Coronavirus : le couvre-feu pour tenter de sauver le dispositif de traçage des cas contacts, Chloé Hecketsweiler
Malgré les efforts des brigades, la plupart des chaînes de contamination ne sont pas détectées. Près de 75 % des nouveaux cas identifiés ne sont liés à aucun cas connu.
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Les enquêtes autour des clusters, elles aussi, marquent le pas. « Leur nombre identifié est probablement largement sous-estimé » , relève Santé publique France dans son point épidémiologique. « La forte activité observée ces dernières semaines entraîne un délai dans la validation et la notification des clusters. La dynamique du nombre de signalements hebdomadaires ne constitue donc plus un indicateur pertinent dans le suivi de l’épidémie » , est-il précisé.
Même s’ils ne représentent que le sommet de l’iceberg, ces clusters sont déjà difficiles à suivre pour les enquêteurs des agences régionales de santé chargés des enquêtes en collectivité. En Ile-de-France, où l’incidence est désormais supérieure à 300 cas pour 100 000 habitants (plus de 400 à Paris), le nombre de dossiers à traiter a été multiplié par dix depuis deux mois, passant de 20 signalements par jour fin août à plus de 200 fin septembre. Conséquence : début octobre, plus de 800 étaient en attente de traitement, notamment à Paris et en Seine-Saint-Denis.
Une équipe dédiée a été constituée, des effectifs supplémentaires embauchés et, depuis, « ce chiffre a diminué, va continuer de diminuer », assure Aurélien Rousseau, le directeur de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France, rappelant que certaines enquêtes prennent beaucoup de temps, « tout particulièrement lorsqu’elles impliquent un grand nombre de personnes qui n’ont pas respecté les gestes barrières » .
Pour un traçage efficace, « il faut revenir à un nombre de nouveaux cas quotidien plus raisonnable de l’ordre de 5 000 par jour » , estime Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique. C’est l’un des enjeux du couvre-feu décrété en Ile-de-France et dans huit métropoles. _« Avec 5 % à 10 % de la population immunisée, si on arrive à amener le nombre de reproduction – le R – à 0,9 grâce à cette mesure, il faudrait six semaines pour y parvenir »_ , calcule le scientifique, en rappelant qu’à la sortie du confinement le R était de 0,7.