Reconfiner ou pas ? Le dilemme du Kenya face à la deuxième vague de Covid-19

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  • Reconfiner ou pas ? Le dilemme du Kenya face à la deuxième vague de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/16/reconfiner-ou-pas-le-dilemme-du-kenya-face-a-la-deuxieme-vague-de-covid-19_6

    Un nouveau confinement – même partiel –, une nouvelle fermeture des commerces et des frontières, une mise à l’isolement des grandes villes les plus affectées ? Les Kényans ne veulent pas en entendre parler. Pourtant, le pays fait déjà face à une nouvelle vague de propagation du coronavirus, à peine quelques semaines après le début du retour progressif à la normale.
    La moyenne quotidienne des contaminations oscille officiellement entre 700 et 1 000 et un nouveau pic a été atteint le 5 novembre, avec 1 494 nouveaux cas, un record national depuis le début de la pandémie. Une explosion des cas qui a suivi la réouverture des bars, l’autorisation de vendre de nouveau de l’alcool dans les restaurants, le recul du couvre-feu à 23 heures… Tombé de 13 % en juin à 4 % en septembre, le taux de positivité au Covid-19 vient de rebondir, atteignant pour la première fois 16 %.« Je ne peux pas me permettre de fermer mon bar comme la dernière fois. Si c’est le cas, nous allons tous devenir des cambrioleurs pour avoir à manger », jure Joseph*, qui tient un boui-boui dans la petite ville de Naivasha, non loin de Nairobi. « Nous avons facilement obéi au départ, parce que nous avions peur de mourir. Le Covid-19 était un virus inconnu qui tuait tout sur son passage, en Europe et en Amérique. Nous craignions le pire en Afrique, mais nous avons vu que ce n’était pas le cas ici », défend le cabaretier, qui doit désormais fermer son bar à 21 heures pour se plier aux nouvelles directives.Joseph n’est pas seul à chercher comment joindre les deux bouts. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) fait état d’environ 1,7 million de Kényans vivant en zone urbaine et actuellement confrontés à l’insécurité alimentaire. Le résultat d’une augmentation du prix des denrées, d’une diminution des revenus ou de la perte d’un emploi, autant de conséquences économiques directes du Covid-19.La situation dans les hôpitaux n’a jamais aussi été alarmante. « Nous sommes débordés, il n’y a plus de places à l’isolement, témoigne un médecin de l’hôpital de district de Naivasha. Avoir les symptômes du Covid-19 ne suffit plus pour être reçu et il faut être visiblement malade ne fût-ce que pour avoir droit à un test. Une partie du personnel soignant est positif. Nous n’avions jamais vu une chose pareille depuis le début de la pandémie. » Les données officielles évoquent un taux d’occupation allant jusqu’à 140 % dans différents établissements sanitaires.
    Le dilemme se pose jusqu’au sommet de l’Etat. « Mon gouvernement désire ouvrir le pays et le garder ouvert », a souligné le président Uhuru Kenyatta dans son discours à la nation, le 4 novembre, évoquant tout de même « la possibilité de nouvelles mesures de confinement visant les régions les plus affectées », Nairobi et Mombasa étant les villes les plus touchées. Ces deux métropoles, totalement isolées jusque début juillet, totalisent à elles seules plus de 26 % du PIB kényan, d’après les données de la Banque mondiale de 2017.

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