, où chacun·e reçoit des bons points ou des punitions selon la conformité de ses propos à une doxa établie une fois pour toutes. Elles et eux seul·es pensent juste, emploient les mots qu’il faut et se permettent donc d’enseigner la vie à tout le monde. Ce qu’il faut penser, ce qu’il faut dire et ce qu’il faut lire. Je ne doute pas que ce soit une position agréable à tenir mais que ce soit une stratégie intéressante pour faire passer nos idées et devenir plus puissant·es collectivement, j’ai comme un doute.

    #débat #politique #militantisme