Karine Lacombe, infectiologue : « Mon métier me porte, me nourrit, m’enthousiasme, m’envahit »
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La crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 a bouleversé le quotidien de Karine Lacombe, infectiologue et chef de service à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Elle le raconte dans une BD autobiographique, La Médecin (dont on trouvera la critique ici), qui nous entraîne dans les coulisses d’un hôpital pris dans une incroyable tempête.
… si je n’étais pas issue d’une famille très modeste marquée par la migration : le voyage, le mouvement, la volonté d’aller de l’avant, de ne pas s’arrêter, d’avancer coûte que coûte. Côté maternel, c’est la figure de mon grand-père qui a été prégnante : républicain espagnol, il s’est battu pendant la guerre civile, puis a traversé à pied toute l’Espagne pour fuir le franquisme et gagner la France, a été interné de longs mois dans le camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) avant de remonter, toujours à pied, vers la Normandie et d’y trouver du travail, en 1940, comme commis agricole puisque les hommes français étaient partis à la guerre. Il n’a jamais revu ses parents vivants et n’était que douleur. Je le revois au bout de la table, baragouinant le français et s’emportant parce que personne ne le comprenait. Ni ma grand-mère, ancienne bonne à tout faire, placée à 14 ans ; ni ses six enfants à qui il avait interdit d’apprendre l’espagnol. En aucune façon ils ne devaient avoir des réflexes d’immigrés dans leur pays de naissance, même si on les qualifiait d’« espingouins » à l’école.
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