• affordance.info : L’homme qui a vu des données. Nuit de la publication et brouillard de l’intentionnalité.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/homme-qui-a-vu-des-donnees.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e9707839200b-600wi

    Tout tient dans ces quelques lignes. Plus de quinze ans de débat sur la responsabilité éditoriale des plateformes. Tout tient dans ces quelques lignes. La solution et le problème. Zuckerberg n’a pas décidé de bannir les discours de négation ou de remise en question de l’Holocauste parce qu’ils étaient contraire à la morale ou démentis par la vérité de l’Histoire. Il l’a décidé. Seul. Parce qu’il avait vu, seul, « des données ». Tout tient dans ces quelques lignes. Le problème Mark Zuckerberg. Le problème de 2,5 milliards d’utilisateurs. Et la solution Mark Zuckerberg. La solution d’un seul.

    Quelles données ? Nul le le sait sauf Zuckerberg lui-même. Que disaient elles ces données ? Que les violences antisémites augmentaient.

    Mais ce choix de Zuckerberg est aussi et avant tout une épiphanie. Celle de ce qu’Antoinette Rouvroy nomme « gouvernementalité algorithmique » : « La gouvernementalité algorithmique est l’idée d’un gouvernement du monde social qui serait fondé sur le traitement algorithmique des données massives plutôt que sur la politique, le droit et les normes sociales. » Quelle preuve plus éclatante - et alarmante - que celle là ?

    Zuckerberg est à la responsabilité éditoriale ce que le chat de Schrödinger est à la mécanique quantique. Il est responsable et en même temps il ne l’est pas. Au nom du premier amendement et du modèle économique de sa plateforme il doit garantir que tout puisse être dit et il doit rassurer sur le fait que tout ne peut pas l’être, en tout cas publiquement. Et toute la mécanique quantique de cet équilibre tient dans ces 12 lettres. « Publiquement ».

    Au final, plus la bulle Facebook gonfle et plus celle de l’espace public authentique et sincère se dégonfle. Ce n’est pas un hasard si cette plateforme se demande en Octobre 2021 s’il faut bannir les comptes négationnistes. Pas un hasard non plus si à chaque attentat ou crime terroriste - et celui de Samuel Paty vient encore de nous le rappeler - la frénésie médiatique sombre dans la même pantomime ridicule où l’on s’écharpe sur le non problème de l’anonymat et sur la capacité de censure directe et discrétionnaire comme alpha et oméga d’un débat qui évite soigneusement de mettre en cause les fonctionnalités techniques des plateformes qui produisent des conditions d’énonciation dégradées et toxiques au même titre que les conditions de production chez Marx produisent et fabriquent et déterminent des conditions d’exploitation.

    #Olivier_Ertzscheid #Facebook #Espace_public

  • Salut à toi le professeur. Salut à toi Samuel Paty.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/salut-a-toi-le-professeur.html

    Les actes de déséquilibrés ou de fanatiques répondant aux injonctions d’appels à la haine préexistaient aux réseaux sociaux. A ce titre là, la responsabilité de ces réseaux est plus corrélative que causale. En revanche et de tous temps, les actes de déséquilibrés ou de fanatiques répondant aux injonctions d’appels à la haine ont à peu près toujours été causés structurellement par des formes de publicitarisation en amont comme en aval de leurs crimes. Ce sont des formes primaires et primales de publicitarisation qui concourent à leur passage à l’acte, et c’est la conviction qu’ils ont que leur crime sera publicitarisé et non pas simplement « rendu public », c’est cette conviction qui est l’un des moteurs essentiels de leur passage à l’acte. Parvenus à la fin de cet article, vous comprendrez, j’espère, pourquoi je ne vous mets pas de liens.

    Reste la question des caricatures, de ce que l’on peut en faire et comment, dans un cadre éducatif. La question de la performativité de ces dessins. Qui malgré la bouillie intellectuelle qu’en font les éditorialistes à écharpe et autres exégètes de leur propre vacuité, remplissent un rôle et une fonction parfaitement définie. Et qu’expliquait très bien André Gunthert dans ce thread sur Twitter (je souligne) :

    "Il y a un paradoxe étrange à voir les gens se plaindre constamment des réseaux sociaux à cause de la violence des échanges, et prétendre que les caricatures sont les outils ultimes de la liberté. Ce qui définit une caricature, c’est qu’elle produit une violence. En termes linguistiques, on dit qu’il s’agit d’une expression performative, c’est à dire qu’elle a un effet, comme une insulte ou un coup. Parce que la caricature est puissante, l’exercice de cette violence ne peut pas s’effectuer sans règle, ni de façon gratuite, dans l’espace public. La règle qui régit la caricature est simple : elle punit un travers, elle réagit à une action ou un propos coupable. Cette sanction visuelle fait évidemment l’objet d’une surveillance, comme n’importe quelle expression dans l’espace public. Comme n’importe quel jugement journalistique, un dessin peut être inapproprié ou non pertinent, et il existe des instances pour en juger. Il n’existe donc aucune exception particulière à la forme dessinée, qui donnerait droit à une critique essentialiste d’un groupe, d’une opinion ou d’une croyance. La satire n’est légitime que si elle concerne un fait critiquable."

    Encore une fois, si l’on veut comprendre la chaîne des responsabilités, il faut s’entendre sur le périmètre et la nature de l’espace public dans lequel elles prétendent s’exercer. Je vous propose de le nommer, cet espace particulier. Les réseaux sociaux sont intrinsèquement, structurellement et architecturalement des espaces « publi-cides », « publi-cidaires ». Des espaces « publi-cidaires » qui ne dévoilent, ne révèlent ou n’autorisent des lieux commus de discours que pour mieux tuer la question de l’espace public de leur résonance.

    Parvenus à la fin de cet article, vous avez j’espère compris pourquoi je ne vous ai pas mis certains liens.

    Salut à toi le professeur
    Salut à toi Samuel Paty
    Salut jeunesse du monde entier

    https://twitter.com/oliviertesquet/status/1318235520825176065

    • Je trouve pas terrible ce texte - d’abord il est inutilement compliqué, ensuite ses jeux de mots sur « publicide » "espace public" « publicité » "publici..." sont mauvais, et surtout il me semble pas que le pbl soit les réseaux sociaux. A ce compte là autant accusé le téléphone d’avoir cause la première guerre mondiale.
      « si l’on veut comprendre la chaîne des responsabilités » ca serait pas mal de se souvenir que ce prof à demandé de l’aide à l’institution qui l’as envoyé boulé, le laissant sans protection alors qu’il en a demandé. Un peu comme toujours en ce moment que les institution ne sont plus que des comptables avides de rentabilité.

      Je trouve aussi obscène ce ramdam autour d’un mort, un fait divers anecdotique qui n’est pas du tout un fait de société - par contre il y a des terroristes de la bite qui tuent une femme tous les 2-3 jours et pas de grande manif ni d’arrestation chez les assos mascu, les proxo, les pornocrates et autres groupes de zobards.

  • affordance.info : Tadata ou la prostitution comme business model
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/tadata-ou-la-prostitution-comme-business-model.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026be41884ed200d-600wi

    C’est un frémissement si caractéristique de Twitter, une onde d’abord calme puis un déchaînement. L’objet du débat s’appelle « Tadata ».

    C’est une start-up. Qui permet à des jeunes, dès leur majorité numérique (fixée à 15 ans pour la France), à des jeunes de 15 ans donc, de vendre (oui oui) leurs données personnelles à des tiers et d’en tirer (plus que maigre) bénéfice à base de bons d’achats, coupons de réductions et - parfois seulement - contre (très peu) d’espèces sonnantes et trébuchantes.

    [Edit] La réaction à cet article de l’un des deux fondateurs du service est à lire en commentaire et à la fin du billet
    Se prostituer pour ses données.

    Le pitch est simple : « les méchants GAFAM te volent tes données ? Tu en as marre que ce soit gratuit et d’être le produit ? Deviens entrepreneur de toi-même et vends tes données pour te faire de l’argent de poche. » [vous pouvez vomir ici]

    Quand la CNIL devient un argument marketing des voleurs de données... on croit rêver.

    Cette entreprise de Data prostitution pour mineurs, la première en France, a été créé par Alexandre Vanadia et Laurent Leboucher Pomiès. Un temps justement cornérisée par la CNIL, elle se vante désormais d’avoir obtenu le feu vert d’icelle, ce qui m’avait passablement irrité avant que Lionel Maurel ne me rappelle justement que « le RGPD ne prévoit plus d’autorisation préalable par la CNIL ». L’application de prostitution de données pour mineurs s’est donc en effet « mise en conformité » sur quelques fondamentaux purement techniques et s’est ensuite empressée de communiquer par voie de presse sur ce « validé par la CNIL » qui n’a rien validé d’autre que le fait qu’elle existait.

    De fait, la CNIL avait initialement été saisie sur la base d’une plainte, et actuellement la CNIL ne fait « que » vérifier la validité du consentement recueilli et les conditions de désinscription du service. Et basta.

    #Tadata #Olivier_Ertzscheid #Affordance.info #Grosse_colère

  • « #Tadata ou la #prostitution comme business model [...] C’est une start-up. Qui permet à des jeunes, dès leur majorité numérique (fixée à 15 ans pour la France), à des jeunes de 15 ans donc, de vendre (oui oui) leurs données personnelles à des tiers et d’en tirer (plus que maigre) bénéfice à base de bons d’achats, coupons de réductions et - parfois seulement - contre (très peu) d’espèces sonnantes et trébuchantes. »

    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/tadata-ou-la-prostitution-comme-business-model.html

    Très bon article sur cette activité de proxénète des données.

    #vie_privée