« Les habits neufs de la mondialisation »

/covid-19-les-habits-neufs-de-la-mondial

  • Covid-19 : « Les habits neufs de la mondialisation »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/22/covid-19-les-habits-neufs-de-la-mondialisation_6056951_3232.html

    Un mouvement inverse est en cours : la reconquête de la souveraineté économique dans certains secteurs, quitte à en assumer les surcoûts. Cette évolution ne mettra pas un terme à la mondialisation. Intimement liée à la technologie, l’internationalisation des échanges va se poursuivre. Mais elle sera peut-être plus régionale que globale. Peut-on parler d’une mondialisation de proximité ? Voilà dix ans déjà que Jean-Louis Guigou, le président de l’Ipemed (Institut de prospective économique du monde méditerranéen), parle de trois « zones d’influence privilégiée » appelées à former les grands espaces d’intégration économique de demain : le bloc américain ; les Asies ; enfin, un axe Europe-Afrique.
    Les deux premiers cités, observe Guigou, économiste et ancien haut fonctionnaire, sont dotés des instruments d’une telle évolution : centres de réflexion économiques communs ; banques régionales ad hoc ; organisations politiques multilatérales (qu’il s’agisse de l’Organisation des Etats américains ou de l’Association des nations d’Asie du sud-est).
    La guerre tarifaire que Donald Trump a déclarée à la Chine est un échec. Elle n’a produit aucune relocalisation aux Etats-Unis d’entreprises américaines installées en Chine. Elle n’a en rien amélioré le sort des travailleurs américains. En revanche, la renégociation par Trump du marché commun nord-américain (ex-Aléna, devenu AEUMC) entre le Canada, le Mexique et les Etats-Unis est un bon exemple des évolutions en cours de la mondialisation Elle protège cette zone : les biens y circulent libres de droits dès lors qu’ils sont largement fabriqués dans cet espace. Elle protège les travailleurs : dans l’automobile, un Mexicain ne peut gagner moins de 70 % de ce qu’il gagnerait à Detroit. L’intégration commerciale passe par l’harmonisation progressive des normes – salariales, environnementales et autres.
    Jean-Louis Guigou regarde ses cartes de géographie : « L’Afrique du Nord, ce devrait être le Mexique de l’Union européenne. » Le développement de demain, ce n’est pas l’échange d’hier (matières premières contre biens à forte plus-value), mais la coproduction. La Méditerranée, dit-il encore, « ce nest pas un obstacle, mais un trait d’union entre l’Europe et l’ensemble du continent africain ». Au « manque de vision, d’anticipation, de passion » qui caractériserait le Vieux Continent, Guigou oppose l’ambition d’une « Verticale Afrique-Méditerranée-Europe ».

    #Covid-19#migrant#migration#mondialisation#europe#afrique#mediterranee#sante#crisesanitaire#circulation#echange