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  • Covid-19 : au printemps, chaque vie sauvée aurait « coûté » 6 millions d’euros
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/10/28/covid-19-au-printemps-chaque-vie-sauvee-aurait-coute-6-millions-d-euros_6057

    [Patrick Artus] a effectué des calculs éloignés du « politiquement correct » sur le « prix de la vie », induit par les mesures de restriction, soit le nombre de vies sauvées comparées à la perte de richesse nationale qu’elles provoquent.

    Démonstration : au printemps, les deux mois de confinement ont provoqué un plongeon de l’activité de 10 %. « Un mois de confinement strict coûte, à court terme, 5 points de produit intérieur brut (PIB) », détaille-t-il, évaluant le dommage à long terme à 2,5 points. S’appuyant sur les données des épidémiologistes, M. Artus estime le nombre de vies sauvées à environ 20 000 par mois. « Un point de PIB représentant 24 milliards d’euros, ça fait très cher la vie », résume-t-il, chiffrant celle-ci à environ 6 millions d’euros. Soit bien plus que l’estimation de la valeur ajoutée d’un travailleur tout au long de sa carrière. Calculée en retenant un salaire moyen de 22 000 euros par an, une « vie » produit ainsi de l’ordre de 1 million d’euros de richesse, explique M. Artus. Celle d’un jeune est mécaniquement plus chère, celle d’un retraité, bien moindre, voir nulle.

    Ne rien faire n’est pas une option

    Les économistes sont habitués à ces modélisations effrontées. Elles permettent par exemple d’évaluer l’intérêt de construire une autoroute ou de mettre en place une ligne de TGV au regard des vies qu’elles épargnent et, donc du PIB que continuent à produire les « survivants ». Au final, « une vie coûte six fois plus pour le Covid que pour les autoroutes », souligne M. Artus.

    Les dommages économiques du couvre-feu sont plus compliqués à évaluer, reconnaît l’économiste. Bruno Le Maire a fait état d’une facture de 2 milliards d’euros pour l’Etat, liée aux mesures mises en place (chômage partiel, fonds de garantie…) pour soutenir les entreprises et les ménages affectés par un couvre-feu étendu à 56 départements, pour six semaines.

    Pour le reste, les résultats de l’expérience menée en Guyane sont difficilement transposables en métropole, compte tenu d’une structure économique et sociale différente. M. Artus estime néanmoins qu’un couvre-feu appliqué à partir de 21 heures affecte 4 % à 5 % des emplois, et équivaudrait à un vingtième de confinement. Mais combien de vies sauvera-t-il ? Quel serait l’impact d’un confinement qui maintiendrait les écoles ouvertes, facilitant ainsi le travail des parents ? Quel sera l’effet de ces dispositifs sur le moral des ménages ? Des entreprises ? Mystère. Une chose est sûre : ne rien faire n’est pas une option, aucune immunité face à la maladie ne s’étant développée.

    A Bercy, différentes hypothèses (confinement strict, confinement gardant les écoles ouvertes, couvre-feu à 17 heures, 19 heures ou 22 heures…) sont analysées « au doigt mouillé », reconnaît un proche du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui refuse de dévoiler les estimations réalisées par les équipes du Trésor. Mais in fine « ce n’est pas l’argent qui permet d’aiguiller nos choix », jure-t-il. Soit.
    L’exécutif semble donc condamné à gouverner sans véritable boussole, tentant de colmater les brèches au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie et de l’examen de budgets rectificatifs. Ces mesures d’accompagnement et de soutien, ruineuses pour les finances publiques, sont saluées par M. Artus. Elles permettent de limiter les coûts « irréversibles » liés aux faillites d’entreprise et aux pertes d’emploi. Le coauteur de L’Economie post-covid (Fayard, 128 pages, 14 euros) n’en reste pas moins sévère sur la gestion actuelle de la crise, « dénuée de toute anticipation », selon lui. « L’Etat affirme qu’il faut attendre que la maladie soit là pour que les mesures soient acceptées, c’est de l’infantilisation !, tempête-t-il. (...)

    #crise-sanitaire #économie