Fatima Ouassak : “Depuis les gilets jaunes, je passe mon temps à dire “mais si, il y a moyen de lutter ensemble !”, et je vois que ça marche”, Deuxième partie

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  • Fatima Ouassak : “Depuis les gilets jaunes, je passe mon temps à dire “mais si, il y a moyen de lutter ensemble !”, et je vois que ça marche”
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    Pour Fatima Ouassak, la cofondatrice du “Front des mères” (premier syndicat de parents d’élèves des quartiers populaires), le lieu de notre rencontre pour réaliser cet entretien semble être une évidence. Il s’agit de la petite ville de Bagnolet où elle réside dans le 93 en région parisienne, un territoire de luttes historiques et d’immigration composé d’avenues et de places au noms de révolutionnaires passés : Marx, Angela Davis… La place Nelson Mandela, où nous nous retrouvons dans un café, se révèle être le lieu de rencontre des bagnoletais pour “refaire le monde” et le “bilan d’une grève”, sans oublier de déjouer les “traquenards de périodes électorales”… Le premier ouvrage de Fatima, La Puissance des mères : Pour un nouveau sujet révolutionnaire, l’un des livres les plus enthousiasmants et percutants de (...)

    • C’est le problème de ces opérations « clean challenge » dans les quartiers : il n’y a pas de remise en question des inégalités en termes de service public, avec aussi un propos extrêmement hygiéniste, sur la nécessité d’être propre, et ce préjugé selon lequel les noirs et les arabes ne sont pas propres, qu’il faut leur apprendre à l’être. Une conception de l’écologie pour le moins bas de plafond. Ce qu’on a envie de leur demander surtout, c’est « comment vous osez demander à nos enfants d’aller nettoyer ? Vos enfants à vous, ils n’ont pas à nettoyer leur quartier ! ». En plus c’est conditionné : souvent ces projets sont gérés par des centres sociaux, et parce que tu vas nettoyer tu vas pouvoir partir à la plage, à Deauville, etc. Alors que les autres enfants n’ont pas besoin de nettoyer pour partir en vacances ! Il faut travailler pour mériter – aux yeux de la collectivité – de partir en vacances.

      Ceci n’est pas nouveau. Dans les quartiers populaires, on conditionne la citoyenneté à l’effort d’intégration. Dès les années 1980-90, il y avait les projets ski, où on conditionnait le fait de partir à plein d’activités : tu devais vendre des trucs, faire du porte à porte, alors que tu as 12 ans, tu n’es pas sensé travailler ..! C’est pourquoi je trouve que ces projets clean-challenge participent d’une écologie coloniale, de gentrificateurs qui viennent dans les quartiers avec des représentations racistes et hygiénistes. Une écologie de classe qui ne pose pas la question de l’égalité. On pourrait avoir un programme écologiste qui porte sur la ségrégation socio-spatiale et les inégalités d’accès aux services publics, mais ces questions ne sont jamais abordées.

      #écologie_coloniale