• Les sources objectives des inégalités sociales - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2020/10/10/ineg-o10.html
    https://www.wsws.org/asset/13151cfd-e042-4bc2-98d6-b7c1ec8d8845?rendition=image1280

    Il y a une nervosité grandissante dans les milieux politiques américains et internationaux face aux conséquences explosives des inégalités sociales toujours croissantes, qui s’accélèrent maintenant en raison des milliers de milliards de dollars distribués aux élites financières au pouvoir et aux grandes entreprises pour garantir que leur accumulation de richesse puisse se poursuivre sans relâche durant la pandémie de COVID-19.

    Ceci est associé à des efforts désespérés pour propager le mythe selon lequel une sorte de réforme de l’économie capitaliste serait possible afin de parer à une éruption de la lutte de classe.

    Deux articles récents, l’un dans lemagazine Time, un bastion médiatique de l’establishment politique américain, l’autre dans Foreign Affairs, la première revue américaine de politique étrangère, affichent ces deux tendances.

    Le 14 septembre, Time apublié un article majeur rapportant les résultats d’une étude menée par le personnel de RAND Corporation, un groupe de réflexion américain établi de longue date, qui a révélé l’impact massif de l’élargissement des inégalités sociales aux États-Unis au cours des 45 dernières années.

    L’étude RAND a révélé qu’au cours de cette période, près de 50.000 milliards de dollars avaient été détournés vers les échelons supérieurs de la société américaine au détriment des revenus des 90 pour cent des plus pauvres Américains, allant principalement au 1 pour cent le plus riche. Elle a révélé que si la répartition des revenus était restée ce qu’elle était pendant la période de 1945 à 1975, les travailleurs américains des 90 pour cent les plus pauvres auraient obtenu des revenus supplémentaires de 2500 milliards de dollars en 2018.

    Comme le note l’article du Time : « C’est un montant égal à près de 12% du PIB – assez pour plus que doubler le revenu médian – assez pour payer à chaque Américain travaillant dans les neuf déciles inférieurs 1144 $ supplémentaires par mois. Chaque mois. Chaque année. »

    Bien que l’article n’utilise pas le terme « classe » – un concept qui relève du tabou dans l’analyse politique en pleine campagne menée par le New York Times pour expliquer chaque question sociale à travers le prisme de la « race » – les données produites par les chercheurs de RAND, Carter C. Price et Kathryn Edwards, montrent clairement que c’est le facteur déterminant de la répartition des revenus. Il a noté que, « quels que soient votre origine ethnique, votre genre, votre niveau de scolarité ou votre revenu, les données montrent que si vous gagnez en dessous du 90e centile, la redistribution incessante des revenus vers le sommet de la société depuis 1975 s’est produite aux dépens de votre porte-monnaie ».

    L’article du Time a également cité d’autres recherches du groupe de réflexion American Compass qui ont montré que tandis qu’un travailleur de sexe masculin à revenu médian en 1985 avait besoin de 30 semaines de revenu pour payer le logement, les soins de santé et l’éducation de sa famille, ce chiffre était passé à 53 semaines en 2018 – plus qu’une année réelle.

    « En 2018, le revenu combiné des ménages de couples comptant deux travailleurs à temps plein était à peine supérieur à ce que le revenu d’un ménage à un seul revenu aurait gagné si les inégalités étaient restées constantes. Les familles à deux revenus travaillent maintenant deux fois plus d’heures pour garder une part décroissante du gâteau, tout en s’efforçant de payer les frais de logement, de soins de santé, d’éducation, de garde d’enfants et de transport qui ont augmenté de deux à trois fois le taux d’inflation. »

    L’argent est allé aux couches à revenu supérieur. La part allant au 1 pour cent le plus riche du revenu total est passée de 9 pour cent en 1975 à 22 pour cent en 2018, tandis que les 90 pour cent les plus pauvres ont vu leur part chuter de 67 pour cent à 50 pour cent.

    Cela a abouti à une situation où 47 pour cent des locataires sont au bord du gouffre ; 40 pour cent des ménages ne peuvent pas faire face à une urgence coûtant 400$ ; 55 pour cent de la population n’ont pas d’épargne pour leur retraite ; 72 millions de personnes soit n’ont pas d’assurance maladie, soit sont sous-assurés et ne peuvent payer les fameuses quotes-parts des soins ; et des millions de personnes sont obligées de travailler dans des conditions dangereuses en raison du COVID-19 parce qu’elles n’ont aucun autre moyen de survie.

    Après avoir présenté un ensemble de statistiques accablantes, l’article du Time a ensuite cherché à masquer leurs causes sous-jacentes et à empêcher que les conclusions politiques nécessaires ne soient tirées. Il a insisté sur le fait que « cette redistribution à la hausse des revenus, de la richesse et du pouvoir n’était pas inévitable ; c’était un choix : un résultat direct des politiques de retombées que nous avons choisi de mettre en œuvre depuis 1975. » [souligné dans l’original]

    Selon l’article, c’est « nous » qui avons « choisi » de réduire les impôts des milliardaires, d’autoriser les rachats d’actions pour manipuler le marché boursier, de permettre aux entreprises d’acquérir un pouvoir considérable par le biais de fusions et d’acquisitions, de permettre l’érosion du salaire minimum et d’élire des politiciens qui placent les intérêts des riches et des puissants avant ceux de la population américains.

    (...)