Les violences policières dans le viseur de L(a)BD avec Amélie Mougey et Didier Fassin

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  • Les violences policières dans le viseur de L(a)BD avec Amélie Mougey et Didier Fassin
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    La comparaison des deux couvertures permet d’illustrer deux formes de violence policière aujourd’hui. La couverture de La Revue illustrée, qui montre cette violence physique qui s’exerce dans le cadre de l’ordre public ou le maintien de l’ordre et dont le film de David Dufresne donne des illustrations très fortes. Et puis il y a un deuxième type de violence, qui sont des violences beaucoup plus quotidiennes, qui relèvent de ce que l’on appelle dans le langage de la police, la « sécurité publique », et qui est appliquée presque exclusivement dans les quartiers populaires. Et dans l’entretien d’Assa Traoré dans La Revue Dessinée, elle dit « Mourir dans les rues de Paris ou en banlieue n’a pas la même valeur ». Sur la couverture de « La force de l’ordre », nous avons voulu montrer quelque chose de tout à fait ordinaire, où la violence ne s’exprime pas par les coups qui sont donnés, mais par l’imposition qui est faite sur un corps, un corps qui ne peut rien, qui est obligé de se laisser contrôler.
    Didier Fassin

    C’est avec cette phrase qu’on s’est accroché pour développer notre propos. Au fil des mois, on voyait une contradiction flagrante entre le discours officiel qui disait « Il n’y a pas de violences policières » et les reportages, les enquêtes notamment celles de Médiapart montrant à la fois les blessures, à la fois l’absence de suites des enquêtes du côté de l’IGPN. On trouvait important de faire la démonstration à partir de cette phrase, que si, il y avait des violences policières, alors il était nécessaire d’en parler et de les visibiliser à travers plusieurs histoires qu’on raconte en bande dessinée. (...) La force de la bande dessinée, elle est là, dans la sensibilité qu’elle peut apporter. Mais ce n’est pas uniquement un étalage de vies brisées, c’est aussi une volonté de décrypter et donner des clés de compréhension.
    Amélie Mougey

    Ce que le dessin permet de mieux restituer, c’est le décalage entre l’imaginaire policier d’un rythme effréné, d’une efficacité sans pareille des scènes d’actions dans les séries américaines, et puis il y a la réalité, avec le temps qui passe sans que rien ne se déroule. Et à la fin, vu que rien ne s’est passé, on va aller contrôler des identités, fouiller et brusquer un peu, insulter parfois des jeunes, systématiquement dans des cités. Ce qui veut dire qu’avec cette enquête ethno-graphique, on va s’intéresser à ces jeunes de milieux populaires et très souvent d’origines immigrées.
    Didier Fassin

    https://www.4revues.fr/la-revue-dessinee/250-hors-serie-violences-policieres.html
    #violences_policières #bande_dessinée