• Deuxième vague : impréparation bis repetita ? - Tribune collective
    https://www.liberation.fr/debats/2020/10/26/deuxieme-vague-impreparation-bis-repetita_1803512

    Des soignants s’indignent des conditions dans lesquelles ils devront affronter la deuxième vague. Un nouveau Ségur de la santé est nécessaire pour remettre en cause la gestion comptable qui nuit depuis quarante ans au secteur de la santé.

    Deuxième vague : impréparation bis repetita ?
    Tribune. Nous voilà en plein dans la deuxième vague, nous nous apprêtons à jouer le remake de la précédente, peut-être en pire car personne ne pourra dire que nous ne savions pas. Ce n’est pas seulement le virus qui tue et fait souffrir, mais bien aussi la ligne Maginot d’un économisme imposé aux dispositifs de soins.

    La première vague a montré les défaillances des dirigeants face à la crise : masques, gel hydroalcoolique, surblouses, tests, traitements, injonctions contradictoires sur le confinement. Dès le début de la pandémie se sont succédé improvisations et faux pas de pouvoirs publics pris à contre-pied dans leur « régulation » de l’hôpital tandis que les télés se répandaient en « hommages » aux « héros en blouse blanche ».

    Pourtant, à la fin du confinement, nous constations une floraison de menaces de sanctions disciplinaires à l’encontre de soignants qui avaient affronté le Covid-19, parfois au péril de leur vie. Certains, à raison de leur mandat syndical, avaient légitimement exprimé des critiques et témoigné de la pénurie de matériel, unanimement constatée dans notre pays.

    « L’après » est au désenchantement car nous n’évitons pas l’amnésie institutionnelle… qui produit la même impréparation, ou presque.

    La stratégie de santé publique se résume au fiasco des tests de dépistage, une note salée, liée à la frénésie à tester, qui tenait davantage au respect d’une annonce politique de 700 000 tests par semaine que d’un intérêt sanitaire. Une course absurde au dépistage qui a encombré les laboratoires contraints par leur logistique à délivrer des résultats à 10 jours, rendant ces dépistages inefficaces et mettant en échec le triptyque « tester-tracer-isoler ».

    La deuxième vague montre quant à elle le mépris de nos classes dirigeantes. L’impréparation donne le vertige, l’amateurisme inquiète. Comme un gospel de la pénurie : nous n’avions pas de masques, ils étaient inutiles, nous n’avons pas assez de lits en réanimation, cela ne serait pas « la solution miracle » donc tout aussi inutiles… ou du moins ils ne constituaient pas une priorité nationale.

    Bon, neuf mois après l’alerte, on finira par voir une sortie des versions fragmentées de quelques vérités et exigences de base. Pour la troisième vague ?

    #crise_sanitaire #soignants #santé_publique