• Cent Mille Ans | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2020/12/19/cent-mille-ans

    La Meuse n’a pas été choisie au hasard. La filière #nucléaire y a jeté son dévolu après avoir été expulsée partout ailleurs. On compte dans les environs de Bure 6 habitants au kilomètre carré, avec une population vieillissante. Claude Kaiser, un élu local, raconte souvent cette anecdote. Lorsqu’il avait rencontré une conseillère du Premier ministre Lionel Jospin, au début du projet, celle ci lui avait dit de « mettre 10 000 personnes dans la rue à Bar le duc. A partir de là, on pourra peut-être commencer à discuter ». L’élu local lui a répondu que c’était impossible dans la Meuse. « c’est bien pour cela qu’elle a été choisie », a-t-elle alors rétorqué.

    Avec la bande dessinée Cent Mille Ans, ce qui nous préoccupe se situe moins en profondeur qu’à la surface. A Bure, nous avons compris que le nucléaire n’est pas seulement un enjeu technique ou une question d’expertise scientifique. Il est avant tout une manière de gouverner : un ordre social qui achète les populations locales, et réprime ses opposants.

  • U.S.A. : #fascisme ou abolition | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2020/10/20/u-s-a-le-fascisme-ou-labolition

    Secondé par le Parti Républicain, Trump tente aujourd’hui d’invalider par avance l’élection de novembre 2020 à laquelle pourtant il participe, jouant ainsi sur deux tableaux à la fois au cas où il ne serait pas élu : en détruisant les services postaux, ce qui a pour effet de ralentir l’acheminement des bulletins de votes envoyés par la poste et pourra ainsi invalider les bulletins arrivés trop tard (au Texas, le gouverneur a eu une meilleure idée : se débarrasser des boites où les électeurs des régions à majorité démocrate peuvent déposer leur bulletin) ; en purgeant les listes électorales et exigeant des preuves d’identités parfois impossibles à produire ; en réduisant la possibilité de voter avant le 3 novembre (early voting), alors que le vote est un mardi, c’est-à-dire un jour où il est difficile de voter pour ceux qui travaillent ce jour-là ; en appelant des électeurs à voter deux fois, par correspondance et aussi le jour du vote, alors que c’est un crime ; en déclarant par avance les élections « truquées » ; en appelant les milices d’extrême-droite, genre Proud Boys, à « surveiller » les élections, c’est-à-dire à intimider ceux qui vont voter. Et il y a de quoi être intimidé, quand on est African-American, c’est-à-dire quand on est un sujet pouvant être tué impunément – tué avec la bénédiction du pouvoir en place.

    Nietzsche avait raison de dire que les événements importants arrivent souvent inaperçus, avec la légèreté de « pattes de colombes » ; mais certains d’entre ces événements arrivent parfois avec des fusils d’assaut. Tout ce dont je parle est effectué au grand jour, il s’agit d’une fascisation directe, établie à partir d’actes revendiqués, justifiés, validés par les cours suprêmes de chaque État lorsqu’elles sont à majorité Républicaine, tout le contraire d’un complot obscur. Il semble d’ailleurs, pourrait-on dire à titre d’hypothèse para-freudienne, que plus la brutalité réelle est manifeste, sans discours cherchant à la dissimuler dans un jet de brouillard idéologique, plus c’est la dissimulation elle-même qui devient l’objet d’un investissement psycho-politique déplacé : une cause obscure, délirante (QAnon), cherche à évincer les causes évidentes (brutalité du pouvoir et de l’argent). On tue au grand jour (policier filmé en train d’asphyxier un sujet africain-américain), on ment effrontément, on expose sans vergogne la vie des populations au COVID-19. On déclare que de toute façon la démocratie n’est pas l’objectif de la société états-unienne3.