• Les faire taire - Ronan Farrow - Babelio
    https://www.babelio.com/livres/Farrow-Les-faire-taire/1171529

    En 2017, une simple enquête pour la chaîne de télévision NBC mène Ronan Farrow à une histoire dont on n’ose parler qu’à voix basse : un des producteurs les plus puissants de Hollywood serait un prédateur sexuel, protégé car il règne par la terreur et l’argent. Ainsi démarre l’affaire Harvey Weinstein.

    Alors que Ronan Farrow se rapproche de la vérité, des hommes de l’ombre issus de prestigieux cabinets d’avocats et de cellules d’espions montent une campagne d’intimidation, menacent sa carrière, le traquent sans relâche et instrumentalisent son passé familial. Au même moment, il est confronté au sein de sa chaîne à un degré de résistance incroyable, mais il a enclenché le mouvement : partout dans le monde des femmes se lèvent pour témoigner.

    Les faire taire c’est la voix de ces femmes qui ont tout risqué pour dire la vérité. Impressionnant travail d’investigation se lisant comme un thriller, Les faire taire nous invite dans les coulisses d’une enquête qui secoue notre époque.

    Dans ce document exceptionnel, Ronan Farrow, Prix Pulitzer 2018 pour son enquête sur Harvey Weinstein, dévoile les systèmes implacables mis en place par les prédateurs pour faire taire leurs victimes et retrace les différentes étapes de son impressionnant travail d’investigation.

    Très attendu, le livre paraîtra simultanément en France, aux États-Unis et dans de nombreux pays.

    #must_read franchement

    • Ce qu’apporte le bouquin de Farrow par rapport à ses articles, c’est déjà qu’on peut avoir toute l’enquête en français, et proprement (c’est bien traduit). Ce n’est pas rien. Ses « black cubes chronicles » sont, me semble-t-il, assez hallucinantes, pour les sad many que nous sommes (pas les happy few donc)

      https://www.newyorker.com/news/annals-of-espionage/the-black-cube-chronicles-the-private-investigators

      C’est-à-dire qu’il existe un usage généralisé, commun, répandu, pas uniquement pour des histoires de violences sexuelles, de services d’espionnages (anciens agents du Mossad en l’occurrence) par des gens qui en ont les moyens, contre d’autres qui ne les ont pas. Allen a, par exemple, usé des services d’une armée de détectives privés pour salir ses accusateurs-accusatrices... C’est genre, la norme dans le monde médiatico-politique-industriel-etc, cet usage de mercenaires semi-légaux...

      Sinon, plus connu, ces armées d’avocats dont les menaces absurdes et intenables devant un jury, ont pourtant fait taire énormément de gentes et de gens mal informé.es et peu ou mal entouré.es, en les forçant à signer des clauses de confidentialité dans des contrats parfaitement délirants. Clause de confidentialité ça veut dire un contrat qui t’interdit de raconter ce que tu as vécu, en échange de plus ou moins gros chèques. Si tu rompt ce contrat, on videra ton compte en banque, voir qu’on t’endettera pour cinq générations... Dans le doute, et face à des gens très puissant, après signature sous pression, genre les chutes du niagara sur les épaules, tout le monde s’est abstenu...

      Cependant, je suis assez étonné de ne pas avoir de sympathie pour le type (Ronan). Cet espèce de premier de la classe, surdoué, blondinet, propre sur lui, du bon côté de la force, à qui, tout de même, tout réussi, a un côté agaçant. En même temps, je me rends compte qu’il semble ne rien faire pour qu’on l’aime. Bien au contraire, il décrit de manière très directe son attitude déplorable avec sa sœur, à qui il demande de ne pas reprendre ses accusations contre Allen

      https://seenthis.net/messages/224179

      à un moment où elle en a besoin (et où elle est bien seule) et pas mal d’autres choses assez médiocres qui ne le rende pas particulièrement héroïque. Son histoire d’amour avec son johnathan est à peu près aussi excitante que des salsifis vapeurs. Ça doit être un choix, de ne pas trop se mettre en avant, par rapport aux victimes, évidemment. Et on peut se demander si on a encore besoin de héros...

      En tout cas, il ne dira jamais qu’il a fait des violences sexuelles « son » sujet pour venger sa soeur des abus de Allen, tout simplement parce que plein de gens ont essayé de retourner ça contre lui (« il est aveuglé par l’émotion etc. »). Mais aussi, et ça semble honnête, parce que ce truc lui a pourri toute son adolescence, tout en n’étant pas son problème, mais celui de sa sœur, et que lui, pendant des années, il aurait préféré passer à autre chose...

      Un des trucs, plus grave, qui m’a gêné dans le livre c’est ça :

      « En février 2018, Farrow publie dans The New Yorker une enquête dans laquelle il accuse le président Trump de monnayer le silence de jeunes femmes avec qui il aurait eu une liaison alors qu’il était déjà marié à Mélania Trump » (résumé WP)

      Dans le livre, on écrit qu’une femme mannequin (dont je n’ai pas le nom sous la main) a une relation, consentie, avec Trump. Il n’y a pas de viol ni d’agression ni rien, juste que Trump est un gros abruti et ça se termine six mois plus tard. Là, on dit à cette femme qu’elle pourrait se faire de l’argent avec cette histoire en la vendant à des tabloïds.Une collègue mannequin commence au même moment à raconter cette histoire sur les réseaux. La première concernée préfère que ça vienne d’elle et commence à chercher à vendre son truc. Trump (comme énormément de monde visiblement) va donc user de ces contrats à clause de confidentialité pour que l’histoire ne sorte pas dans la presse. C’est une illustration de ce système des clauses de confidentialité, où l’on voit que Trump est de mèche avec un grand groupe de tabloïd (Amercian Media Inc. Énorme machin hein) Ok. C’est pas joli joli. Mais ça donne l’horrible envie de dire que Trump fait quand même bien ce qu’il veut avec qui il veut, tant que tout les parties sont vraiment partantes, et que c’est pas parce que c’est un homme marié qu’il doit à tout le monde , la vérité sur sa vie sexuelle.

      Je ne sais pas trop comment poser le problème mais il y a un truc qui me gêne dans cette démarche de se faire de la thune en vendant un pseudo-scandal à des tabloïds. Pour moi , on touche vraiment au « moralisme ». Je comprends parfaitement que Farrow fasse appel à notre sens moral, et la plupart du temps, c’est justifié. Mais là, je ne sais plus... L’impression qu’il faudrait déjà définir ce que c’est que la morale (moi j’en suis resté nietzche et son renversement de valeur, où le faible devient le bon et le puissant, le méchant) et là, pas le temps.

      Bref, Ronan est journaliste, blond, quand même un peu winner, mais du genre salsifi austère et très factuel. Il croit aux scandales comme armes politiques et pour moi les scandales arrivent toujours trop tard.
      Mais pour ce coup là, je dirais qu’il gagne (et large) parce qu’il a bel et bien mis à jour tout un système et fait tomber pas uniquement Weinstein, mais aussi pas mal de ceux qui ont eut recours à ces contrats pour étouffer la parole de leur victimes (dans sa propre chaîne télé (NBC)Matt Lauer, présentateur vedette, Leslies Moonves de CBS, Eric Schneiderman, le procureur général de New-york, et avec ça, tout un tas de monde collatéral qui s’occupait de protéger ces sales mecs (le directeur du service news de NBC, Noah Oppenheim, couard parmis les couards, sort du livre avec un costume trois pièces))... Et les suites de son enquête c’est quand même #metoo, aux USA, où les têtes ont valsées presque bien comme il faut, même si (et ça, c’est flippant) c’est n’est toujours pas assez, hélas.

      J’ai du mal à ne pas célébrer au moins la justice rendues à des femmes qui ont pris cher de chez très très cher. En un sens, il n’a pas fallu grand chose, juste que les paroles de victimes soit enfin prises au sérieux. Au moment de la publication de son premier article sur HW, sa boîte mail et son téléphone explosent de messages de victimes prête à parler (il y a eut, je crois, une cinquantaine de femmes pour accuser Weinstein à son procès, c’est dire).
      C’est l’oasis qu’il a mis en place, avec la rédaction du new-yorker et une époque (plus ou moins) prête pour ça. Reste à voir ce que ça change pour le reste des mortel.le.s qui habitent le désert, ne signent pas de contrats à sept chiffres, mais sont pourtant silenciés chaque jour, tout les jours, par d’autre genre de blocages institutionalisés.

      #must_read lu, et quand même, ça vaut le détour. Je le garde un peu sous la main, voir si j’en ai besoin, mais je peux le faire tourner, il est encore à 20 balles sur amazob.

      Sur ce ce mossad personnel à dispo de ceux qui en ont les moyens :

      https://seenthis.net/messages/760734

      https://seenthis.net/messages/692358

      https://seenthis.net/messages/642810

      @rastapopoulos @touti @mad_meg @monolecte