À force de se focaliser sur l’idée de « sauver l’économie », j’ai vraiment l’impression qu’on passe…

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  • Coronavirus : Un reconfinement provoquerait un « écroulement de l’économie » française, alerte le patronat
    https://www.20minutes.fr/economie/2893643-20201026-coronavirus-reconfinement-provoquerait-ecroulement-econom

    « Si on reconfine totalement comme en mars, on va vers un écroulement de l’économie française, on risque de ne pas s’en remettre » a averti lundi le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui estime qu’il ne s’agira pas seulement d’une « récession de 10 % » en 2020.

    Interrogé par la radio RMC, il a expliqué que l’économie se portait bien en mars lors du premier confinement, donc « les entreprises ont résisté au choc ». « Mais là les organismes sont affaiblis », a-t-il ajouté. Il a cependant nuancé ses propos en affirmant que : « les marchés ont une capacité de rebond incroyable, mais on va aller dans quelque chose de très, très dur ».

    […]

    « Il y a plusieurs mois très difficiles à passer mais il faut tenir, en trouvant un équilibre entre économie et santé », a conclu le président du Medef, convaincu que cet équilibre doit permettre de continuer à travailler.

    Je me demande si une recension des positions du Medef depuis le déconfinement existe déjà quelque part. Qui illustrerait à quel point, si on va vers une catastrophe sanitaire et économique, c’est largement parce qu’on n’a pas voulu mettre la moindre contrainte sur les entreprises. (N’effrayons pas les touristes, n’obligeons pas au port du masque dans les entreprises, maintenant les écoles ouvertes à tout prix, ne faisons pas de télétravail, entassons les citadins dans les transports en commun…).

    • Encore une belle preuve de l’incompétence systémique et collective de « nos » patrons, à croire que c’est eux qui veulent planter leurs boîtes. Je me souviens très bien avoir dit au mien (de patron) en juillet qu’on savait maintenant comment l’épidémie pouvait repartir et qu’il fallait donc être très strict (port du masque + télétravail massif), j’ai eu en réponse un refus catégorique et un grand discours sur la liberté individuelle... Il a donc fallu attendre septembre, devant la dégradation de la situation (oh surprise !), pour que le masque soit obligatoire (mais à peine respecté) et que du télétravail partiel soit remis en place (après avoir fait revenir tout le monde de force cet été). Ces gens ont un problème d’ego, ils croient tout savoir et n’écoutent personne (sauf si on les force à nous écouter, bien entendu).

    • Plusieurs choses :
      1) Il y a eu un flux massif d’argent en direction des entreprises (PGE par exemple), des TNS (report des cotisations) et des salariés (chômage partiel, donc en faveur des patrons, qui n’ont pas eu à licencier ni à taper dans la trésorerie pour maintenir leurs équipes). Donc, à part les entreprises qui se sont retrouvées avec 0 clients, tout ce qui est collectifs (loisirs, restos, hotels), les autres s’en sont plutôt pas mal sorties, au sens où ça n’a pas été le cataclysme tant annoncé. Tout cela pour dire que les patrons, ils n’ont rien vu, ils étaient en télétravail dans leur résidence secondaire.

      2) Il y a un vrai phénomène de cécité face à la complexité. Le même que lorsqu’on tente d’expliquer une exponentielle. Et la communication réalisée par le gvt alimente cette cécité, au sens où on n’a pas eu une Merkel qui explique régulièrement les tenants et aboutissants du R0 et de ce genre de choses. Ce n’est pas forcément volontaire, mais, il y a un profond respect de ce qui vient d’en haut. Et toi, tu peux t’époumoner pour expliquer à tes proches que exponentielle, et hôpitaux saturés, tant que ça ne viendra pas d’en haut, ça n’existera pas. Parce que le grand nombre est protégé de tout le caca du monde et que c’est ce dont il a besoin le grand nombre. Comme Tranbert il y a encore une semaine qui disait que de tracer les courbes formées par les chiffres de SPF, c’était anxiogène (et donc inutile).

      Ce point 2 est assez flippant à vrai dire.

  • Sur l’approche à l’économie de bouts de chandelle de la gestion post-confinement, j’ai écrit la semaine dernière qu’elle risque, justement, de nous coûter beaucoup plus cher :
    https://seenthis.net/messages/878272

    Un autre aspect de cette approche entièrement focalisée sur l’idée qu’il faudrait à tout prix éviter d’effrayer les consommateurs, éviter de freiner la « relance », c’est que ça a tout de même un effet paradoxal sur cette « consommation » : toute une partie de la population (pour caricaturer : tout le monde au-delà de 45 ans) n’a pas confiance et réduit énormément sa « consommation ».

    Je n’ai rien trouvé à ce sujet, mais ça mériterait d’être creusé : les bistrots et les restaurants, mais aussi les salles de spectacle et les cinémas, ça fait bien depuis cet été, constatant l’espèce de n’importe quoi ambiant, le refus du gouvernement de promouvoir les règles sérieuses pour ne pas nuire au tourisme, que je n’y vais qu’à contrecœur. Cet été on est restés ici, on est allés à la plage, mais on a évité comme la peste les centres-villes de Palavas, Carnon et la Grande-Motte. Les magasins, les centres commerciaux, c’est pas super-rassurant. Les déjeuners avec des clients, j’évite. L’omniprésence, en tout lieu, du gros porc qui porte le masque sous le pif, c’est niet, je reste pas. Etc.

    J’aimerais bien qu’il y ait des statistiques là-dessus, parce que c’est quelque chose dont tout le monde me parle, mais qui semble ne pas faire partie de l’équation. Dans le milieu culturel, on me dit que les gens ne viennent pas (à Montpellier, l’opéra a mis toutes ses places à 10 euros, signe que ça ne part plus comme des petits pains) ; les restaurants, les rares qu’on a faits, on n’a pas réservé, on s’est juste pointés et il y avait de la place ; une amie qui a invité des clients pour une sortie culturelle chic me dit qu’une partie des gens ont préféré s’excuser, etc.

    On raconte généralement que ce sont les règles contraignantes qui pousseraient les gens à ne pas venir (ou qui feraient chuter la jauge des salles de spectacle), mais là où c’est ouvert, on me dit que c’est plus parce que les gens ne sont pas rassurés que parce qu’ils seraient obligés de porter un masque. L’opéra, si tu n’arrives pas à remplir une place sur deux aux tarifs habituels, j’ai dans l’idée que ce n’est pas parce que tu vas porter un masque, mais bien plus parce que de toute façon tu évites systématiquement les lieux publics confinés.

    Le refus de prendre en compte l’aérosolisation, alors qu’on est tous au courant, c’est le genre de chose qui aggrave la méfiance, d’ailleurs.

    Du coup, le choix de ne pas être allés vers une éradication du virus, et de le laisser circuler tant qu’on ne sature pas les services de réanimation, au motif de ne pas trop freiner l’économie, j’aimerais bien savoir quel « poids » ça a, justement, sur l’économie. À quel point ça a produit une « perte de confiance des consommateurs », surtout des plus de 45 ans, et à quel point ça chiffre déjà.

    Bref : à quel point un choix justifié par des considérations purement économiques produirait (à mon avis) des dégâts économiques. Alors que le choix de combattre plus activement le virus (comme d’autres pays l’on fait, en cherchant l’éradication, et pas le simple « containment »), sans doute plus coûteux à court terme, aurait évité cette perte de confiance.