Pour vivre libres, sortons du bocal numérique
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À la fin du Quai de Wigan (1937) [1], George Orwell analyse l’assujettissement par la machine. Un monde où elle serait omniprésente aurait tué le travail créatif, atrophié les sens et détruit la volonté d’agir par soi-même. Il a cette formule saisissante : « L’aboutissement logique du progrès mécanique est de réduire l’être humain à quelque chose qui tiendrait du cerveau enfermé dans un bocal. »
On trouverait difficilement meilleure image pour décrire la situation créée par le capitalisme numérique. Nous vivons dans un monde où la plupart des métiers, des loisirs et des conversations se déroulent derrière des écrans. Les possibilités infinies offertes par le mouvement du corps et les cinq sens ont été remplacées par une sorte d’hypertrophie du cerveau exclusivement alimenté par la vue et l’ouïe. Chacun dans son bocal numérique. Notre expérience du monde glisse le long de ses parois de verre.