En dépit du climat pesant, pas de risque de guerre civile au Liban

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  • En dépit du climat pesant, pas de risque de guerre civile au Liban
    Par Scarlett HADDAD, le 15 octobre 2020 L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1236567/en-depit-du-climat-pesant-pas-de-risque-de-guerre-civile-au-liban.htm

    (...) En même temps, des incidents sécuritaires se sont multipliés, dans plusieurs régions, à Khaldé, à Tarik Jdidé et à Baalbeck-Hermel. Plus grave encore, la bataille en bonne et due forme qui s’est déroulée dans le nord du pays, opposant l’armée libanaise à des cellules de Daech. À ce sujet, il faut préciser que cette bataille, qui a commencé dans la foulée de la tuerie de Kaftoun, a duré plusieurs jours, des soldats et officiers de l’armée y sont tombés, mais elle a finalement abouti au démantèlement d’une cellule importante de Daech. Alors qu’habituellement les cellules de Daech, ou de ses semblables, sont composées d’au maximum 5 personnes, pour pouvoir être mobiles et se fondre plus facilement dans l’environnement populaire, celle-ci était formée de 32 personnes. Elle possédait des armes sophistiquées et disposait d’un plan de déstabilisation du pays à volets multiples, qui consistait à attaquer des lieux saints chrétiens et chiites, pour préparer le terrain à une discorde entre eux. Ensuite, des attaques contre des positions de l’armée étaient prévues pour paralyser cette dernière et l’empêcher de s’interposer entre les chiites et les chrétiens. Le chef de la cellule a été tué lors des affrontements mais un de ses adjoints est actuellement entre les mains de l’armée. Selon ses révélations, la cellule avait même planifié de lancer une attaque spectaculaire lors de la visite d’une personnalité importante au Liban, mais pour des raisons logistiques, cette idée a été abandonnée.

    Tous ces éléments mis bout à bout incitent certains à penser que le Liban serait à la veille de développements encore plus dramatiques que ceux qu’il a déjà vécus.

    Mais des sources sécuritaires bien informées affirment qu’il n’y a pas de véritable risque, actuellement, d’éclatement d’une nouvelle guerre civile au Liban. Selon ces sources, un tel projet exige, pour prendre forme, une décision internationale et un financement. Or, jusqu’à présent, rien n’indique qu’une telle décision internationale existe. Au contraire, l’initiative française montre qu’il y a une volonté internationale d’aider le Liban et d’empêcher son effondrement total. De même, il n’y a pas de financement extérieur pour alimenter une guerre civile au Liban. Daech et quelques groupes ont certes des moyens financiers, mais ce sont les leurs propres. Ces organisations ne bénéficient pas du soutien d’un État extérieur pour leur projet de déstabilisation du Liban. De plus, le fait que l’armée et les FSI (en particulier leurs services de renseignements), aient mené la bataille contre la cellule de Daech jusqu’à son démantèlement total, montre que la déstabilisation du pays reste une ligne rouge.

    Toujours selon les mêmes sources, les rapports de forces internes, dans le pays, sont en outre différents de ceux qui existaient en 1975, lors du déclenchement de la guerre civile. L’armée et les FSI continuent de bénéficier d’une couverture globale, même si en raison de l’effondrement de la livre par rapport au dollar américain, les salaires de leurs membres ont été dramatiquement réduits. Mais cela n’influe pas sur leur motivation ni sur leur détermination. L’armée libanaise d’aujourd’hui ne se divisera pas en brigades confessionnelles comme ce fut le cas dans le passé. Elle reste la garante de l’unité du pays. Enfin, le Hezbollah, avec l’expérience qu’il a acquise, est certainement une force avec laquelle il faut compter. Pour toutes ces raisons, il n’y a pas de risque d’une nouvelle guerre civile, estiment les sources sécuritaires précitées. Par contre, cela ne signifie pas que toutes les parties peuvent se livrer à leur activité favorite, la division et les insultes. Elles doivent donc assumer leurs responsabilités non seulement par rapport aux Libanais mais aussi par rapport à leur patrie. Plus elles sont divisées et plus les brèches sécuritaires peuvent se multiplier.

    #Liban