• Thread by PortalezRegis on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1329342608104173571.html

    Ne pas avoir peur des mots : dictature. Depuis le 14 juillet 2019 ma bio n’a pas changé : nous sommes en dictature. On me dit toujours que non, que ça dérive, que pas encore, que c’est un régime illiberal, etc. Je vais défendre mon point de vue. Thread
    Alors évidemment si par dictature on entend Staline ou Hitler on n’y est pas. Par dictature j’entends l’absence de contre pouvoir et la concentration de tous les pouvoirs aux mains d’un groupe d’intérêts.
    Les trois pouvoirs identifiables : politique, presse et argent ont fusionné au profit du dernier. Au sein pouvoir politique, théoriquement éclaté en trois, législatif, exécutif et judiciaire on a du mal à voir les frontières.
    Depuis le quinquennat, le pouvoir législatif a été absorbé par l’exécutif (les 300 députés #playmobils, mais aussi l’opposition de façade des LR, nous le confirment). L’opposition est réduite à l’état groupusculaire et n’enregistre que des succès d’estime.
    Le judiciaire conserve sa marge d’indépendance tant que son action ne contrarie pas le monarque. Aux ordres, ils ont fait passer des milliers de gilets jaunes sans antécédents judiciaires en procédure accélérée et multiplié les mises sous écrou.
    De temps en temps, il y a une affaire, mais elle concerne toujours des sous-fifres (dussopt, rugy...) ou des vieux de l’ancien monde (balkany, balladur, sarkozy...) qui s’en sortent toujours.
    Il faut bien faire tenir la république, et remuer les masses ne serait pas bien bon pour ça, ni pour avoir des promotions, il vaut mieux servir.
    Les médias ont été littéralement achetés par l’argent, et on peut dire qu’il n’en reste pas lourd de leur supposé quatrième pouvoir. Ça relaie castaner quand il ment ouvertement, et puis de temps en temps, le fact checking fait le boulot sous la pression populaire, trop tard...
    Il reste là aussi des groupuscules, qui restent tolérés tant que l’audience reste restreinte. Le diplo est de loin le plus gros d’entre eux, mais si sa diffusion augmente, ça ne me surprendrait pas de voir une perquisition chez Halimi.
    Le pouvoir de l’argent, quant à lui, était historiquement divisé. Le pouvoir savait jouer de ces concurrences entre oligarques, en s’attachant l’un pour contrer tel autre. Depuis les années 80, avec la désindustrialisation et la tertiarisation à marche forcée,
    les intérêts de l’argent sont tous passés sous contrôle financier. L’industrie contre les marchands, c’est fini. Ils ont tous les mêmes intérêts, financiers. Et le pouvoir politique, qui ne peut plus jouer les uns contre les autres, joue avec eux.
    Depuis 2017, ils sont entrés à l’Élysée, ce qui simplifie les règles du jeu. Au final se dresse le tableau d’une France entièrement dominée par les intérêts de l’argent (y compris au travers des institutions supranationales construites pour les protéger : UE en tête).
    En dessous, ça s’agite, ça joue à la démocratie, mais il n’en reste plus que le nom et les apparences. Comme quand ruffin amène sa fille à l’assemblée et qu’elle remarque le lustre : c’est ça finalement les institutions qui restent, du lustre.
    Quand il n’y a plus de contre pouvoir, c’est la dictature. Tout le monde le sait, ou le ressent, et depuis 2 ans, les choses s’accélèrent salement. Les institutions en perdent leur légitimité, alors ce qu’ils ne tiennent plus par le consentement, ils le tiennent par la force
    Mais la force arrive en retard par rapport à l’établissement habituel d’une dictature. Celle ci s’est installée à l’envers, sans milices, sans coup d’état armé (encore que 2005...). Mais les pouvoirs (fusionnés), vont de plus en plus y avoir recours, à mesure
    que leur légitimité va s’effondrer (la crise économique à venir ne va pas aider). Et elle le fera de plus en plus vite. Bref, d’une dictature qui ne dit pas son nom (et dont tous les acteurs croient sincèrement qu’elle n’existe pas),
    on risque bien de passer à une dictature qui dira son nom. Elle sera encore parée de tous les atours de la démocratie et de la république, mais les citoyens n’y auront plus aucun pouvoir (ils en ont déjà bien peu).