la « success story » du couple fondateur du laboratoire allemand BioNTech

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  • Vaccin anti-Covid : la « success story » du couple fondateur du laboratoire allemand BioNTech
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/15/vaccin-anti-covid-la-success-story-du-couple-fondateur-du-laboratoire-allema

    « De fils de travailleurs étrangers à sauveurs du monde », a titré le Rheinische Post. « Des enfants d’immigrés devenus multimilliardaires », a écrit de son côté le Tagesspiegel. Depuis le début de la semaine, tous les journaux allemands racontent la même success story. Lui, d’abord, né en 1965 à Iskenderun, sur la côte méditerranéenne de la Turquie, arrivé en Allemagne à l’âge de 4 ans avec son père, ouvrier chez Ford à Cologne. Elle, ensuite, de deux ans sa cadette, fille d’un chirurgien né à Istanbul et ayant immigré lui aussi en Allemagne, dans la petite ville de Lastrup, en Basse-Saxe.
    Mariés depuis 2002, parents d’une fille née quatre ans plus tard, les deux jeunes médecins, passionnés d’immunothérapie, ont fondé une première entreprise de biotechnologie en 2001, baptisée Ganymed, qu’ils revendront en 2016. Entre-temps, leur seconde société, BioNTech, verra le jour en 2008. Elle compte aujourd’hui 1 500 salariés. Leurs patrons sont aujourd’hui classés parmi les 100 personnes les plus riches d’Allemagne.
    Après vingt années à travailler sur le cancer, Ugur Sahin, Ozlem Türeci et leurs équipes n’imaginaient évidemment pas que leur nouveau projet de recherche, lancé en janvier en vue de développer un vaccin contre le nouveau coronavirus et baptisé du nom de code « Vitesse de la lumière », porterait aussi bien son nom, au vu des résultats extrêmement prometteurs annoncés, lundi, au cours de la troisième phase d’essai clinique de ce vaccin basé sur la technologie nouvelle de l’ARN messager.
    Salués, d’un côté, comme des « immigrés modèles », visages d’une intégration exemplaire, Ugur Sahin et Ozlem Türeci font également l’objet, depuis le début de la semaine, de vives attaques de certains réseaux d’extrême droite, qui trouvent en eux des cibles idéales leur permettant de lier discours xénophobes et critique radicale des laboratoires pharmaceutiques dans une rhétorique qui flirte volontiers avec le complotisme. A l’instar d’Attila Hildmann, militant végan devenu l’un des leaders du mouvement antimasque en Allemagne, qui a accusé les deux fondateurs de BioNTech d’être à la manœuvre pour « mettre à bas toute la civilisation »…Confiant dans l’efficacité de son vaccin, convaincu qu’il pourra « terrasser le virus » et contribuer à mettre fin à l’épidémie de Covid-19, Ugur Sahin ne semble pas prêt, en tout cas, à jouer les porte-parole de qui que ce soit ni à se laisser enfermer dans un rôle que d’autres voudraient lui assigner, ainsi qu’il s’en est confié au Guardian, jeudi 12 novembre : « Je ne suis pas sûr d’avoir envie de cela. Je pense que nous avons besoin avant tout d’une vision globale qui donne à chacun sa chance. L’intelligence est partagée à égalité entre tous les groupes ethniques, c’est ce que montrent toutes les études. Le hasard a fait que j’ai des origines étrangères. Mais je pourrais tout autant être allemand qu’espagnol. »

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