Trump est prêt à mettre à mal la Démocratie pour se maintenir au Pouvoir

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  •  » Noam Chomsky : Trump est prêt à mettre à mal la Démocratie pour se maintenir au Pouvoir
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    C.J. Polychroniou : Noam, à un peu plus de deux semaines des élections nationales les plus importantes de l’histoire récente des États-Unis, la campagne de Trump continue de clamer le message de » la loi et l’ordre » – une tactique politique sur laquelle les dirigeants autoritaires ont toujours compté pour contrôler les peuples et renforcer leur main mise sur un pays – mais refuse d’accepter une » transmission apaisée du pouvoir » s’il perd face à Biden. Quelle est votre réflexion sur ces questions ?

    Noam Chomsky : L’appel à « la loi et l’ordre » est normal, pratiquement un réflexe. La menace de Trump de refuser le résultat de l’élection ne l’est pas. C’est quelque chose de nouveau dans des démocraties parlementaires stables.

    Le fait que cette éventualité soit même envisagée révèle à quel point le boulet de destruction de Trump a été efficace pour miner la démocratie traditionnelle. On peut se rappeler que Richard Nixon, qui n’est pas exactement respecté pour son intégrité, avait quelques raisons de suspecter que sa victoire aux élections de 1960 lui avait été volée grâce à des machinations du Parti démocrate. Il n’a pas contesté les résultats, plaçant le bien-être du pays au-dessus de ses ambitions personnelles.

    Al Gore en a fait de même en 2000. L’idée que Trump puisse placer quoi que ce soit au-dessus de ses ambitions personnelles – y compris le souci du bien-être du pays – est trop absurde pour qu’on en débatte.

    James Madison a dit un jour qu’on ne protège pas la liberté avec des « murailles de parchemin » – des mots sur un papier. L’ordre constitutionnel présuppose plutôt la bonne foi et un certain engagement, même limité, en faveur du bien commun. Lorsque c’est cela qui a disparu, nous sommes passés dans un monde sociopolitique différent.

    Les menaces de Trump sont prises très au sérieux, non seulement dans les commentaires détaillés des principaux médias et revues, mais aussi au sein même de l’armée – qui pourrait être obligée d’intervenir, comme dans les dictatures de pacotille qui sont le modèle de Trump. Un exemple frappant est la lettre ouverte adressée au plus haut officier militaire du pays, le chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley, par deux commandants militaires retraités très estimés, les lieutenants-colonels John Nagl et Paul Yingling. Ils mettent en garde Milley : « Le président des États-Unis cherche à dévoyer activement notre système électoral, menaçant de rester en fonction au mépris de notre Constitution. Dans quelques mois, vous aurez peut-être à choisir entre défier un président sans foi ni loi et trahir votre serment » celui qui vous engage à défendre la Constitution contre tous ses ennemis, « de l’intérieur et de l’extérieur. »

    L’ennemi d’aujourd’hui est à l’intérieur : un « président sans foi ni loi », poursuivent Nagl et Yingling, qui « mobilise une armée privée capable de contrecarrer non seulement la volonté de l’électorat mais aussi les mécanismes d’application de la loi ordinaire. Lorsque ces éléments entreront en conflit le 20 janvier 2021, l’armée américaine sera la seule institution capable de faire respecter notre ordre constitutionnel. »

    Les sénateurs républicains « réduits au statut de quémandeurs » ayant renoncé à toute once d’intégrité, le général Milley devrait être prêt à envoyer une brigade de la 82e division aéroportée pour disperser les « petits hommes verts » de Trump, conseillent Nagl et Yingling. « Si vous gardiez le silence, vous seriez complice d’un coup d’État. »

    Les menaces de Trump sont prises très au sérieux, non seulement dans les commentaires détaillés des principaux médias et revues, mais aussi au sein de l’armée.

    C’est difficile à croire, mais le simple fait que de telles réflexions puissent être énoncées par des voix sages et respectées, et qu’elles trouvent un écho dans le grand public, est une raison suffisante pour que nous soyons grandement préoccupés par les perspectives de la société américaine.

    Lorsque Trump a décidé de terroriser Portland, Oregon, il n’a pas envoyé l’armée, s’attendant probablement à ce qu’elle refuse de suivre ses ordres, comme cela vient de se passer à Washington D.C. Il a envoyé des paramilitaires, dont les plus redoutables d’entre eux appartenant à l’unité tactique BORTAC de la Patrouille frontalière, qui a pratiquement carte blanche avec les « damnés de la terre » comme cibles.

    Immédiatement après avoir exécuté les ordres de Trump à Portland, la BORTAC a repris ses passe-temps habituels, comme détruire un centre d’aide médicale rudimentaire dans le désert, où des volontaires tentent de fournir une aide médicale, ne serait-ce que de l’eau, à des gens désespérés qui, d’une façon ou d’une autre ont réussi à survivre.

    Ces gens là sont les professionnels de l’armée privée de Trump, renforcés par les milices armées qui défendent les théories de la suprématie blanche. Celles-là même que le FBI et le Département de la sécurité intérieure considère comme la principale menace intérieure aux États-Unis, et qui a fortement progressé pendant les années Trump, faisant passer les crimes liés au terrorisme de 20% en 2016 à près de 100 % en 2019.

    Le fait que nous ne soyons pas seuls est peut-être un peu réconfortant. D’autres grandes démocraties sont également en train de se délabrer, tombant également entre les mains de dirigeants ayant des tendances fascistes, voire même ayant cette idéologie. (...)

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    Source : Truthout Traduit par les lecteurs du site Les-Crises Alors qu’il est encore trop tôt pour prédire l’issue vraisemblable de l’élection présidentielle de novembre 2020, Donald Trump continue de prendre du retard dans les sondages nationaux, tout en se livrant à des manœuvres électorales malhonnêtes dans l’espoir de vaincre le challenger démocrate Joe Biden. […]