• L’#Afrique est devenue le #dépotoir des véhicules dont l’Europe et le Japon ne veulent plus
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/26/l-afrique-est-devenue-le-depotoir-des-vehicules-dont-l-europe-et-le-japon-ne

    Quel passager d’un taxi de Dakar ou de Cotonou n’a pas suffoqué dans une Mercedes ou une Peugeot sans âge ? Les #voitures d’occasion que l’#Europe ou le #Japon déversent dans les pays africains sont à l’origine d’une #pollution massive dans les villes du continent.

    Périmés au regard des standards environnementaux ou de sécurité en vigueur dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), ces véhicules trouvent un dernier débouché dans les pays les plus pauvres, où seule une minorité de privilégiés peut accéder à la voiture neuve et où la réglementation des importations est peu exigeante sinon inexistante.

    • Autos für die Ewigkeit - Mercedes-Veteranen auf den Straßen der Welt
      https://www.youtube.com/watch?v=cONs04L5Yp4

      En Allemagen les Mercedss modèle /8 qui ont 40 ans ou plus sur le dos sont plus chères que bien des voitures neuves. En plus il est vrai que ces modèles se conduisent plus aisément que les voitures récentes qu’on doit équiper de caméras afin de permettre aux chauffeurs de voir ce qui se passe à l’arrière.

      Espérons que l’Afrique entrera plus facilement dans l’ère post-automobile que l’Europe. Malheureusement ce n’est une affaire gagnée tant que le mode de vie européen et étatsunien constituera une partie essentielle de l’utopie africaine.

      Ce film dont on soupconne les origines dans le département de marketing de l’entreprise de Stuttgart décrit la fascination et l’utilité pratique qui marquent l’image des Mercedes en Afrique - ce sont des voitures construites pour durer éternellement.

      #colonialisme

    • À l’inverse, ces modèles présentent un immense avantage. Jusqu’à ce qu’entre 1995 et 2001 la généralisation de l’électronique embarquée complique l’utilisation, jusqu’à ces voitures qui ne peuvent démarrer si tel ou tel point cloche (remorquage), et les réparation (faut du capital fixe : des boitiers de diagnostic à plusieurs dizaines de milliers d’euros) Ils préservaient une capacité d’action sur le véhicule qui ne se bornait pas à la conduite : réparer, quitte à forger des pièces. C’est bien plus économique. Y compris sur et à destination du marché européen, des véhicules de plus de 20 ans sont surcotés pour cette raison (ici beaucoup, de d’achats de caisses en Allemagne dont les contrôles techniques et le taux de renouvellement sont mahousses).
      D’autant que certaines des Mercedes en question faisaient fi de l’obsolescence programmée (600 000 bornes), comme des 4L Renault dans une une moindre mesure (moteur essence). Aujourd’hui pour trouver une telle durabilité, on peut cavaler, même avec des des dizaines de milliers d’euros.
      L’article semble typique de Le Monde : pourquoi ils achètent pas des hybrides ces pauvres ? On leur vendrait des centrales nucléaires ou des champs d’éoliennes ? Et la pollution induite par ce type de véhicule sera évoquée ... plus tard.

  • Après un naufrage, le Sénégal s’inquiète de la « recrudescence » des tentatives d’émigration
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/28/apres-un-naufrage-le-senegal-s-inquiete-de-la-recrudescence-des-tentatives-d

    Le Sénégal s’inquiète de la « recrudescence » des tentatives d’émigration clandestine vers l’Europe, après un nouveau naufrage qui a fait au moins dix morts et suscité une vive émotion dans le pays. Entre le 7 et le 25 octobre, la marine sénégalaise, appuyée par la Guardia Civil espagnole, a intercepté cinq pirogues en partance pour l’Europe, secourant au total 388 personnes, selon le gouvernement. (...)Les causes de cette « recrudescence » des départs n’ont pas été précisées, mais le Sénégal subit les conséquences de la pandémie de coronavirus, qui a entraîné la fermeture des frontières alors que le tourisme est l’un des principaux revenus du pays. Le secteur de la pêche a lui aussi vu ses débouchés se tarir. « Il ne restait qu’un seul choix à mon grand frère, émigrer pour gagner sa vie, d’autant que certains (de ses amis) arrivés en Espagne lui avaient envoyé des photos et vidéos affichant leur mieux-être », a déclaré à Saint-Louis Ousmane Djigo, sans nouvelle de son frère de 35 ans. Un ancien premier ministre, Abdoul Mbaye, a mis en cause Macky Sall. « De grâce, ne les laissez pas partir vers le mirage et souvent la mort. De grâce, retenez-les par l’emploi et l’espoir. De grâce, cessez de désespérer nos jeunesses (par) la mal-gouvernance, la corruption et l’injustice », a-t-il écrit sur Twitter.
    Plus de 60 migrants africains étaient morts noyés au large de la Mauritanie en décembre 2019, dans le pire naufrage que cette année a connu sur la route des migrations longeant la côte Atlantique, et 27 autres en août.
    Parmi les voies de migration pour gagner l’Europe, la route de l’Afrique de l’Ouest, par mer ou par terre, fut l’un des itinéraires privilégiés, emprunté par des dizaines de milliers de migrants au milieu des années 2000.
    Les Canaries (Espagne), à une centaine de kilomètres des côtes marocaines, offraient l’une des principales portes d’entrée à l’Union européenne.
    Les mesures prises par Madrid ont réduit le flux, alors qu’au même moment les migrants empruntaient en nombre les trajets méditerranéens vers l’Espagne, la Grèce ou l’Italie. Mais la route occidentale connaît ces dernières années un relatif regain en raison des mesures prises contre la migration transitant par la Libye, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#emigration#sante#economie#crise#oim#mortalite#routemigratoire#migrationirreguliere

  • Les migrants algériens affluent sur les côtes espagnoles
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/27/les-migrants-algeriens-affluent-sur-les-cotes-espagnoles_6057563_3212.html

    Depuis le début de l’été, près de 2 500 Algériens ont rejoint les côtes de la région de Murcie. C’est déjà plus que les 1 900 migrants arrivés durant tout 2019, alors que les principaux mois d’activité de la « route algérienne » vers l’Espagne s’étalent d’ordinaire d’octobre à décembre. Aux Baléares, plus de 60 embarcations avec près de 900 personnes à bord ont aussi accosté dans l’archipel. Un autre record. Et à Almeria, en Andalousie, des mafias proposent la traversée en moins de cinq heures pour 3 000 euros dans des embarcations ultra rapides. Au total, l’exode algérien représente, selon le dernier bulletin de l’agence européenne de gardes frontières Frontex, les deux tiers des traversées de migrants en Méditerranée occidentale.
    La principale raison de ce boom n’échappe à personne. « Ils ne peuvent pas nous renvoyer en Algérie à cause du Covid : les frontières sont fermées », fanfaronne Mohamed Ould Lavioud. C’est la quatrième fois que ce jeune homme de 22 ans traverse la Méditerranée. A chaque fois, il avait terminé son périple dans un Centre d’internement pour étrangers (CIE), où les migrants sont enfermés par la police durant au maximum soixante jours, le temps d’organiser leur rapatriement. « Mais cette fois, c’est la bonne ! », assure-t-il. L’Algérie, où l’immigration clandestine est un délit, semble débordée par ces départs. « Quand trente ou quarante embarcations sortent en même temps, les garde-côtes algériens ne peuvent rien faire », explique Anouar, 29 ans.
    Autour d’eux, ils sont des dizaines à attendre l’heure du déjeuner, servi dans la cantine de la Croix-Rouge, ou à tuer le temps avant de prendre le prochain bus pour Barcelone. Nabil Damane, 37 ans, guette lui l’arrivée de son cousin, qui descend de Nîmes pour le chercher et le ramener à Amiens. « Ma femme et mes enfants m’y attendent, raconte l’homme, édenté, en montrant sur son téléphone la bouille ronde de sa fille de 2 ans. J’ai été expulsé en décembre 2019 car je n’ai pas de papiers. A Alger, j’ai entendu que quelqu’un préparait un voyage en bateau depuis Chlef (à 200 km à l’ouest de la capitale). Ça m’a coûté 500 euros. On était dix-sept dans un zodiac de 6 mètres, avec trois femmes et un enfant de 3 ans. On a mis quinze heures », détaille-t-il.
    Fuir l’Algérie, pour lui, est une évidence. « Là-bas, il n’y a pas de boulot, pas de vie. L’Etat contrôle tout. Il faut être pistonné, faire partie d’une bonne famille. Si tu es pauvre, tu es condamné à attendre la mort. Et pourtant notre pays est riche en pétrole, en gaz, en diamant, mais l’Etat et ses généraux accaparent tout », résume-t-il, amer, avant d’annoncer : « Vous verrez, le 1er novembre, les Algériens vont sortir manifester. » Ce jour, anniversaire du début de la guerre d’indépendance (1954-1962), coïncide avec le référendum sur une nouvelle mouture de la Constitution algérienne proposé par le président Abdelmajid Tebboune. « On ne l’accepte pas. On veut changer le pays, mais l’Etat s’y refuse », poursuit Nabil Damane.
    La détérioration de la situation sociopolitique en Algérie est l’une des causes avancées par la préfecture de Murcie pour expliquer l’augmentation des migrants algériens, perceptible depuis septembre 2019. Dans les barques, on dénombre aussi quelques Marocains, de rares Subsahariens et des Tunisiens, mais « plus de 90 % des migrants qui partent d’Algérie sont des Algériens », insiste Mari Carmen Vera, directrice des opérations d’urgence de la Croix-Rouge. Elle rappelle que la ville de Carthagène « a toujours accueilli des migrants, mais ils arrivaient peu à peu, en novembre et en décembre. On les recevait dans le port de Santa Lucia, dans le centre. Cet été, il y a eu tant d’arrivées que ce n’était plus possible ».
    C’est au milieu des raffineries du port industriel d’Escombreras, coupé de Carthagène par deux postes de contrôle, interdit d’accès y compris aux journalistes, que les autorités ont donc installé le nouveau dispositif de la Croix-Rouge. Ce 20 octobre, 92 des quelque 250 migrants arrivés durant le week-end se trouvent encore sur le quai, sous de grandes tentes. Nourris et habillés, ils sont aussi identifiés par la police et soumis à un test PCR. Si un cas positif au Covid a été détecté sur une embarcation, tous les passagers sont envoyés dix jours en quarantaine à l’hôtel El Cenojo, perdu dans la nature, à 130 kilomètres de là. Si tous sont négatifs, ils peuvent continuer leur projet migratoire. La Croix-Rouge se charge alors de leur fournir un billet de car ou de train vers la ville espagnole de leur choix. La plupart du temps, ils optent pour Barcelone, ce qui leur permet de continuer ensuite leur route vers la France ou la Belgique. Les moins chanceux, sélectionnés selon des critères sibyllins, sont emmenés au CIE, qui a rouvert fin septembre en prévision d’une possible réouverture des frontières après la visite du chef du gouvernement Pedro Sanchez à Alger le 7 octobre.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#espagne#méditerranee#sante#exil#frontiere#frontex#quarantaine#test#crise

  • Covid-19 : l’OMS mise sur des tests rapides en Afrique
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/23/coronavirus-l-oms-mise-sur-des-tests-rapides-en-afrique_6057076_3212.html

    Selon l’OMS, « de nombreux pays africains ont eu du mal à effectuer des tests en nombre suffisant pour contrôler la pandémie ». « L’utilisation généralisée de tests rapides de haute qualité en Afrique peut révolutionner la réponse du continent » au virus, a déclaré le docteur Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Les nouveaux tests de diagnostic rapide basés sur la détection de l’antigène aideront à répondre aux énormes besoins de diagnostic en Afrique », a-t-elle ajouté.
    Dans des nombreux pays africains, le nombre de tests est réduit, limité aux grandes villes et aux voyageurs, et le délai d’attente des résultats varie entre 48 heures à plus de dix jours, selon l’OMS. « La plupart des pays africains se concentrent sur le test des voyageurs, des patients ou des contacts, et nous estimons qu’un nombre important de cas ne sont pas détectés », a dit le docteur Moeti. Les nouveaux tests rapides « sont faciles à utiliser, moins chers que les tests PCR et fournissent les résultats en 15 à 30 minutes seulement, ce qui permet aux pays de décentraliser les tests », estime l’organisation.

    #Covid-19#migrant#migration#sante##test#casimporte#voyageur#afrique#oms

  • « On n’a plus rien à vendre » : au Maroc, la crise sanitaire met un coup d’arrêt à la contrebande
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/20/on-n-a-plus-rien-a-vendre-au-maroc-la-crise-sanitaire-met-un-coup-d-arret-a-

    Les commerçants du souk Joutia, dans le quartier de Derb Ghallef, à Casablanca, affichent une mine dépitée. L’endroit, réputé pour son marché informel et ses contrefaçons, a beau grouiller de monde, Mohamed est inquiet : « Au début de la crise sanitaire, nous avons écoulé les stocks qui nous restaient, confie-t-il devant son échoppe de matériel électronique. Puis nous avons augmenté les prix sur certaines marques qu’on ne trouve pas dans le circuit formel. Aujourd’hui, nous n’avons plus rien à vendre. »
    Avec la fermeture des frontières marocaines, le 13 mars, à cause de la pandémie de Covid-19, le transport de marchandises non déclarées s’est brutalement arrêté. Comme seules les lignes commerçantes officielles ont pu continuer d’opérer, les produits de contrebande ont petit à petit disparu des étalages des commerçants. Une absence qui a révélé, en creux, l’ampleur considérable d’un trafic qui pèse 20 milliards de dirhams par an (environ 1,8 milliard d’euros), selon les douanes marocaines.
    Pendant des années, les marchandises de contrebande qui passaient par les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au nord du Maroc, ont inondé les marchés : agroalimentaire, textile, produits d’hygiène, matériel électronique, pièces automobiles… Des épiceries aux grandes surfaces en passant par les ateliers automobiles et les salons de beauté, on en trouvait partout.
    « Je faisais venir mes produits d’Europe et de Turquie via des transporteurs informels. Soyons honnêtes : la contrebande est au cœur du système. Le Covid-19 nous a montré à quel point tous les commerces en étaient dépendants », reconnaît la patronne d’un salon de coiffure à Casablanca, où une grande partie des produits en vente sont « en rupture de stock ». Si la plupart des entreprises agroalimentaires se sont tournées vers des producteurs locaux ou des sociétés d’importation officielles, beaucoup de commerçants ne parviennent pas à réformer leur modèle d’approvisionnement. « Je serai obligée d’augmenter le tarif de certaines prestations, explique la cheffe d’entreprise. Sans parler des produits qu’on ne trouve pas en dehors du marché noir. On ne sait pas si la situation est définitive ou non, on attend. »
    A Rabat, l’administration des douanes avait pourtant promis de mettre définitivement fin au trafic. En octobre 2019, le pays avait décidé pour la première fois de fermer Bab Sebta, un des deux points de passage frontalier qui séparent les enclaves espagnoles du Maroc. C’est là que s’opère le « commerce atypique », selon la terminologie officielle : Rabat ne reconnaissant pas la souveraineté de l’Espagne sur ces entités, il n’existe pas de douane commerciale entre les deux territoires et le sol marocain. Les marchandises venues d’Europe par voie maritime passent de l’Espagne au royaume chérifien sans contrôle, exemptées de taxes à payer, le plus souvent par l’intermédiaire de « femmes mulets » portant sur leur dos les marchandises, parfois au péril de leur vie. Ce trafic, juteux, est né il y a plusieurs décennies. « Une poignée de mafieux ont exploité le filon et organisé un réseau de transport de marchandises au noir », raconte le directeur général de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII), Nabyl Lakhdar, à Rabat : « Au début, les produits étaient essentiellement vendus localement, dans les régions du nord. Petit à petit, les contrebandiers ont réussi à les faire descendre. Evidemment, le trafic a attiré dans la région beaucoup de gens qui cherchaient un travail pour survivre. »

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#espagne#turquie#europe#trafic#economieinformelle#sante#crisesanitaire#frontiere

  • Des parlementaires européens se mobilisent pour les prisonniers d’opinion en Egypte
    Hélène Sallon, Le Monde, le 21 octobre 2020
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/21/des-parlementaires-europeens-se-mobilisent-pour-les-prisonniers-d-opinion-en

    La mobilisation parlementaire s’intensifie en Europe et aux Etats-Unis autour des prisonniers de conscience en Egypte. Dans une lettre ouverte rendue publique mercredi 21 octobre, 222 députés européens exhortent le président Abdel Fattah Al-Sissi à libérer tous les opposants politiques, défenseurs des droits humains et voix critiques, détenus arbitrairement dans les geôles égyptiennes, avec des risques sanitaires aggravés par la pandémie de Covid-19. Lundi, une lettre similaire avait été adressée au président égyptien par 56 membres du Congrès américain. « Le ton se durcit du fait de l’autisme des autorités égyptiennes face aux critiques répétées contre les violations des droits de l’homme et les attaques contre les opposants politiques », commente l’eurodéputé Vert Mounir Satouri.

    « Depuis son accession au pouvoir [en 2014], le président Sissi a criminalisé toute organisation et expression politique. L’Union européenne a continué à soutenir l’Egypte, même financièrement, comme si la question des droits de l’homme n’existait pas. Or, ce qui se joue, ce sont aussi nos valeurs et notre Etat de droit », poursuit l’eurodéputé français, rapporteur spécial sur l’Egypte auprès de la commission des affaires étrangères du Parlement européen. En octobre 2019, Bruxelles avait déjà épinglé Le Caire pour la détérioration significative de la situation des droits de l’homme et appelé à une « révision en profondeur » des relations européennes avec l’Egypte. Des milliers de prisonniers d’opinion y croupissent en prison, passant souvent plus de deux ans en détention provisoire.

    Situation critique

    Alors que la répression s’est amplifiée, 82 eurodéputés ont signé cette lettre, aux côtés de parlementaires de sept pays européens, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, alliées stratégiques du Caire. En France, 80 signataires – dont 66 députés, pour moitié issus de la majorité présidentielle – se sont joints à l’appel. « Il aurait pu y avoir un tournant dans le contexte Covid, mais l’Egypte n’a pas saisi cette occasion de relâcher des personnes qui vivent dans de mauvaises conditions sanitaires et qui sont en détention administrative », déplore la députée LRM Mireille Clapot, membre de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale.

    Sensibilisés par le cas du militant politique Ramy Shaath, arrêté en juillet 2019 et dont l’épouse française, Céline Lebrun-Shaath, a été expulsée d’Egypte, une dizaine de parlementaires avait manifesté en décembre 2019 en faveur des défenseurs des droits humains incarcérés. Et en janvier, 66 députés et eurodéputés français avaient signé une tribune dans Le Monde pour demander leur libération. Aujourd’hui, les signataires de la lettre ouverte réitèrent l’appel à relâcher tous les prisonniers d’opinion, dont une vingtaine sont nommés. « L’extrême surpopulation et le manque d’accès aux soins médicaux dans les lieux de détention et prisons ont créé une situation dramatique, et des informations sur des cas de Covid-19 parmi le personnel carcéral ont émergé », soulignent-ils.

    La pandémie de Covid-19, qui a fait 6 142 morts en Egypte selon les chiffres officiels, a rendu la situation critique. Les signataires déplorent le refus des autorités de procéder à des libérations exceptionnelles, recommandées par l’Organisation mondiale de la santé, et les restrictions supplémentaires imposées à la population carcérale et à leurs familles : de mars à août, les prisonniers ont été privés de contacts avec leurs proches. Céline Lebrun-Shaath a ainsi eu droit à deux appels téléphoniques mais n’a toujours pas été autorisée à rendre visite à son époux, malgré la pression de Paris. « La forte mobilisation des parlementaires est réconfortante, dit-elle cependant. On espère que les autorités égyptiennes entendent cet appel. » Au moins un décès des suites de l’exposition au SARS-CoV-2 en détention a par ailleurs été confirmé, celui du journaliste Mohamed Mounir.

    Nouvelle vague d’arrestations

    Les parlementaires exhortent aussi Le Caire à faire cesser les représailles à l’encontre des défenseurs des droits humains plaidant leur cause, comme Bahey Eldin Hassan. Exilé en France depuis 2014, le directeur de l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme a été condamné, en août, à quinze ans de prison ferme par contumace pour ses prises de position en faveur des droits humains. « De plus en plus de prisonniers d’opinion sont poursuivis sur de fausses accusations de terrorisme, comme les médecins qui ont critiqué la gestion du Covid-19 par les autorités égyptiennes », alerte-t-il.

    Depuis le 20 septembre, une nouvelle vague d’arrestations – plus de 900, selon la Commission égyptienne pour les droits et les libertés – vise ceux qui ont défié le pouvoir lors de manifestations contre la dégradation de la situation socio-économique et pour marquer l’anniversaire d’une mobilisation anti-Sissi qui avait déjà déclenché, en 2019, plus de 4 000 interpellations.

    « L’accumulation des pressions des pays partenaires, qui font levier sur l’Egypte, donnera un jour des résultats », est convaincu Bahey Eldin Hassan. La dégradation de la situation socio-économique met à mal, à ses yeux, l’argument avancé par le président Sissi auprès de l’Europe et des Etats-Unis d’être « le garant de la stabilité de l’Egypte et en conséquence de l’Union européenne, en agitant la menace des migrants ».

    Alors que les députés européens appellent à un discours de fermeté vis-à-vis de l’Egypte, la mobilisation des membres du Congrès américain – 55 démocrates et le sénateur indépendant Bernie Sanders – sonne comme un avertissement : la relation avec l’Egypte, qui reçoit une aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars (soit 1,1 milliard d’euros), pourrait être réévaluée à l’aune du respect des droits humains.

    #Ramy_Shaath #prison #Égypte #liberté_d'expression #parlementaires #USA #Europe

  • La hantise de l’hôpital public au Maroc retarde les diagnostics en cas d’infection au Covid-19
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/07/coronavirus-au-maroc-la-hantise-de-l-hopital-public-retarde-les-diagnostics_

    Le royaume chérifien ne déplore que 2 400 décès dus au Covid-19, mais avec seulement 1 642 lits en réanimation, tout le système de santé est sous tension.

    Fin août, la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos montrant le chaos dans un hôpital de Marrakech a fini d’achever la réputation du secteur public. On y voit des patients atteints du coronavirus dormir à même le sol, dans des conditions insalubres, privés de soins faute de matériel médical. « On est terrorisés à l’idée de finir comme eux. Avec le coronavirus, c’est fini la distinction entre riches et pauvres. Tout le monde est logé à la même enseigne, confie Dalila Hajji, consultante en ressources humaines de 43 ans, à Casablanca. Personnellement, si je ressens l’un des symptômes, je n’irai pas de me faire tester. Ils demandent la pièce d’identité et font remonter le résultat au ministère de la santé. »
    […]
    Enfin, depuis quelques semaines, les personnes déclarées positives ne sont plus contraintes de séjourner à l’hôpital si les symptômes sont légers. Un dispositif de suivi à la maison a permis à de nombreux malades de prendre le traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine depuis leur domicile, monitorés à distance par le personnel de santé. « Malgré tout, les gens n’ont pas confiance. Ils craignent toujours de voir l’ambulance arriver comme c’était le cas au début de la crise sanitaire », regrette [un] biologiste [à Rabat].