« Je n’en peux plus d’expliquer aux malades qu’il n’y a plus de lits disponibles » : l’hôpital au bord de la rupture

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  • « Je n’en peux plus d’expliquer aux malades qu’il n’y a plus de lits disponibles » : l’hôpital au bord de la rupture - Elsa Fayner, Basta !
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    Alors que le pic de la seconde vague du Covid-19 n’est pas encore atteint, les signaux en provenance de l’#hôpital public sont alarmants : épuisés, découragés, meurtris, les personnels hospitaliers sont à la limite de la rupture. Du manque chronique de moyens en remise en question des motivations, leurs témoignages laissent augurer l’effondrement de tout un système.

    Avec le temps, le récit du « pic Covid », lors de la première vague de contaminations, prend des allures d’épisode cathartique. « Les médecins et les soignants avaient pris le pouvoir. Nous avons pu gérer les choses comme nous l’entendions », se souvient Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers SNPI CFE-CGC. Plus de réunions ni de projets « abscons », retient Guillaume [1], cadre aux urgences psychiatriques dans le Sud-Est. Matthieu a été marqué par « tous ces renforts » : « Il n’y a jamais eu autant de personnel dans le service », témoigne ce pneumologue, appelé pour l’épidémie dans un hôpital parisien. « J’ai eu un contrat en deux jours ! On nous a prêté un échographe cardiaque flambant neuf ! Du jamais vu... »

    Tous parlent d’une grande solidarité. Quand bien même ils peuvent dire aussi qu’ils étaient « soulagés » que « les personnels administratifs ne soient pas dans [leurs] pattes puisqu’ils télétravaillaient ». Et que des soignants qui ont fait tourner les autres services s’estiment oubliés malgré leur participation à l’effort commun. Enfin, le printemps n’a pas été que galvanisant. L’effet « nez-dans-le-guidon-sans-toucher-le-sol » a duré un moment. Et, finalement, la catharsis n’a pas eu lieu. La parenthèse s’est refermée, avant un hiver qui s’annonce très compliqué.

    Fin septembre, quand Paule Bourret, sociologue et coordinatrice d’un master destiné aux cadres de soin à l’Université de Montpellier, a revu la vingtaine de professionnels qui suivent cette formation continue, elle les a sentis « las, découragés ». En juin encore elle les trouvait seulement « fatigués mais satisfaits d’avoir repris la main, au plus près du terrain ». Infirmière à Belfort et secrétaire nationale de la Coordination nationale infirmière (CNI), Céline Durosay parle de « contre-coup » : « On se demande comment on a pu travailler dans ces conditions, avec toutes ces injonctions contradictoires, sans les protections nécessaires parce qu’elles n’existaient pas. Certaines expériences laissent d’importants traumatismes », raconte-t-elle, marquée par des récits glaçants.

    #soignants #santé_publique