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  • Nantes. La Chine veut réécrire l’histoire, le château refuse
    Ouest-France Magali GRANDET. Publié le 13/10/2020
    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-la-chine-veut-reecrire-l-histoire-le-chateau-refuse-7012672

    C’est un travail de plusieurs années, mené par le château des ducs de Bretagne, à Nantes, qui vient de s’écrouler. L’équipe ne pensait pas en arriver là lorsqu’elle a commencé, en lien avec le musée de Hohhot (Mongolie intérieure), à travailler sur Gengis Khan.

    Né autour de 1160, ce personnage « a créé un des plus grands empires du monde, construit une paix relative, permis les connexions est-ouest, etc. Il était aussi d’une extrême tolérance religieuse, ce qui est assez rare. On voulait montrer ça aussi dans l’exposition », résume Bertrand Guillet, directeur du château de Nantes. D’abord repoussée au premier semestre 2021, l’exposition n’aura finalement jamais lieu sous sa forme initiale. https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-la-chine-fait-pression-l-expo-gengis-kahn-annulee-7011381

    Répression

    « Au départ, tout se déroulait correctement, d’autant que cette exposition avait été montrée il y a trois ans aux Pays-Bas… » Mais la situation s’est tendue au cours de l’été. « Elle s’explique par la répression en cours en Mongolie intérieure (1), dans un contexte de remise au pas politique », déploreBertrand Guillet.

    Le bureau du patrimoine à Pékin, qui délivre les autorisations de sortie des œuvres et objets, « l’un des derniers passages obligés », n’a pas goûté la version du projet nantais.

    « Cette exposition valorisait la culture et la diversité mongoles, ce qui va à l’encontre de ce que la Chine entend faire, appuie Bertrand Guillet. Elle veut éradiquer toutes les minorités qui ont pesé à un moment donné dans son histoire. On assiste à une révision politique des événements. »

    Dans un premier temps, « les autorités centrales chinoises » ont voulu « faire disparaître des éléments de vocabulaire, comme les mots Gengis Khan, empire et mongol ».

    Contrôle

    Ensuite, elles ont souhaité modifier le contenu de l’exposition et « contrôler l’ensemble de nos productions, les textes, le catalogue et particulièrement les cartes géographiques », détaille Bertrand Guillet. Le nouveau synopsis proposé « rabaissait les Mongols à une ethnie mineure ».

    Intolérable pour l’équipe du château, qui a décidé d’annuler l’exposition, « au nom des valeurs humaines, scientifiques et déontologiques que nous défendons dans notre institution ».

    Mais elle va continuer à travailler autour du personnage de Gengis Kahn : « Un autre projet va être monté avec le musée d’histoire de Montréal. » Une autre exposition sera visible au château, en 2024 « avec des collections venues d’Allemagne, du Danemark, du Canada et des États-Unis ». Sans la Chine.

    (1) Dans cette région autonome du nord, où vivent plus de Mongols qu’en Mongolie indépendante, le Parti communiste chinois veut notamment imposer le mandarin dans l’enseignement.

    #Chine