• Covid-19 : le taux de mortalité des patients en réanimation lors de la première vague a baissé
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/03/covid-19-la-mortalite-a-baisse-en-reanimation_6058305_3244.html

    Selon une étude menée au printemps sur plus de 4 200 malades, le taux de mortalité est passé de 42 % à 25 %. Ces cas graves sont surtout des hommes, souvent en surpoids. Un quart a moins de 54 ans. Par Sandrine Cabut

    Avec un recul de trois mois, presque sept malades sur dix passés en réanimation pour un Covid-19 (69 %) sont en vie, et le taux de mortalité a baissé de 42 % à 25 % au fil du temps. Alors que la deuxième vague de l’épidémie déferle en Europe, une étude principalement française, Covid-ICU (pour Intensive Care Unit), apporte des données précieuses sur les cas les plus sévères de la première vague, précisant le profil, la prise en charge et le pronostic de ces patients selon leurs facteurs de risque.

    Cette cohorte prospective a inclus 4 244 adultes présentant un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) lié à une infection à SARS-CoV-2, qui ont été admis en réanimation entre le 25 février et le 4 mai dans 138 hôpitaux, surtout en France, mais aussi en Belgique et en Suisse. Plus d’un patient sur deux (56 %) a été recruté en région Ile-de-France.

    Les résultats de cette série, inédite par l’ampleur de son effectif et la durée de suivi, sont accessibles en prépublication sur le site de la Société européenne de réanimation. Elles seront publiées prochainement dans la revue de cette société savante, Intensive Care Medicine.

    « Des Français moyens, “bons vivants” »

    Premier constat : il s’agit surtout d’hommes (dans 74 % des cas), dont l’âge moyen est de 63 ans. Les trois quarts sont en surpoids (41 % étant obèses), près d’un sur deux est hypertendu (48 %) et 28 % sont diabétiques. Seulement 7 % sont immunodéprimés, dans la moitié des cas dans un contexte de traitement par corticoïdes au long cours ; et ils ne sont que 4 % à être des fumeurs actifs. « Contrairement à l’image qui a pu être véhiculée, il ne s’agit pas de personnes extrêmement fragiles, mais plutôt de Français moyens, “bons vivants”. C’est un profil assez différent des patients avec une grippe sévère » , souligne le professeur Alexandre Demoule, président du conseil scientifique du Réseau européen de recherche en ventilation artificielle (REVA) qui chapeaute, avec l’AP-HP, le registre Covid-ICU. Le chef de service de réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, précise aussi que 25 % de ces malades ont moins de 54 ans.

    Deuxième constat : la plupart des patients de la cohorte (80 %) ont dû être intubés et ventilés par un respirateur pendant leur séjour en réanimation, dont près des deux tiers (63 %) dans les premières vingt-quatre heures. Les autres ont bénéficié d’une oxygénothérapie avec un débit parfois élevé (pouvant atteindre 40 à 50 litres/min) ou d’une technique d’assistance respiratoire non invasive.

    Pour disposer de données consolidées, les réanimateurs ont pris en compte la mortalité à quatre-vingt-dix jours (trois mois). « Il est important d’avoir un recul assez long, car au bout d’un mois on ne peut pas considérer que les survivants sont définitivement tirés d’affaire » , insiste le réanimateur Matthieu Schmidt, coordinateur de l’étude Covid-ICU. De fait, parmi les patients qui ont nécessité une ventilation mécanique pendant les vingt-quatre premières heures de la réanimation, le taux de mortalité était de 31 % à J28, et a grimpé à 37 % à J90.

    Globalement, le taux de mortalité à trois mois chez ces 4 244 patients est de 31 %. Il est donc plus faible que dans les séries américaines et britanniques (de l’ordre de 40 % à un mois) et chinoises (mortalité à un mois supérieure à 50 %).

    Mener des études complémentaires

    Surtout, ce pronostic vital a nettement évolué entre le début et la fin de l’étude, passant de 42 % à 25 %. Parallèlement, la proportion de malades intubés et ventilés a diminué, tandis que celle des ventilations non invasives augmentait. Peut-on attribuer ce meilleur pronostic à l’optimisation de la prise en charge en réanimation ou à des formes moins sévères à la fin de la première vague ? « Pour l’instant, il faut rester prudent sur l’interprétation de la baisse de mortalité, car nous n’avons pas encore comparé les caractéristiques des patients dans les différentes périodes de l’étude » , tempère le docteur Schmidt.

    Selon lui, l’un des résultats les plus frappants de cette étude tient dans les particularités des syndromes de détresse respiratoire aiguë (SDRA) dus au Covid-19. « Comparées à ce que l’on sait des SDRA d’autres origines, nos données montrent un pronostic similaire en termes de mortalité. Mais la durée de séjour en réanimation est bien plus longue en cas de Covid : vingt et un jours en moyenne, contre onze dans les autres SDRA, explique le réanimateur. C’est un facteur d’engorgement des services, qu’il faut prendre en compte dans la planification. »

    L’analyse de la cohorte Covid-ICU a permis aussi de mieux identifier les principaux facteurs de risque associés à un mauvais pronostic – de façon indépendante les uns des autres : âge, obésité, diabète, immunodépression, atteinte rénale, temps court entre le début des symptômes et l’admission en réanimation. L’hypertension artérielle n’est en revanche pas apparue à elle seule, de manière indépendante, comme un facteur de mortalité.

    Les réanimateurs sont loin d’avoir fini d’exploiter toutes les informations concernant ces patients. « Il y a là une masse de données considérable qui va nous permettre de mener des études complémentaires » , précise le professeur Demoule. Aucune nouvelle inclusion n’est prévue, faute de moyens financiers et humains pour gérer la cohorte. Mais Matthieu Schmidt et Alexandre Demoule l’assurent : les patients atteints du Covid-19 qui arrivent aujourd’hui dans les réanimations ont exactement le même profil que ceux de la première vague.

    #réanimation #hôpital #covid-19

    • Hum. J’avais graissé ce passage avant de ne pas. Il est de suite relativisé par la suite (alors qu’il y a un rajeunissement des hospitalisations ? légitimisme incroyable des toubibs, des professionnels), me disant, ah oui, comprendre c’est déjà excuser.
      C’est à l’image de l’interdiction de filmer la police, fréquement pratiquée et sans doute bientôt imposée par la loi de sécurité globale. L’action publique se doit d’être clandestine. Toute question publique (le « secret des affaires », mon dossier pôle emploi, etc) doit faire l’objet d’un culte de l’ignorance.

      #obscurantismepartout

    • « Un monde à part » : comment fonctionnent les services de réanimation
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/11/03/un-monde-a-part-comment-fonctionnent-les-services-de-reanimation_6058374_435

      Le niveau de ventilation artificielle administré dépend surtout du manque d’oxygène dans le corps, que l’on détermine par un indicateur : le rapport P/F, qui est la fraction de l’oxygène des poumons réellement transportée dans le sang. Plus cette fraction est faible et plus les réanimateurs devront ventiler le patient, jusqu’à recourir à l’intubation, une méthode lourde, associée à une incidence élevée de complications (de 20 à 50 %) pouvant menacer le pronostic vital.

      Les patients sous ventilation non invasive restent conscients tout au long de leur séjour. Ils sont soulagés par des antalgiques légers mais souffrent tout de même de gêne respiratoire et d’anxiété liée à leur présence dans un service réservé aux cas sévères.

      Lorsqu’un patient est intubé, en revanche, il est placé sous anesthésie générale et devra le rester le temps de l’intubation. Il est aussi mis sous analgésiques (antidouleurs) et « curarisé » : on lui administre des curares, une substance d’origine végétale qui provoque une grande détente musculaire pour faciliter à la fois le passage de la sonde d’intubation et la respiration. Durant cette période, le patient est placé sur le ventre pendant environ seize heures (on parle de décubitus ventral, cela permet d’améliorer la respiration) et massé régulièrement pour éviter les ecchymoses. Il est hydraté par voie veineuse et alimenté soit avec une sonde gastrique, soit également par voie veineuse : les nutriments sont alors directement injectés dans le sang.

      La période d’intubation est généralement très éprouvante pour le corps et provoque une perte significative de masse musculaire dès la première semaine. Selon la durée, de une à quatre semaines, voire plus, les patients ressortent durablement affaiblis. Il faut réapprendre à déglutir, à respirer, à mobiliser ses muscles, à manger. Les complications pulmonaires ou cardiaques sont fréquentes. Les patients mettent six à douze mois pour se remettre d’un tel choc, souvent plus.

  • Non mais, ils font exprès, ou bien ?
    #guignols

    Covid-19 : Matignon dément l’instauration du couvre-feu à Paris annoncé ce matin par le porte-parole du gouvernement
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/03/covid-19-un-couvre-feu-va-durcir-le-confinement-a-paris-et-peut-etre-en-ile-

    Publié aujourd’hui à 09h13, mis à jour à 10h58
    comme l’indique l’url initial ci-dessus, le titre original était affirmatif :
    Covid-19 : un couvre-feu va durcir le confinement à Paris et peut-être en Île-de-France annonce le gouvernement

    Gabriel Attal avait annoncé mardi matin un couvre-feu à 21 heures à Paris et « peut-être en Ile-de-France ». Selon Matignon, si une fermeture nocturne des commerces a bien été évoquée, elle n’a pas été tranchée et « une décision sera prise dans les prochains jours ».

    Gabriel Attal a visiblement parlé trop vite. Alors que le porte-parole du gouvernement a annoncé mardi 3 novembre matin, sur BFM-TV et RMC, qu’un couvre-feu allait être rétabli à Paris, le gouvernement, ainsi que la Préfecture de police de Paris, ont aussitôt démenti cette annonce auprès du Monde.

    « Au regard de ces situations, nous allons réinstaurer un couvre-feu sur Paris et peut-être l’Ile-de-France (…), à 21 heures je crois », afin de s’assurer que les mesures de limitation des déplacements soient bien respectées, avait annoncé mardi matin le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, en précisant que le ministère de l’intérieur détaillerait les conditions dans un arrêté à paraître « dans la journée ». Il avait en outre souligné que 100 000 contrôles avaient donné lieu à 14 000 verbalisations en France depuis le début du confinement.

    Dans la foulée de cette annonce, Matignon a démenti auprès du Monde que cette mesure ait été actée :
    « Cette décision n’est absolument pas décidée à ce stade. Le préfet de police a évoqué cette mesure au regard de certaines situations observées en soirée à Paris. Elle consiste à fixer une heure nocturne de fermeture des commerces autorisés à fonctionner. Cette mesure va être concertée avec la municipalité parisienne par la préfecture mais n’est pas décidée à ce stade. Une décision sera prise dans les prochains jours. »