quand la vidéo de décapitation était en fait un film de Dupontel

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  • Au procès des attentats de janvier 2015 : quand la vidéo de décapitation était en fait un film de Dupontel
    https://www.franceinter.fr/justice/au-proces-des-attentats-de-janvier-2015-quand-la-video-de-decapitation-e

    (...) À l’époque, il ignore qu’il s’agit du futur terroriste de Charlie Hebdo. Il ne le reconnaît qu’après la médiatisation de sa photo. Et en parle spontanément aux enquêteurs “parce que je veux faire preuve de bonne foi, que je pense que ça peut être utile à l’enquête". Et puis, il faut appeler un chat un chat, je suis barbu. Et on me posait 15 000 questions”. 

    D’ailleurs, Miguel Martinez n’attend qu’une chose : pouvoir démentir les soupçons de radicalisation dont il est l’objet. "Vous n’avez pas de question à me poser sur ma radicalisation ?” demande-t-il ainsi à l’avocate générale. “Ça fait 4 ans qu’on dit que je suis radicalisé. Et vous ne me posez pas de question ?” Alors, il raconte tout seul : “quand je suis arrivé dans le bureau de la juge d’instruction. Elle m’a dit : “ah ben ça tombe bien, j’avais pas encore de barbu dans ce dossier”. Vous pouvez demander à mon avocate, elle était témoin. Le premier assesseur chargé de l’interroger évoque "la dizaine de livres ayant trait à l’Islam" retrouvés en perquisition. “On peut en parler, explique tranquillement Miguel Martinez, mais ils ont pris que ces livres-là en photo. On dirait que je n’ai qu’une dizaine de livres, mais j’ai plein d’autres bouquins”. “Les perquisitions, tente de modérer le premier assesseur, c’est comme les trains qui arrivent en retard. On ne parle jamais de ceux qui arrivent à l’heure”. Autrement dit, les éléments à décharge. 

    Mais plus que la bibliothèque de Miguel Martinez, ce qui a intéressé les enquêteurs antiterroristes, c’est cette vidéo. Une vidéo de décapitation devant laquelle son beau-père l’aurait surpris en train de rigoler. À la barre, le beau-père en question apparaît très éprouvé, il chuchote à peine. Très vite, on comprend que Miguel Martinez n’est pas exactement l’incarnation du gendre dont il rêvait pour sa fille. (...)

    Jusqu’à donc cette “vidéo horrible : une violence incroyable, une femme décapitée avec une pelle”. Invité à préciser le contenu de cette vidéo, il détaille : “il y avait deux hommes dans une voiture avec une pelle sur la glissière d’autoroute, puis il frappaient une femme avec une pelle”. Dans la salle, la scène résonne familièrement pour beaucoup… et pas vraiment pour ses connotations djihadistes. “Il semblerait que ce soit le film Bernie, d’Albert Dupontel”, décrypte Me Margot Pugliese, avocate de Miguel Martinez. "Evidemment si c’est Dupontel c’est pas une vidéo djihadiste", renchérit le premier assesseur. “Peut-être que le mot décapitation était un peu fort”, concède du bout des lèvres le beau-père de l’accusé. Mais l’avocate de la défense ne tient pas : “depuis cinq ans qu’il est en détention, souligne Me Margot Pugliese en désignant son client dans le box, à chaque audience de demande de remise en liberté, on lui a opposé cette vidéo de décapitation. Donc je ne sais pas quel était votre objectif, monsieur, mais si c’était qu’il reste en prison, en tous cas, ça a marché.

    #prison #justice #témoignage #racisme #détention_provisoire

    • "...il a supervisé le voyage de Michel Catino à Paris pour y récupérer un sac d’armes auprès d’Ali Riza Polat. Parce qu’il a, il le reconnaît aussi, ensuite pris ce sac en charge, jusque dans le camion d’Abdelaziz Abbad d’abord, puis dans une planque : “ça m’embêtait que ce soit moi qui les ai ramenées parce que c’était pas mes affaires. Mais au moins, je m’en débarrassais”. Et il retourne à son garage, cet établissement dont il dit sa fierté. “On vendait des pneus d’occasion. Je faisais des prix défiant toute concurrence. Il y avait des gens qui venaient de loin”. On en vient à un autre élément du dossier : la venue de Saïd Kouachi - “un rebeu avec le teint mat, les yeux clairs, le nez épaté et une grosse bouche comme il avait, c’est pas commun” - dans son garage. “Il est venu une fois, il m’avait posé une question de taille de pneus.”

      De quoi, malgré tout, caractériser une accusation d’"association de malfaiteurs à visée terroriste" et « détention d’armes ». Hors d’un tel contexte de massacre, un comparse aurait été condamné à un ou deux ans (enfin avec « visée terroriste », faute d’antécédents assez nombreux, on ne sait pas trop le tarif, forcément élevé) et serait sorti bien avant les 5 ans de préventive. Toutes les demandes de mise en liberté on été refusées en raison du témoignage faussement incriminant du beau-père (jamais mis en doute par la police).