En Guyane, un couvre-feu évolutif efficace contre la première vague de l’épidémie de Covid-19

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  • En Guyane, un couvre-feu évolutif efficace contre la première vague de l’épidémie de Covid-19
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    Territoire français amazonien peuplé de 283 500 habitants, la Guyane est sortie de l’état d’urgence sanitaire le 17 septembre par décret. On y recense jusqu’à présent plus de dix mille cas de coronavirus (dont près de 9 900 guérisons), 69 décès en milieu hospitalier, 14 patients hospitalisés et cinq en réanimation.D’après une étude mise en ligne le 12 octobre, qui associe notamment l’Institut Pasteur, Santé publique France, le Centre hospitalier de Cayenne, l’Université de Guyane et l’Agence régionale de santé, le couvre-feu a eu un impact significatif au plus fort de l’épidémie, en juin et juillet. « En deux ou trois semaines, il y a eu une baisse de plus de 30 % du taux de reproduction du virus. On est passé de 1,7 à 1,1 », observe le docteur Mathieu Nacher, professeur en épidémiologie au Centre hospitalier de Cayenne, l’un des coauteurs de l’étude
    « Les modèles montrent que les lits de réanimation occupés ont été divisés par trois ou quatre » en quelques semaines, précise-t-il. « Certains voulaient tout fermer ; d’autres étaient pour le contraire. On a choisi une voie médiane, qui a eu un impact », poursuit M. Nacher, qui a participé à la réflexion sur la gestion de la crise avec le professeur Félix Djossou, chef du service des maladies infectieuses au Centre hospitalier de Cayenne, également coauteur de l’étude. « La vague a été plus longue, mais moins haute que partout ailleurs, ce qui a permis à notre système de santé de faire face plus facilement, nous évitant d’être submergés », ajoute le professeur Djossou.« Le couvre-feu a été un mécanisme évolutif : on resserre quand l’épidémie est à son pic, et on desserre quand il y a moins de cas. Cela permet de ne pas étouffer totalement l’économie », argumente-t-il. L’étude aborde d’autres mesures : le confinement de 23 zones de cluster et le développement d’une grande capacité de test. La jeunesse de la population guyanaise – vingt-sept ans en moyenne – a contribué aussi à faire baisser le risque d’hospitalisation.L’analyse du cas guyanais révèle également la nécessité d’adapter les mesures à un territoire grand comme le Portugal, dont l’intérieur forestier n’est accessible qu’en pirogue ou en avion, avec un mode de vie différent du littoral. Ainsi, Camopi, commune amérindienne à la frontière avec le Brésil, a été reconfinée le 30 septembre pour deux semaines par le préfet, après une cinquantaine de cas en septembre sur 1 800 habitants. Les écoles et le collège de la commune ont été fermés.
    « Une atteinte à la liberté de travailler et de circuler »
    « C’est difficile de faire passer le message de rester en famille isolée à une population qui vit en communauté, où un foyer peut abriter deux à trois familles », souligne Laurent Yawalou, le maire de Camopi. « L’arrêté préfectoral qui couvre toute la Guyane n’est pas très relayé ici, car il n’y a pas de contrôle, et on ne circule quasiment pas la nuit, à part des chercheurs d’or clandestins », poursuit l’édile. Pour réduire le risque sanitaire, « nous avons demandé à la population de se confiner par famille dans leurs abattis – les zones agricoles traditionnelles », précise M. Yawalou.

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